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par Jean-François Jagielski

Février 1969

Février 69 : Sondage analysant l’évolution de l’opinion publique américaine sur le conflit au Vietnam : pour 39 %, contre 52 %, sans opinion 9 % (Nouilhat in collectif, 1992, p. 60).

Le mouvement Khmer serei (Son Ngoc Than et Songsakd Kitpanich, pro-américains) s’érige en Front de libération du Cambodge. Il implante deux têtes de pont dans les zones peu habitées de Koh Kong et Preah Vihear (Sihanouk, 1979, p. 247).


1er février 69 : Nixon commence à songer à effectuer des bombardements par B-52 sur le Cambodge sans en avertir ni le Congrès ni l’opinion publique américaine. Mais ses conseillers sont divisés sur la question, y compris Kissinger. Nixon tergiverse : les pertes américaines sont importantes (400 hommes par semaine) mais cet acte risque de froisser l’opinion publique américaine et mondiale en prenant cette décision. Il hésite plusieurs fois à en donner l’ordre mais y renonce au final, du très moins temporairement (voir 9 février) (Kissinger 1, 1979, pp. 250-257).

Au cours d’un C.N.S., Nixon ordonne l’étude préliminaire d’un rapprochement avec la Chine (Nixon, 1985, p. 121).

Selon le successeur de Westmoreland, Creighton Adams, les troupes nord-vietnamiennes ont été renforcées récemment d’environ 40 000 soldats tous basés au Cambodge.


6 février 69 : Thieu fait savoir publiquement qu’une partie importante des troupes américaines engagées au S-V pouvaient le quitter. Il estime son armée capable de résister à cette diminution de l’engagement américain.


9 février 69 : Après de brèves tergiversations (voir 1er février), Nixon donne son feu vert pour un premier bombardement secret du Cambodge par des B-52 américains.


14 février 69 : Après la réflexion sur un rapprochement avec la Chine (voir 1er février), Nixon entend en accomplir un second avec l’U.R.S.S. Kissinger rencontre l’ambassadeur à Washington Anatoli Dobrynine et lui présente une proposition de médiation avec le N-V (Nixon, 1985, p. 121).


15 février 69 : William Rogers (secrétaire d’État) envoie un télégramme ultrasecret faisant savoir aux ambassadeurs du S-V, du Laos et de Thaïlande de la possibilité d’une reprise des relations diplomatiques avec le Cambodge voulue par Nixon. Ce dernier adresse à Sihanouk un message personnel par l’intermédiaire des Australiens pour l’assurer que les États-Unis reconnaissaient officiellement les frontières du Cambodge (Shawcross, 1979, p. 90).


17 février 69 : Après Kissinger, Nixon rencontre à son tour l’ambassadeur soviétique Anatoly Dobrynine. Celui-ci lui fait savoir que l’U.R.S.S. désire entamer des négociations sur la limitation des armements (futurs accords S.A.L.T.). Le président lui répond que cette question est liée aux progrès sur d’autres questions dont celle du Vietnam pour laquelle les Russes sont toujours restés diplomatiquement en retrait, affirmant pour leur part qu’ils n’avaient guère d’influence sur les N-V. Nixon donne instruction à Kissinger de maintenir la pression sur les Russes (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 275).


23 - 24 février 69 : Une série d'attaques à la roquette est lancée par les communistes contre 115 bases militaires et cités du Sud.


25 février 69 : Démarrage à Paris de négociations concernant une éventuelle trêve au Vietnam qui n’aboutira pas (Burns Siger, 1992, p. 91).


26 février 69 : Cabot Lodge, chef de la délégation américaine à la conférence de Paris, annonce quelques maigres progrès. Les postions des délégations sont et demeureront cependant inchangées et même parfaitement figées dans la durée (voir 25 janvier 1969).

Le nombre de délégations présentes à Paris est en lui-même oiseux puisque s’y ajoutent les Américains et le F.N.L., là où les négociations ne devraient concerner que le Nord et le Sud-Vietnam (voir la position des délégations ci-après sur le retrait des forces étrangères).

Les positions des différentes délégations sont les suivantes :

Délégation américaine (Cabot Lodge) : restauration de la D.M.Z. ; retrait du S-V de toutes les forces étrangères ; libération des prisonniers des deux camps ; paix étendue non seulement au Vietnam mais également au Laos et au Cambodge.

Délégation s-v (Pham Dang Lam) : restauration de la D.M.Z. ; retrait des forces n-v dans le Sud ; pourparlers entre Hanoi et Saigon sur de futures relations économiques, culturelles et familiales entre les deux zones ; acceptation d’une compétition électorale avec le F.N.L. mais dans le cadre de l’actuelle constitution s-v, avec une franche renonciation à la force et à la propagation de l’idéologie communiste.

Délégation n-v et du F.N.L. (Xuan Thuy ; Tran Buu Kiem) : recherche d’une solution politique au conflit ; retrait unilatéral des troupes américaines et alliées ; règlement des affaires s-v dans le cadre politique du F.N.L., sans ingérence étrangère ; formation d’un cabinet dit de « restauration de la paix »  (Tran Van Don, 1985, pp. 284-285).


28 février 69 : Nguyen Huu Tho (dirigeant le F.N.L.) adresse un télégramme à Sihanouk qui confirme le respect de « l’indépendance, la souveraineté, la neutralité et l’intégrité territoriale du Cambodge dans ses frontières actuelle. » Il est aussi question de « développer toujours d’avantage les relations d’amitié et de cordial voisinage » (Sihanouk, 1979, p. 247)


Fin février 69 : Fin de la mise en quarantaine du Cambodge par les États-Unis. Les chefs d’états-majors américains envisagent des bombardements et des incursions limitées dans les régions frontalières. L’idée a déjà été validée par Nixon (voir 9 février). Ils estiment cette solution meilleures que celle d’un blocus car s’il y avait protestations, celles-ci ne viendraient qu’après leur accomplissement (Shawcross, 1979, pp. 90-91).

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