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par Jean-François Jagielski

Octobre 1971

Octobre 71 : L’US Airforce produit un bilan de ses pertes totales : 2 262 hommes (Toinet, 1998, p. 319).


1er octobre 71 : Contrairement à ce qu’avait préconisé Haig, Thieu annonce publiquement son intention de retourner à la vie privée si la paix est rétablie (Kissinger 2, 1979, pp. 1 095-         1 096).


3 octobre 71 : Thieu est réélu à la présidence du Sud-Vietnam. L’élection est une nouvelle fois truquée grâce à l’influence des Américains qui s’étaient pourtant engagés auprès des N-V à laisser la démocratie agir seule (voir 15 août). Nguyen Cao Ky n’obtient que la vice-présidence et le général Duong Van Minh est écarté.

Thieu approuve le projet de retrait américain dans les 6 mois si un accord est trouvé avec les N-V, avec échange de prisonniers et mise en place d’un cessez-le-feu sur toute l’Indochine. Nixon affirme qu’il se dit par ailleurs d’accord pour qu’une nouvelle élection présidentielle ait lieu au S-V sous contrôle international. Ce dont on ne peut que douter au vu de ce qui vient de se passer (Nixon, 1978, p. 431).

Sentant la diplomatie n-v plus favorable aux Russes, Nicolaï Podgorny (président du præsidium du Soviet suprême de l'U.R.S.S., chef de l'État, mais dont la fonction est essentiellement honorifique) se rend à Hanoi  et promet une aide accrue de l’U.R.S.S. au N-V (Hanhimäki, 2008, p. 62).


11 octobre 71 : Le général Walters rencontre Xuan Thuy en vue d’organiser une nouvelle négociation secrète avec Le Duc Tho prévue à la date du 1er novembre. Il lui remet un message où il est dit que les Américains accueilleraient favorablement  ses propos du 13 septembre et discuteraient leurs propositions non dévoilées pour l’instant : retrait américain au 1er juillet 1972, élections au S-V dans les 6 mois qui suivront l’accord définitif, neutralité des U.S.A. dans le processus législatif, neutralité de tous les pays qui constituent l’Indochine, réunification du Vietnam « sans contrainte ni annexion de part et d’autre, et sans ingérence étrangère » (propositions reproduites en détail in Kissinger 2, 1979, pp. 1 538-1 539).

Cette offre est présentée comme « une dernière tentative » pour parvenir à un règlement avant la fin de 1971. Les N-V laissent traîner, connaissant les difficultés du gouvernement américain (« Le Duc Tho avait même dit que nous serions contraints à céder par nos propres détracteurs »). Ils ne répondront « en toute froideur » que tardivement pour une réunion fixée au 20 novembre. Le Duc Tho étant prétendument souffrant à cette date, cette rencontre n’aura finalement pas lieu (Kissinger 2, 1979, pp. 1 096-1 097). Pour les N-V, l’offensive n-v de Pâques est déjà dans les tuyaux…


12 octobre 71 : Annonce aux N-V de la  visite officielle de Nixon à Moscou.


13 octobre 71 : La commission des Affaires étrangères du Sénat vote une loi qui limite à 250 millions de dollars l’aide américaine au Cambodge. Seuls 200 Américains peuvent encore y opérer (Kissinger 2, 1979, p. 1 098).


16 octobre 71 : Au Cambodge, par décret, Lon Lol transforme en assemblée constituante l'assemblée nationale élue en 1966 dont le mandat est venu à expiration. Le régime devient en fait de plus en plus dictatorial.


20 octobre 71 : Au Cambodge, nouvelle proclamation de l'état d'urgence. Le gouvernement de Lon Lol agit par décrets. Les libertés fondamentales sont limitées, en particulier les protections contre les arrestations arbitraires et les emprisonnements.


20 - 25 octobre 71 : Opération diplomatique dite « Polo II » : Kissinger se rend une seconde fois en Chine pour préparer la visite de Nixon (voir 21 février 1972). Selon un compte-rendu de sa plume adressé à Nixon (https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1969-76v17/ch4), l’accueil d’abord plutôt froid se réchauffe par la suite. Le même compte-rendu précise que cette fois la visite du secrétaire à la Sécurité nationale ne sera plus secrète comme elle l’avait été la première.

Les échanges avec Zhou Enlaï visent à donner à la Chine un rôle de médiateur avec le N-V, ce que les Chinois sont prêts à assumer : « Pékin sera utile, dans certaines limites. Tant dans les pourparlers formels qu'informels, les Chinois ont clairement indiqué qu'ils espéraient que nous parviendrions à un règlement négocié et qu'ils le diraient à Hanoï. »

Selon Nguyen Phu Duc, Kissinger échange avec Deng Xiaoping et affirme que la Chine et les U.S.A. sont deux pays qui ont des relations saines car n’ayant rien à demander l’un à l’autre… Ce qui lui vaudra une réponse cinglante de Mao sur le véritable sens de sa visite à Pékin. Épisode peu glorieux que Kissinger se garde bien de relater dans ses mémoires, tout comme la préparation du futur communiqué commun à produire à l’issue de la visite de Nixon qui, côté chinois et contrairement aux habitudes diplomatiques, souligne une liste des positions divergentes entre les deux nations. Le compte-rendu de Kissinger à Nixon sur cette préparation confirme les dires du ministre des affaires étrangères s-v : « Le résultat de nos efforts est un communiqué inhabituel qui énonce clairement les différences ainsi que les points communs entre les deux pays […] » (Nguyen Phu Duc, 1996, pp. 269-270)


Nuit du 25 au 26 octobre 71 : Suite au revirement des États-Unis à l’égard de la Chine, celle-ci peut devenir membre de l’O.N.U. par 75 voix contre 35 (17 abstentions). Cette décision exclut toutefois le régime de Taiwan (Tchang Kai Check) de l’organisation internationale malgré un soutien américain contre cette décision.


30 octobre 71 : Il demeure 197 000 Américains au S-V (Burns Siger, 1992, p. 127).

Suong Sikoeun (futur cadre kr) adhère en Chine au P.C.K. en présence de son mentor Ieng Sary. Cette admission est tardive car volontairement retardée et aucune cérémonie particulière n’est prévue pour fêter cette admission (Sikoeun, 2013, pp. 148-149).

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