Septembre 55 : Un an après avoir mis en place le Bureau des prisonniers de guerre et des internés (voir septembre 1954), le nombre de prisonniers non rendus s’avère être proche de 6 450. L’armée française les considère alors comme des morts ou des déserteurs (voir 21 juillet 1955) (Cadeau, 2019, p. 528).
5 - 10 septembre 55 : Un troisième congrès du front Lien Viet provoque sa disparition. Ce congrès tenu à Hanoi adopte un programme nommé désormais « Front de la Patrie » (Mat tran To Quoc). HCM intervient brièvement pour en faire l’apologie. Le nouveau Front est dirigé par un comité exécutif central de 81 membres coiffé par un présidium de 12 membres qui, en fait, le dirige. 6 d’entre eux sont membres du comité central du Lao Dong et d’autres d’organisations qui lui sont affiliées (composition in Fall, 1960, p. 171).
Au lieu de demander comme le fait la R.D.V.N. la réunification immédiate du Vietnam, le nouveau Front préconise la tenue d’élections d’assemblées séparées, au Nord et au Sud qui éliraient un gouvernement provisoire de « coalition » gérant les intérêts communs. Chaque partie conserverait ses attributions propres, y compris les militaires. Des deux côtés, on s’abstiendrait « d’utiliser des instructeurs étrangers ». Une constitution confédérale pan-vietnamienne serait élaborée. Recevant cette proposition assez utopique, S-V et Américains, au mépris de l’article 7 de la déclaration finale de Genève, la torpilleront. Et notamment Diem, en refusant la tenue d’élections en juillet 1956 au S-V sur la question de la réunification (Fall, 1960, pp. 171-172 ; Chaffard, 1969, pp. 202-203).
11 septembre 55 : Élections législatives au Cambodge. Sihanouk a exercé des pressions, provocations et entraves lors de la campagne, même si la C.I.C. estime que les élections se sont déroulées dans des conditions « correctes ». Victoire écrasante du Sangkum de Sihanouk avec 83 % des voix et l’attribution de 91 sièges sur 91 à l’Assemblée. Le parti démocrate, qui dénonce des pressions américaines, n’obtient que 12 % des voix. Le P.C.K. (Pracheaton) n’obtient que 4 % des voix mais fait près de 40 % dans certaines circonscriptions (Ponchaud, 2005, p. 174 ; Cambacérès, 2013, p. 108 ; Jennar, 1995, p. 131). Au préalable, le Sangkum avait stipulé dans ses statuts que les candidats à la députation devaient recevoir son investiture avant de pouvoir se présenter devant les électeurs. Ce qui explique sa victoire écrasante (Tong, 1972, pp. 77-78).
14 septembre 55 : Admission du Cambodge à l'O.N.U.
20 septembre 55 : Modifications profondes de la structure de l’administration centrale de la R.D.V.N. durant le sixième et dernier jour de la cinquième session de l’assemblée nationale. HCM annonce une réorganisation complète du gouvernement central. Les fonctions de président de la R.D.V.N. et de président du Conseil telles qu’elles avaient été prévues par la constitution vietnamienne de 1946 sont séparées. On créée 2 postes de vice-présidents du Conseil. Certains ministères sont scindés, notamment l’Industrie et le Commerce. HCM qui demeure président de la R.D.V.N. mais quitte les fonctions de président du conseil des ministres qu’il confie à l’un de ses fidèles, Pham Van Dong (Fall, 1960, p. 65).
22 septembre 55 : Pham Van Dong est nommé premier ministre du N-V. Il demeurera à ce poste jusqu’au 18 juin 1987.
25 - 26 septembre 55 : Au Cambodge, deuxième congrès du Sangkum. Il propose le droit de vote des femmes et le principe d'assemblées provinciales élues. Le 25, le congrès vote la suppression dans sa constitution de la référence de l’appartenance du pays à l’Union française (voir 15 novembre) (De Folin, 1993, p. 298).
Fin septembre 55 : Au Cambodge, suite à la récente victoire du Sangkum, Sihanouk fait adopter un certain nombre de mesures : emploi de la langue khmère dans l’administration, vote des femmes, décentralisation, possibilité pour les électeurs de retirer le mandat d’un député en cours de législature. Cette dernière mesure montre vite ses limites : des orateurs représentant les milieux affairistes viennent dénoncer des représentants du peuple pourtant intègres. Un climat d’anarchie s’instaure rapidement dans les débats et la corruption renaît rapidement de ses cendres (réapparition de clans et dissensions internes). Une instabilité gouvernementale s’instaure rapidement car ce n’est pas Sihanouk qui désigne son premier ministre mais l’Assemblée nationale. Le soutien populaire du Sangkum s’effrite progressivement mais irrémédiablement et ce, jusqu’au coup de force de Lon Lol de 1970 (Cambacérès, 2013, pp. 108-109).