Tran Van Tra : Fils de maçon, Tra est né dans la province de Quang Ngai en 1918. Il a rejoint le Parti communiste indochinois en 1938 et a donc passé les années de la SGM dans une prison française. Entre 1946 et 1954, il a combattu les Français dans l'Armée populaire du Vietnam et est devenu général en 1961, ayant en charge le commandement des forces communistes dans la moitié méridionale du Vietnam du Sud.
Il a été au départ un commandant du Vietcong. Il devient membre du comité central du parti Lao Dong de 1960 à 1982. Il sera nommé lieutenant-général dans l'armée du Nord-Vietnam puis président du Comité des affaires militaires du Bureau central du Sud-Vietnam (C.O.S.V.N.) de 1964 à 1976.
À l'époque de la guerre d'Indochine contre les Français, le Vietminh a recruté plus de 600 soldats japonais vaincus pour se battre à ses côtés. En juin 1946, certains de ces Japonais sont devenus instructeurs dans une école militaire créée par le Vietminh dans la province de Quang Ngai, lieu de naissance de Tra, visant à enseigner les techniques de combat à plus de 400 stagiaires vietnamiens. On ne sait vraiment si Tra a été l'un des organisateurs ou des participants de cette école de formation militaire.
Il devient commandant de la 7e région militaire de 1949-1950 et vice-commandant de la Cochinchine de 1951 à 1954.
Pendant la guerre du Vietnam contre les Américains et les Sud-Vietnamiens, il dirige l'attaque sur Saigon pendant l'offensive du Têt en 1968 et commande le front B-2 pendant l'offensive de Pâques.
Il est rappelé à Hanoï en mars 1973 pour évoquer les graves difficultés du Vietcong au Sud face aux bombardements et offensives américains. Il écrira ultérieurement que les troupes « étaient épuisées, les unités en plein désarroi. Nous n’avons pu compenser nos pertes. Nous manquions d’hommes, de vivres, de munitions et nous avions beaucoup de mal à faire face à l’ennemi. »
Lors d'une réunion des chefs militaires nord-vietnamiens à Hanoi en 1974, Tra se prononce pour une stratégie ambitieuse pour l'année à venir et suggère d'attaquer la province de Phưoc Long au Sud-Vietnam afin de tester la réaction militaire sud-vietnamienne et américaine. L'attaque est pleinement réussie et montre que les États-Unis ne répliqueront pas militairement. Ce qui incite les dirigeants communistes à mener des opérations plus importantes et plus agressives qui mèneront à la victoire finale.
En avril 1975, Tra devient commandant adjoint du quartier général de l'A 75 sous les ordres du généralissime Van Tien Dung pendant la campagne « Ho Chi Minh » qui aboutira à l'assaut final sur Saigon et à la capitulation du gouvernement sud-vietnamien. Après la victoire, Tra devient vice-ministre de la Défense de 1978 à 1982.
En 1982, il publie au Vietnam et en langue vietnamienne ce qui sera traduit par A History of the Bulwark B-2 Theater, qui révèle comment le Politburo de Hanoi a surestimé ses propres capacités militaires et sous-estimé celles des États-Unis et du Sud-Vietnam avant et pendant l'offensive du Têt en janvier 1968 (Tran Van Tra, 1985, p. 35, version dactylographiée anglaise, voir bibliographie). Ce récit honnête offense et embarrasse les dirigeants de la République socialiste du Vietnam réunifiée et plonge finalement son auteur dans une purge du parti. Tra finira ses jours en résidence surveillée jusqu'à sa mort le 20 avril 1996.