Dernière modification le il y a une semaine
par Jean-François Jagielski

Octobre 1970

Octobre 70 : Une rixe éclate dans la base américaine de Chu Lai. Elle oppose 400 soldats noirs et blancs (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 263). Des tensions raciales apparaissent dans une armée américaine qui croit de moins en moins au sens de sa mission.

La situation économique au Cambodge se dégrade très rapidement. La production de latex est en plein marasme, celle du riz est considérablement ralentie. L’inflation est galopante et l’administration du pays se délite. La population rurale se dirige vers les villes où la misère s’accroît, notamment dans la capitale (Shawcross, 1979, p. 184).


4 octobre 70 : Préparation d’une intervention publique de Nixon qui relance l’idée d’un nouveau plan de paix basé sur un accord de cessez-le-feu sur place, avec arrêt des bombardements et sans exiger comme préalable le retrait des forces n-v du Sud (Nixon, 1978, p. 339). Il omettra volontairement de préciser ce deuxième point dans sa déclaration publique du 7.


7 octobre 70 : Discours de Nixon. Il annonce qu’il a rapatrié 65 000 G.I’s et que 80 000 autres rentreront au printemps 1971. Il y fait également une offre de paix, avec cessation des bombardements, un règlement politique au S-V basé sur la libre disposition du peuple s-v et l’échange de prisonniers. Il fait l’éloge du Congrès, y compris au moins temporairement de l’opposition. Ces annonces obtiennent un accueil favorable de l’opinion publique et de la presse. Mais Nixon omet d’expliquer un point important : sa proposition de « cessez-le-feu sur place » dans toute l’Indochine implique que les forces du N-V demeurent au S-V. Or, pour apaiser l’opinion publique, le président omet sciemment de révéler le véritable sens de cette décision cruciale pour les S-V (Kissinger 2, 1979, pp. 1 035-1 036).

Kissinger sera obligé de repréciser les choses ultérieurement face à des journalistes perspicaces : « Nous nous attendons à ce que les forces extérieures [n-v] retournent à l’intérieur de leurs territoires. Le calendrier et les modalités sont négociables mais nous n’abandonnons pas ce principe. » (cité in Nguyen Phu Duc, 1996, pp. 319-320)


8 octobre 70 : Annonce publique de Xuan Thuy à Paris : c’est un rejet global des dernières propositions de Nixon.


9 octobre 70 : Abolition de la royauté et proclamation de la République par Lon Nol. La monarchie, en place depuis 1 168 ans, est donc abolie. Le Cambodge prend le nom de « République khmère ».

Les forces khméro-vietnamiennes communistes contrôlent la moitié du territoire national. Des tiraillements ont toutefois lieu entre les KR et les N-V (Deron, 2009, p. 168).


10 octobre 70 : Pékin reconnaît le G.R.U.N.C. comme seul gouvernement légal du Cambodge.


15 octobre 70 : Un nouveau retrait de 40 000 américains est annoncé.


16 octobre 70 : Nouvelle réunion du groupe d’étude et d’analyse américain concernant la situation au Cambodge (voir 15 septembre). Il est censé prendre une décision définitive mais sans y parvenir. La décision finale est renvoyée au 26 (Shawcross, 1979, pp. 180-181).


26 octobre 70 : Suite à la réunion du 16, Kissinger distribue dans différents services la note   n° 89 destinée à orienter le « stratégie au Cambodge » du point de vue américain. Cette note définit une politique qui doit « tirer parti du nationalisme cambodgien ». Les États-Unis entendent (désormais…) soutenir l’idée de « neutralité » pour que le pays se suffise à lui-même. Ils espèrent encourager la coopération militaire avec la Thaïlande et le S-V pour obtenir un appui plus important de l’opinion internationale. Les troupes s-v doivent opérer (mais pas exclusivement) dans la partie occidentale de Cambodge.

Nixon, pour financer le conflit, a autorisé le ministère de la Défense à utiliser un poste budgétaire particulier et les fonds des prêts de développement militaire, au grand dam des services de Laird qui parlent de tromperie et d’usurpation de droits. Kissinger passe outre. Les Américains imposent aux Cambodgiens la présence de l’armée régulière s-v sur leur territoire. Ils exigent de l’armée de Lon Lol qu’elle mette en place une stratégie qui, de l’avis même des conseillers américains, elle est totalement incapable de réaliser du fait de son sous-équipement (Shawcross, 1979, p. 181).

💬 Commentaires

Chargement en cours...