Généralités :

Effectifs engagés au 1er janvier :


Américains : 530 000 Américains sont présents au S-V et en Thaïlande, toutes armes confondues.

S-V : 820 000 hommes.

N-V – VC : 240 000 hommes (Burns Sigler, 1992, p. 86).


Selon Portes, il y a 475 200 soldats américains au Sud-Vietnam en 1969 (Portes, 2008, p. 228). Le budget militaire pour l’année fiscale s’élève à 28,2 milliards de dollars. Pour les S-V, le nombre de soldats et les dépenses peuvent être allégés en limitant le personnel de soutien (voir 21 juillet 1967), en réduisant l’utilisation massive des bombardements aériens aveugles (« bombardements par saturation » des B-52 dont le coût s’élève à 2,5 milliards de dollars par an), la défoliation (176 millions de dollars par an), l’utilisation intensive de l’artillerie et le spraying by fire (arrosage par le feu) que pratiquent la plupart des troupes américaines (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 244).


Mise en place progressive par les Américains de la « diplomatie triangulaire » (linkage strategy, stratégie de rattachement) entre les États-Unis, la Chine et l’Union soviétique pour les années à venir : elle est pressentie par les U.S.A., son futur président (voir 16 septembre 1968) et Kissinger comme un moyen de sortir du « bourbier » vietnamien la tête haute, sans perdre la face. La stratégie consiste à lier la guerre du Vietnam aux négociations de désarmement et de pacification tant avec les Russes qu’avec les Chinois, sachant qu’à cette époque les relations entre les deux pays communistes sont proches d’un conflit armé. Or jusque-là, les Soviétiques n’ont montré que peu d’intérêt pour le Vietnam. La mise en place d’un Back Channel (moyen de communication non officiel entre deux nations) entre les Américains (Kissinger) et les Russes (Anatoly Dobrynine, ambassadeur soviétique à Washington) dès 1969 change la donne : Nixon veut mettre fin au conflit avec l’aide des Soviétiques puis des Chinois qui commencent à ne plus être considérés comme des ennemis absolument irréductibles.

L’influence de l’U.R.S.S. ne sera que graduelle. Dans un premier temps, les Soviétiques jouent le rôle d’une « boîte aux lettres » entre Washington et Hanoi. Mais avec le temps le rôle de l’U.R.S.S. s’affirme, en échange de promesses américaines visant la détente entre les deux pays. La concurrence entre Russes et Chinois montrera également que ce pari américain ne sera pas toujours productif et deviendra même souvent contreproductif. Les ennemis communistes ayant tendance à fournir encore plus d’armement aux N-V (Hanhimäki, 2008, p. 62-63).

De plus, le linkage cher à Kissinger fonctionne mal : Russes et Chinois se disent incapables de faire pression sur Hanoi et n’ont d’ailleurs aucune raison de le faire. C’est ce que rappellera d’ailleurs l’ambassadeur russe à Washington, Alexandre Dobrynine, à ses interlocuteurs : « Si l’Union soviétique recommande les négociations, elle ne menacera jamais d’interrompre l’acheminement des fournitures […] L’Union soviétique ne peut pas se permettre d’apparaître dans une réunion communiste et de se faire accuser d’avoir affaibli un pays socialiste ami. Par ailleurs, l’Union soviétique n’a aucun intérêt stratégique en Asie du Sud-Est. » (cité in Portes, 2016, p. 42)

Pour les N-V une seule chose compte : la réunification du Vietnam. Et cette volonté primera toujours sur leurs relations diplomatiques tant avec l’U.R.S.S. qu’avec la Chine, y compris lorsque ces deux pays communistes tenteront d’infléchir leur intransigeance. Au final, selon Portes : « […] la guerre du Vietnam est devenue une nuisance  pour chacun des grands camps qui se partage le monde, cela ne la rend pas plus facile à résoudre en raison des engagements internationaux et de la posture de chacun. » (Portes, 2016, p. 43)


