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par Jean-François Jagielski

Septembre 1960

Septembre 60 : Le général de corps d’armée Lionel C. McGarr devient le commandant du M.A.A.G. en remplacement du général Williams. Il parvient à convaincre Diem de permettre aux Américains d’accompagner les unités s-v au combat jusqu’à l’échelon du bataillon. Mais c’est encore le pouvoir politique s-v qui entend superviser les opérations et, en conséquence, les échecs qu’elles connaissent fréquemment.


5 - 10 septembre 60 : Le 3e Congrès du Lao Dong réuni à Hanoi se donne 2 tâches : consolider le socialisme dans le Nord et libérer le Sud. Il faut « aider à créer dans le Sud les conditions favorables pour le rassemblement de toutes les forces d’opposition [sectes comprises] au régime américano-diémiste, au sein d’un large front national unifié ». L’emprise communiste se dessine nettement dans le projet : « Assurer la victoire totale de la lutte révolutionnaire du peuple, sous la direction du Parti marxiste-léniniste et de la classe laborieuse [...] Le Front devra mener son action d’une façon très souple, afin de rallier tous ceux qui peuvent être ralliés, neutraliser tous ceux qui peuvent être neutralisés, et attirer dans la lutte les masses les plus larges. » (cité in Chaffard, 1969, pp. 237-239)

Dans son rapport politique, Le Duan souligne, non sans une certaine dose de cynisme, combien la lutte au Sud n’a de sens que pour renforcer le régime du Nord : « […] il est nécessaire que le Sud lutte fermement contre l’impérialisme américain et ses valets pour mettre un terme à sa domination et contribuer ainsi à l’édification du socialisme au Nord […] (cité in Knöbl, 1967, p. 336).

Le Congrès élit un nouveau Comité central de 43 membres titulaires et 28 suppléants. HCM garde la présidence mais c’est Le Duan – l’homme de la réunification avec le Sud à la veille de la création du F.N.L. - qui prend la tête du Comité central. Les membres les plus importants de ce Bureau politique sont : HCM, Le Duan, Truong Chinh (ancien secrétaire général maoïste jusqu’en 1956), Pham Van Dong, Vo Nguyen Giap, Le Duc Tho, Nguyen Chi Tan, Nguyen Duy Trinh, Le Thanh Nghi et Hoang Van Hoan (Lacouture, 1965, pp. 66-67).


10 septembre 60 : Au cours de ce même Congrès, Le Duan devient premier secrétaire du Lao Dong (en remplacement d’HCM qui occupait le poste depuis 1956). Ho est de moins en moins l’homme fort du parti. On lui réserve un titre honorifique, celui de président. Avec Le Duan, c’est une branche plus dure du Lao Dong, la maoïste, qui va s’exprimer. Cette nomination d’un homme qui a combattu au Sud comme commissaire politique de la zone Est prend la valeur d’un symbole d’une politique de réunification et de soutien aux maquisards du Nam Bo qui font face à Diem (Lacouture, 1965, pp. 66-67). La voie est donc ici tacitement ouverte pour la formation du futur F.N.L. (voir 19-20 décembre)

Au Laos, Le général Phoumi Nosavan (vice-président et ministre des Affaires étrangères proaméricain) crée un Comité révolutionnaire présidé par le prince Boun Oum qui vise à éliminer le gouvernement en place. Face à la menace d’une prise de Vientiane par les Thaïlandais et les troupes de Nosavan (voir 10 août), Souvanna Phouma se tourne vers le Pathet Lao et lui offre de participer à un énième gouvernement d’union nationale. La situation est, une fois de plus, politiquement et militairement très confuse (Burchett, 1970, p. 152).


11 septembre 60 : HCM reçoit le chef de la délégation soviétique au Congrès. L’U.R.S.S. n’est guère favorable à l’idée de « libérer le Sud ». L’agence Tass rapporte que « les deux parties ont constaté une identité totale de vues sur l’essentiel des problèmes examinés », mais non sur la totalité… La question de la réunification des deux Vietnam n’est d’ailleurs pas mentionnée dans le communiqué final (Chaffard, 1969, pp. 238-239).


21 septembre 60 : Au Cambodge, Khieu Samphan (directeur du journal d’opposition  L’Observateur, futur KR) et ses compagnons sont libérés après leur arrestation du 1er août. Ils ont subi chaque nuit des interrogatoires musclés, accompagnés d’actes de torture.


28 - 30 septembre 60 : Au Cambodge, deuxième congrès du P.R.P.K. Il s'agit d'un congrès clandestin. Les 21 participants, 14 délégués ruraux et 7 délégués urbains, se retrouvent dans un wagon dans le dépôt de la gare de Phnom Penh et donnent au parti le nom de Parti des Travailleurs du Kampuchéa (P.T.K.). Le secrétaire général est Tou Samouth. Son adjoint est Nuon Chea. Saloth Sar est numéro trois. Ieng Sary est élu au comité central. Pour les futurs polpotistes, il s'agit de mettre fin à l'influence vietnamienne sur le communisme cambodgien. Ses membres, tous futurs KR, considèreront ce congrès comme le début d’un processus irréversible et la marque de la véritable naissance du communisme cambodgien. (Richer, 2009, p. 31) Ce qui permettra aux KR de gommer les origines vietnamiennes du communisme cambodgien, issu du P.C.I., et dont Saloth Sar fut membre dès 1953 (Margolin, 2003, pp. 4-5).


16 septembre 60 : L’ambassadeur Durbrow rend compte au secrétaire d’État Herter des menaces qui planent sur le régime diémiste (manifestations, coups d’État). Il évoque également le vif succès du Vietcong dans les campagnes. Il préconise une série de vœux qui demeureront pieux pour que le régime diémiste soit moins discrédité : saper le favoritisme au sein de l’armée, discréditer les « rumeurs au sujet de M. et Mame Nhu », se débarrasser de Tran Kim Tuyen (chef des services secrets et homme-lige de Nhu), ouvrir le gouvernement à l’opposition, purger une administration corrompue (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 142-146).


29 septembre 60 : Devant l'assemblée générale de l'O.N.U., Sihanouk présente un plan visant à créer, dans le Sud-Est asiatique, une zone de neutralité entre les 2 blocs dont le Cambodge et le Laos seraient les premiers éléments.

La piste Ho Chi Minh commence à se ramifier dans l'Est cambodgien où 80.000 soldats vietcong stationnent désormais en permanence.


Fin septembre 60 : Au Cambodge est créé le Parti Ouvrier du Kampuchéa (P.O.K.). Il est dirigé par Tou Samouth, un moine respecté qui mène une double vie et qui sera exécuté par le pouvoir sihanoukiste le 20 juillet 1962 (Cambacérès, 2013, p. 144).

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