Septembre 71 : Nixon nomme William J. Porter (ancien ambassadeur adjoint au Sud-Vietnam de 1965 à 1967) pour rejoindre la délégation américaine dans les négociations à la conférence de Paris en remplacement de David K.E. Bruce (Portes, 2016, p. 44).
3 septembre 71 : Au Cambodge, Saloth Sar, Son Sen, Kieu Samphan et quelques autres publient une « Déclaration des intellectuels patriotes de la zone libérée ». Aucun membre du Parti communiste khmer (P.C.K.) ne fait à cette époque parti du groupe de dirigeants qui ont été en contact avec Hanoi. Ils seront au contraire écartés fin 1971 début 1972 de tout poste à responsabilité avant d’être purgés au motif, selon Kieu Samphan, d’être des espions de la C.I.A. Les rivalités et la haine ataviques entre Vietnamiens et Khmers ressurgissent, au-delà des idéaux du communisme et de la lutte contre le S-V et les Américains (Richer, 2009, p. 40).
10 septembre 71 : Le sénateur Henry M. Jackson réclame la suppression de l’aide américaine au S-V, sauf si Thieu fait des ouvertures politiques au niveau des élections présidentielles à venir (Kissinger 2, 1979, p. 1093).
11 septembre 71 : Le sénateur George McGouvern rencontre Xuan Thuy, négociateur n-v à Paris. Au cours de cet échange, il a l’impression que les N-V sont prêts à aller vers la paix si une date est fixée pour le retrait des troupes américaines, contre quoi tous les prisonniers d’Indochine seraient libérés. Kissinger charge William Porter d’exploiter cette voie lors d’une 129e rencontre des pourparlers officiels de Paris. C’est un nouvel échec car les N-V remettent sur le tapis la question politique au S-V (Kissinger 2, 1979, pp. 1092-1093).
13 septembre 71 : Nouvelle impasse au niveau des négociations secrètes. Le Duc Tho est à nouveau absent, ce qui est un mauvais signe. La réunion est très brève (2 heures). Nouveau rejet par les N-V du retrait américain s’il n’est pas assorti d’un départ définitif de Thieu (Nixon, 1978, p. 431). Il n’y aura désormais pas de nouvelle rencontre avant le 15 avril 1972.
En Chine, fuite puis disparition du maréchal Lin Biao, dauphin désigné de Mao, sous supervision de Zhou Enlaï (Deron, 2009, p. 168). Selon Suong Sikoeun, fuyant vers l’U.R.S.S. dans la crainte d’une purge, son avion à court de carburant s’écrase en Mongolie (Sikoeun, 2013, p. 121).
18 septembre 71 : A la veille des élections présidentielles s-v, Kissinger adresse une note de fermeté à Nixon en faveur d’un soutien au régime s-v et de la poursuite de la vietnamisation su conflit qui permet de gagner du temps (et de l’argent…). L’attitude du Congrès américain risque de contraindre les U.S.A. à quitter le Vietnam à une date fixe. Soutenir le S-V « est à peu près la seule carte qui nous reste », d’autant plus que le « troc » – retrait contre libération des prisonniers – est au point mort de par l’intransigeance des N-V à vouloir voir Thieu lâché par les Américains.
La situation est totalement bloquée : l’escalade n’est pas envisageable car les U.S.A. sont limités du fait du faible nombre de soldats demeurant désormais au Vietnam et des termes de l’aide imposée par le Congrès. Kissinger fait deux nouvelles propositions : une nouvelle clause autorisant des élections au S-V, 6 mois après la signature d’un accord et une réduction du temps d’évacuation américaine de 9 à 7 mois (Kissinger 2, 1979, pp. 1 094-1 095).
20 septembre 71 : Nixon adopte le point de vue développé par Kissinger dans sa note du 18 (Kissinger 2, 1979, p. 1095).
Au cours d’un C.N.S., Helms (directeur de la C.I.A.) indique que de puissants renforts n-v sont concentrés au nord de la D.M.Z. C’est aussi la période où les négociations secrètes stagnent, preuve que les N-V pensent à autre chose que négocier (voir 11 octobre et 20 novembre) (Kissinger 2, 1979, p. 1 153).
21 septembre 71 : Haig, qui a la confiance de Thieu, est chargé de partir pour Saigon le convaincre de la nécessité et du bienfondé des propositions américaines (Kissinger 2, 1979, p. 1 095).
23 septembre 71 : Haig rencontre Thieu. Ce dernier se dit prêt à annoncer publiquement qu’il ne serait pas candidat à sa propre réélection une fois la paix rétablie. Haig le freine mais ce conseil ne sera pas suivi d’effet (voir 1er octobre) (Kissinger 2, 1979, p. 1 095).
30 septembre 71 : Le Sénat vote une nouvelle version de l’amendement Mansfield : les U.S.A. doivent quitter le Vietnam dans les 6 mois si tous les prisonniers américains sont libérés. Le texte est fortement appuyé par les sénateurs (Kissinger 2, 1979, pp. 1 093-1 094).
Au Cambodge, troisième congrès du P.C.K. : l'ennemi déclaré est désormais le Vietnam. Un texte intitulé « déclaration des intellectuels patriotes de la zone libérée » (voir 3 septembre) accompagné de 91 signatures est diffusé dans le monde entier. Les « Khmers-Hanoi » commencent à être écartés de tous les postes de responsabilité. Saloth Sar est réélu secrétaire général et président de la commission militaire.
31 septembre 71 : Dans l’affaire de My Laï, le capitaine Médina (supérieur du lieutenant Calley) est acquitté. Durant le procès Calley (voir 29 mars) le jury avait rejeté le fait que Médina ait donné l’ordre d’exécution des civils (Carval in collectif, 1992, p. 228).