Les relations entre l’U.R.S.S. et la Chine, soutenant toutes deux les N-V, se dégradent sur la question du « révisionnisme » soviétique et atteignent leur acmé en 1969. Brejnev envoie des forces armées à la frontière nord-ouest de la Chine. Des escarmouches ont lieu à la frontière sino-soviétique en mars, allant jusqu’à occasionner le 13 août la mort de 30 soldats chinois dans une zone litigieuse (Marangé, 2012, p. 337). Il y a plus que jamais de profondes divisions au sein du monde communiste que les États-Unis tentent d’exploiter à leur profit. Nixon attend l’opportunité du conflit sino-soviétique de mars 1969 pour tenter d’affaiblir les exigences du N-V. Il adopte une approche globale concernant le Vietnam, voulant sortir son pays du « bourbier ».

Avec Kissinger, il étudie le problème sur la base d’un équilibre international. Son objectif est d’éviter que le désengagement américain ne prenne l’aspect d’un retrait précipité à l’effet calamiteux tant pour les « amis » que les « ennemis » des U.S.A.

La position chinoise est pour l’instant particulièrement intransigeante. Li Xinnian, membre du Politburo du P.C.C., conseille aux dirigeants n-v de moins compter sur les négociations que sur le combat, imitant en cela le modèle chinois d’avant 1949. Russes et Chinois se livrent à une concurrence agressive pour peser en faveur de la poursuite du combat contre les Américains (Hanhimäki, 2008, p. 60).


Nixon hérite d’un budget fédéral en déficit. 30 milliards de dollars sont prévus pour les dépenses militaires de l’année 1969 (Kissinger 1, 1979, p. 245). La vietnamisation du conflit n’est pas source d’économie, loin s’en faut. Entre 1969 et 1972, l’armée s-v reçoit un million d’armes légères, 46 000 véhicules de toutes sortes, 1 100 avions et hélicoptères et 12 000 officiers sont formés aux États-Unis.


Selon Kissinger, 31 000 soldats américains sont morts depuis 1961 et 90 000 chez les N-V (Kissinger 1, 1979, p. 245).


Nixon joue sur un double tableau visant à contenter les « colombes » et les « faucons » de son administration : officiellement, avec la vietnamisation, c’est une politique de retrait. Dans les faits, avec les bombardements massifs et l’invasion du Cambodge, il intensifie la guerre. Les « colombes » négocient pendant que les « faucons » font la guerre. Kissinger et Nixon sont persuadés que cette double politique permettra d’obtenir ce que le président nomme une « paix dans l’honneur ». Si le conflit vietnamien est local, son impact est mondial car il est de plus en plus décrié.


En 1969, un million de soldats américains vont revenir du Vietnam, mouvement qui ne fera que s’amplifier par la suite avec la vietnamisation du conflit. Le nombre de vétérans ne cesse donc de croître : en moyenne de 13 500 par mois en 1971 et de 11 000 l’année suivante. Le nombre de vets commence donc aussi à peser quantitativement dans la société américaine. Très jeunes et issus de milieux généralement défavorisés, ils n’ont pas accès aux commissions officielles par lesquelles les membres avaient été soutenus durant la SGM ou la guerre de Corée. De la même manière, ils sont exclus des traditionnelles associations d’anciens combattants contrôlées par leurs aînés qui souvent soutiennent la guerre et les comprennent mal car n’ayant pas été confrontés aux mêmes problèmes qu’eux (Porte, 2008, pp. 292-301). Leur réinsertion dans la société américaine s’avère rapidement difficile : on les rejette (car souvent ils sont considérés comme des loosers voire des meurtriers), ils souffrent pour certains de lourds troubles psychologiques (Post Traumatic Stress Discorder, P.T.S.D.), leur réinsertion économique est vacillante. C’est ce qui explique, en plus de la dénonciation de cette guerre devenue à leurs yeux inutile, le caractère contestataire de leurs mouvements.


Dépenses américaines liées au conflit en 1969 : militaires : 30 milliards de dollars ; assistance économique : 414 millions de dollars ; total : 30,414 milliards de dollars (Portes, 2008, p. 271).


Voici les évènements marquants de l'année 1969 :

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