Juillet 69 : Le général McConnel, chef d’état-major de l’armée de l’Air américaine, déclare devant la commission des affaires militaires du Sénat : « Tout opère [au N-V] maintenant comme si rien n’avait été touché. Je dirais que les réparations ont été achevées à 75 %. » (cité in Nguyen Phu Duc, 1996, p. 125)
Intensification des raids aériens secrets au Laos sur et autour de la plaine des Jarres (opération Ke Kheu, « la revanche ») (Burchett, 1970, p. 109).
Au Cambodge, Sihanouk semble s’éloigner des affaires et sent que la situation lui échappe irrémédiablement. Son neutralisme vire à un écartèlement de plus en plus incompréhensible. Il convoque le Sangkum et formera en août un gouvernement de Salut national dirigé par le général proaméricain Lon Lol. Sihanouk annonce par ailleurs son intention de renoncer à diriger l’État et prend comme second le prince Sirik Matak. 4 ministres démissionnent rapidement. Les intellectuels honnissent de plus en plus ce régime moribond (Richer, 2009, pp. 35-36).
2 et 6 juillet 69 : Manifestations pacifistes féminines à New-York et à l’université de Toronto (Kissinger 1, 1979, p. 302). Formation de la New Mobe, groupe gauchisant féminisé peu structuré qui prévoit une manifestation pacifique à Washington du 13 au 15 novembre (Portes, 2008, p. 232).
15 juillet 69 : Nixon envoie à nouveau par le biais de Sainteny une lettre personnelle à HCM exprimant un « ferme désir de paix » (Nixon, 1978, p. 285). Mais son contenu propose une politique de la carotte mais surtout du bâton : si HCM ne met pas fin à l’impasse des négociations parisiennes, les États-Unis utiliseront massivement la force. Nixon fixe une date limite à ses avances, celle du 1er novembre. Réponse ne lui sera donnée que le 25 août (Wainstock, Miller, 2019, pp. 253-254 ; Nixon, 1985, p. 122).
De Quirielle quitte définitivement ses fonctions de délégué général du gouvernement français au N-V et repart pour la France (De Quirielle, 1992, p. 214).
21 juillet 69 : Reprise officielle des relations diplomatiques entre les États-Unis et le Cambodge. Le chargé d’affaires A. I. Loyd Michaël Reves présente ses lettres de créance à Sihanouk (Sihanouk, 1979, p. 250).
25 juillet 69 : Nixon annonce lors d’une conférence de presse à Guam le désengagement progressif des U.S.A. du conflit avec retrait progressif des troupes américaines. Il établit ce que l’on va appeler la « doctrine Nixon » ou « doctrine de Guam » : les Américains soutiendront financièrement et matériellement les pays victimes d'une agression mais ils ne s'engageront pas directement. Cette doctrine est élaborée à un moment où l’engagement américain dans la guerre du Vietnam est de plus en plus controversé et exige un coût au budget américain de plus en plus insupportable. Nixon veut changer la donne en rouvrant un dialogue avec deux pays communistes, l’U.R.S.S. et la Chine. Il espère que ce dialogue permettra de faire évoluer la situation au Vietnam. Les États-Unis vont alors intensivement soutenir économiquement et logistiquement le S-V. Nixon se rend au Vietnam et rencontre Thieu pour évoquer cette question.
Les États-Unis rétablissent des relations diplomatiques avec le Cambodge (rompues depuis le 3 mai 1965). Mais aucune aide américaine particulière n’est prévue (Kissinger 1, 1979, p. 475).
30 juillet 69 : Nixon se rend à Saigon. Il a un entretien avec Thieu : si l’équilibre fragile du Cambodge est rompu par le renversement de Sihanouk, les communistes remporteront la victoire (Kissinger 1, 1979, p. 475-476). Toutefois Nixon évoque avec Thieu l’hypothèse d’un renversement de Sihanouk qui, jusque-là, s’est toujours opposé à une intervention armée des S-V ou américaine dans son pays (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 281).
Le lieutenant-général Nhiek Tioulong transmet le commandement en chef des F.A.R.K. à Lon Nol. Il déclare : « Devant les manœuvres subversives et les attaques des traitres de tous bords, mais surtout à la solde des étrangers, qui visent à briser notre unité pour nous asservir, les F.A.R.K. ont toujours su dresser des barrières efficaces pour la sauvegarde de nos frontières et le maintien de la sécurité du pays. » (cité in Sihanouk, 1979, p. 250).
31 juillet 69 : Après quatre mois de bombardements intensifs sur le Cambodge, Sihanouk invite Nixon pour fêter le renforcement des relations américano-cambodgiennes. C’est actuellement la question des sanctuaires n-v qui pose le problème principal au sein du gouvernement cambodgien dont l’attitude demeure toutefois plus qu’ambigüe (approvisionnement des troupes communistes par le biais des ports cambodgiens ; récente ouverture d’une ambassade du F.N.L. à Phnom Penh) (Kissinger 1, 1979, p. 262).