1946

Généralités :

Depuis 1945, HCM et le Vietminh dominent plus ou moins la situation au Tonkin. HCM, en tant que président, doit faire face à de nombreuses difficultés : présence des Japonais puis des Chinois et des Français avec lesquels il faut négocier et donc renoncer, au moins temporairement, au mot « Doc lap » (indépendance) ; opposition nationaliste soutenue par les Chinois (V.N.Q.D.D., Dong Minh Hoi) qui accuse le président de la jeune R.D.V.N. d’avoir trahi la cause de l’indépendance en négociant ; une situation insurrectionnelle qu’il maîtrise plus ou moins, avec des débordements dans tous les camps. HCM est obligé de composer et de temporiser, ce qui lui vaut par certains le qualificatif de Viet Gian (traître vietnamien), y compris dans son propre parti (dont certains anciens membres du P.C.I.). Il joue une politique réaliste faite de « paliers successifs » (Sainteny, 1970, p. 79).


Depuis septembre 1945, la Cochinchine est plongée dans une situation plus que chaotique et insurrectionnelle du fait de l’action conjointe du VM (Nguyen Binh), de groupes nationalistes ou de sectes qui s’unissent (non sans dissensions et accrochages) pour combattre les Français qui ont choisi de faire un retour en force avec leur corps expéditionnaire. Toutes les formes du terrorisme sont monnaie courante (voir septembre 1945). Ce terrorisme devient une forme de combat visant à miner une autorité coloniale française qui s’efforce d’ailleurs de plus ou moins le dissimuler aux autorités métropolitaines. C’est aussi une arme psychologique du VM visant à miner le moral du corps expéditionnaire et des colons par son aspect insaisissable, tout comme les grèves et sabotages. Si trêves il y a, elles viennent de demandes d’Hanoi en négociation avec les Français. D’Argenlieu et son administration colonialiste s’enferrent dans un formel gouvernement provisoire de la République autonome de Cochinchine, peu représentatif des aspirations locales et bien incapable, par sa modération, de répondre au climat de violence qui s’est installé.


La France souffre d’une permanente instabilité gouvernementale qui nuit à une politique cohérente en Indochine : 4 gouvernements entre le départ de De Gaulle le 21 novembre 1945 et celui de Léon Blum qui quitte les affaires le 22 janvier 1947. Éloignés, mal informés des réalités, conscients aussi que la question de l’Indochine est peu suivie en France, les gouvernements successifs (très provisoires…) ne parviennent pas à prendre les bonnes décisions. On agit de manière très et trop éloignée. En laissant les autorités coloniales décider sur place (voir les accords du 6 mars 1946 et les deux conférences de Dalat) mais aussi en tergiversant ou en voulant ressusciter un monde révolu qui n’a plus lieu d’être (voir la conférence Fontainebleau).


Selon les Mémoires de Salan, « la France s’intéresse peu à l’Indochine… elle vient d’être libérée, panse ses blessures, bouleversée sur le plan intérieur, par des haines politiques. Elle doit reconstruire ses ponts et la plupart de ses cités que les bombardements ont démolis. Nous ne pouvons pas compter sur une aide substantielle… nous l’avons bien vu du reste sur le plan de nos transports maritimes, car nos troupes, en majorité, sont venues à bord de bateaux anglais. Ne pouvant pas nous permettre une reconquête par les armes, nous devons user de souplesse dans nos tractations si nous voulons rester en Indochine. » (Salan 1, 1970, p. 338)


Les forces militaires du VM avoisinent les 30 000 hommes. Les unités constituées calquent l’organisation française (divisions, régiments, bataillons, compagnies, sections). 35 régiments sont constitués. L’armement provient de dons japonais et des anciennes unités françaises : 35 000 fusils et un millier de fusils mitrailleurs, quelques canons de 75 sans recul japonais (Toinet, 1998, p. 81).


Voici les évènements marquants de l'année 1946 :

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