Raymond (De) Jean : Né le 28 juin 1907. Il s’engage dans les troupes coloniales et effectue son premier séjour en Extrême-Orient de 1929 à 1932 comme chef de poste dans le territoire de Moncay. De retour en France, il suit un stage à l’École des langues indochinoises de Toulouse et y obtient un diplôme d’annamite. En 1934, il effectue un second séjour en Indochine comme délégué administratif à Quang Uyen près de Cao Bang puis devient officier d’ordonnance du général Philippot à Hanoi. Il apprend le dialecte chinois cantonnais et passe de nouveaux brevets en langue annamite. En 1942, il est reçu au concours de l’Inspection de la France d’Outre-Mer et est affecté au ministère des Colonies.
En 1945, il est envoyé à la tête de la Mission coloniale française à Calcutta. Il y croise ou y travaille avec Léon Pignon, Jean Cédile, Pierre Messmer, Jean Sainteny. En août, ce groupe fait partie de la délégation militaro-diplomatique qui est envoyée avec le soutien des Britanniques à Kunming. Ses membres rencontrent les troupes dirigées par le général Alessandri repoussées vers la Chine par le coup de force japonais. Leur but est de retourner au Tonkin immédiatement après l'effondrement du Japon et d’y restaurer une administration française.
Il est ensuite nommé directeur adjoint des Affaires politiques de D’Argenlieu et conseiller politique du gouvernement fédéral de Cochinchine. A ce titre, il prend part aux négociations franco-vietnamiennes de 1946 à Dalat. Conseiller militaire pour participer à la lutte contre le mouvement indépendantiste Lao Issara, il participe avec le lieutenant-colonel de Crèvecoeur à la libération de Vientiane et Luang Prabang où il rétablit le roi et sa famille. En avril 1946, il est nommé successeur civil du commandant militaire Imfeld (voir sa notice) et devient commissaire de la République pour le Laos et occupe donc le poste du plus haut représentant de la France. Le 27 août 1946, il signe le modus vivendi et la convention militaire qui l’accompagne. Il quitte ce poste en juillet 1947.
En février 1949, il est nommé commissaire de la République au Cambodge. Il tisse des liens d'amitié avec Sihanouk et le soutient dans son attitude pro-française dans le cadre d’un Cambodge autonome. En même temps, Raymond accuse à plusieurs reprises le parlement cambodgien de déloyauté vis-à-vis du loyalisme du roi. Sihanouk en est flatté et se range à son avis.
Le 29 octobre 1951, il est assassiné par un jeune domestique vietnamien à son service, qui prend aussitôt la fuite pour retrouver le Vietminh où il est acclamé comme un héros. Cet attentat constitue le deuxième meurtre d’une une personnalité éminente française en Indochine après l'assassinat du général Chanson le 31 juillet 1951 (Bodinier, 1987, p. 128 ; Cadeau, Cochet, Porte, 2021, pp. 768-769).