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par Jean-François Jagielski

Tran Van Giau

Tran Van Giau : Révolutionnaire communiste vietnamien. Né en 1911 dans une famille de paysans de Cochinchine, il étudie au lycée Chasseloup-Laubat, meilleur lycée de Saigon de 1925 à 1928 avant de partir en France. Il adhère à l’Association des étudiants vietnamiens de Paris et au P.C.F. Il participe à la manifestation de mai 1930 organisée devant l’Élysée contre la répression de la mutinerie de Yen Bay. Il est arrêté, expulsé et renvoyé en Cochinchine où il adhère au P.C.I. Il est condamné à 5 ans de prison et 10 ans de résidence surveillée.

Puis il revient en France d’où il gagne Moscou. Là, il étudie au sein de l’Université communiste des travailleurs d’Orient de mai 1931 à septembre 1932. Il y écrit un livre en vietnamien : Les principes d’organisation du Bolchevisme. Au début de l’année 1933, il retourne à Saigon après un séjour en France. A la fin de l’année 1934, il est accusé de gauchisme par la direction du parti. Du milieu des années 1930 jusqu’en 1945, il est emprisonné à plusieurs reprises et profite de ses périodes d’incarcération pour donner des cours d’instruction politique. Selon ses propres termes, il exerce alors « le métier de maître rouge. » Les 20 et 23 novembre 1940, il organise un mouvement insurrectionnel en Cochinchine : des notables sont assassinés sans réaction de la Sûreté française de Saigon. Libéré en 1940, il est arrêté de nouveau et incarcéré au camp de Tat Lai d’où il s’évade en 1942 pour rejoindre un groupe communiste dans la région de Mytho qu’il organise : regroupement des syndicats ouvriers clandestins, des intellectuels et des mouvements de jeunesse armés et militairement entraînés.

Il participe également à la prise du pouvoir du VM à Saigon. Le 23 août 1945, il est commissaire à la guerre et constitue au Sud le « Comité territorial du Nam Bo », émanation directe du P.C.I. Le 25 août 45, l’édit d’abdication de Bao Daï est affiché. Le VM proclame l’établissement de son nouveau gouvernement. Pour la Cochinchine, Bao Daï reconnaît le Comité de Libération du Nam Bo sous la direction de Tran Van Giau qui prend possession avec habilité de Saigon et d’une bonne partie du S-V. Le comité s’installe alors dans le palais du gouverneur général. 7 parmi les 9 membres sont tous communistes. En fait, ce comité est d’entrée noyauté par le P.C.I. : Giau est nommé président et chargé des affaires militaires. Le Comité dépend du jeune gouvernement central d’Hanoi mais demeure faible en effectif, mal armé et surtout divisé entre communistes et nationalistes. Ce qui ne l’empêche pas de s’en prendre à l’occupant anglais, notamment par l’attaque le 11 octobre 1945 de l’aéroport de Saigon gardé par les Anglais et sur les accès à la ville défendus par des troupes franco-anglaises. Un officier anglais et quatre Gurkas sont tués. Toutefois le VM n’étant pas majoritaire en Cochinchine doit aussi composer avec les mouvements nationalistes et les sectes, ce qui a valeur d’échec pour Giau. En 1946, il est convoqué au Nord pour une autocritique. Le 16 mars 1946, c’est Nguyen Binh qui lui succède au poste de commissaire aux armées du Nam Bo (Gras, 1979, p. 109).

Le sens de sa carrière révolutionnaire change alors radicalement prenant alors une tournure plus diplomatique. En mars 1947, il est délégué à la conférence des relations asiatiques qui se tient à New Dehli. Le 11 août 1947, il rencontre à Bangkok Pierre-Étienne Gilbert (envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, délégué gouvernemental du Vietnam pour l’Asie du Sud-Est au Siam. Giau fait connaître ses exigences. Elles sont des plus modérées mais seront totalement ignorées du gouvernement français de l’époque.

Par la suite son rôle politique décroît au profit d’un poste de haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur. Il donne alors des cours de philosophie marxiste et dirige à Thanh Hoa un embryon d’établissement supérieur. Puis il entame une carrière d’universitaire à Hanoi où il enseigne les sciences politiques, la philosophie et l’histoire. Il devient alors l’un des historiens les plus réputés du Vietnam communiste (Marangé, 2012, pp. 525-526 ; Dalloz, 2006, pp. 244-245 ; Cadeau, Cochet, Porte, 2021, pp. 887-888).

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