Octobre 65 : Début de l’opération Shining Brass qui vise à infiltrer clandestinement des forces spéciales américaines au Laos pour surveiller et contrarier les mouvements sur la piste HCM (Burns Siger, 1992, p. 5).
1er octobre 65 : Les 1ère et 3e brigades de la 1ère division d'infanterie (la 2e étant déjà sur place depuis juillet) commencent à débarquer au Sud-Vietnam, pour participer aux opérations du IIIe Corps. La Corée du Sud envoie également la 1ère Division R.K.O. (sud-coréenne) rejoindre la 101e Division aéroportée pour participer aux opérations du IIe Corps.
5 octobre 65 : Aux États-Unis, le gouvernement américain autorise l'emploi des gaz lacrymogènes contre les émeutiers.
6 octobre 65 : Les B-52 bombardent des zones suspectes tenues par le Vietcong près de la frontière cambodgienne. L’utilisation de ces bombardiers lourds ne fait pas l’unanimité au sein de l’administration Johnson. Rusk y est d’abord opposé du fait de son impact sur l’opinion publique mondiale. Selon Halberstam, ce dernier contacte McN par téléphone et se laisse finalement convaincre en déclarant : « Très bien, Bob, puisqu’on est dans le bain, autant continuer. » (Halberstam, 1974, p. 346)
8 octobre 65 : Walt Rostow (directeur de la planification politique du département d’État) classe De Gaulle parmi les « extrémistes » (avec Khrouchtchev, Mao, Nasser, Castro) car le président français « voit une Europe « libérée des Anglo-Saxons » sous sa direction. » (Portes, 2007, pp. 236-237).
Au cours d’une visite officielle en Corée du Nord, l'U.R.S.S., mécontente du rapprochement entre la Chine et le Cambodge, fait savoir par le biais de son ambassadeur que la visite de Sihanouk à Moscou prévue en novembre est annulée et reportée jusqu’à nouvel ordre. Sihanouk est furieux et annonce que sa visite dans les pays de l’Europe de l’Est est « retardée ». Elle sera en fait purement et simplement annulée (Tong, 1972, pp. 116-117).
10 octobre 65 : Lors d’un banquet organisé en son honneur à Kharbine (Mandchourie) en présence de Liou Chao Chi et du maréchal Chen Yi, Sihanouk s’en prend à mots à peine couverts à l’U.R.S.S. : « Si les grandes puissances soi-disant amoureuses de la paix adoptaient, comme la Chine, une politique de ferme soutien contre les impérialistes américains, et si elles poursuivent, comme la Chine, une attitude de ferme soutien au Vietnam, au Cambodge, ainsi qu’à la lutte des peuples du monde, il y aurait longtemps que les bellicistes américains se seraient retirés des pays où ils sèment l’insécurité et la guerre. » (cité in Tong, 1972, p. 118)
10 - 14 octobre 65 : Les 5e et 7e régiments de cavalerie viennent appuyer les Marines de l'A.R.V.N. pour combattre 2 000 hommes de l'A.P.N.V. infiltrés dans les Hauts-Plateaux du Centre.
15 octobre 65 : Lors d'une manifestation pacifiste, un bénévole d'un organisme de charité, David Millar, devient le premier américain à mettre le feu à son ordre de mobilisation, en contravention de la nouvelle loi promulguée aux États-Unis (voir 31 août). Il est arrêté peu après par le F.B.I.
Au Cambodge, attaque du village de Ba Thu (province de Svay Rieng) par des troupes américaines occasionnant 7 morts, 6 blessés graves et la destruction de 51 habitations. Cette attaque fait suite à une longue série d’incursions : Chantréa, Talok Bek, Koh Rocar. Protestations du gouvernement (Sihanouk, 1979, p. 242).
16 octobre 65 : Des manifestations contre la politique américaine au Vietnam ont lieu dans plus de 40 villes aux États-Unis, ainsi qu'à Londres, Rome, Bruxelles, Paris, Copenhague et Stockholm.
17 octobre 65 : De retour au Cambodge, Sihanouk fait un « rapport à la nation » pendant plus de 4 heures. Il poursuit son réquisitoire, entamé en Chine (voir 10 octobre), contre l’U.R.S.S. Il dénonce « le chantage à l’aide », vante la Chine, « notre meilleure amie », et accuse même l‘U.R.S.S. d’une « manifestation de racisme » qui la rend solidaire des Américains (Tong, 1972, pp. 119-120).
18 octobre 65 : La presse de langue française au Cambodge (Pékin-Information) publie le discours tenu récemment par Sihanouk à Pékin. Il vise l’U.R.S.S. : « Il y a des puissances qui se disent anti-impérialistes et amies du Vietnam, et préconisent des négociations sans préalable entre les agresseurs américains et les Vietnamiens agressés. On ne saurait mettre sur le même plan les voleurs et les volés. » (cité in Tong, 1972, p. 117)
19 octobre 65 : L'A.P.N.V. lance une vaste offensive terrestre contre le camp des Forces Spéciales américaines et de l'A.R.V.N. à Plei Me. Grâce à l'appui du 7e régiment de cavalerie, l'A.R.V.N. parvient à repousser l'attaque nord-vietnamienne. Le camp des bérets verts étant désormais protégé, le général Westmoreland décide d'y expédier le reste de la 1st Cav afin de « découvrir, fixer et détruire [tactique du search & destroy] les forces ennemies qui ont menacé Plei Me ». Il semblerait toutefois qu’au vu des pertes infligées par les Américains lors de cette bataille, cette action oblige la direction du F.N.L. à limiter ses attaques sur les camps frontières américains qui lui ont subi jusque-là de lourdes pertes (Knöbl, 1967, p. 351, note 2).
20 octobre 65 : Début de la bataille de Plei Me (Hauts-Plateaux) qui se terminera le 9 novembre. Environ 6 000 N-V et VC attaquent le camp des Forces spéciales basé dans cette localité. Les pertes sont élevées : 850 VM sont tués (Burns Sigler, 1992, p. 6).
22 octobre 65 : L'amiral Grant Sharp, commandant les forces navales américaines du Pacifique (C.I.N.C.P.A.C.), affirme que les Alliés « ont désormais cessé de perdre » la guerre.
23 octobre 65 : Aux États-Unis, les « Américains pour la Liberté démocratique » dénoncent une enquête fédérale (menée par le F.B.I.). Elle porte sur le rôle qu'auraient joué les communistes américains dans le mouvement pacifiste.
27 - 28 octobre 65 : Des commandos vietcong du général Nguyen Chi Thanh bombardent puis pénètrent dans les enceintes de plusieurs bases aériennes américaines près de Danang, détruisant ou endommageant une vingtaine d'avions ou d’hélicoptères américains au cours de raids éclairs (Francini 2, 1988, p. 313).
30 octobre 65 : Aux États-Unis, sous la conduite de 5 vétérans décorés de la Medal of Honor, 25 000 personnes descendent dans la rue pour manifester leur soutien à la guerre au Vietnam. Plus que jamais la situation se tend entre partisans et opposants à la guerre.
Des avions américains bombardent accidentellement un village sud-vietnamien allié, faisant 48 morts et 55 blessés civils.
A 16 km de Da Nang (voir 27 - 28 octobre), les Marines repoussent une attaque vietcong, éliminant 56 d’entre eux. Un plan détaillé de la base aérienne et des positions occupées par les Marines est découvert sur le cadavre d'un garçon de 13 ans qui vendait des boissons aux soldats américains.