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par Jean-François Jagielski

Octobre 1964

Octobre 64 : Premiers rapports américains signalant d’importantes infiltrations de soldats venus du N-V au Sud par la piste HCM. Cette nouveauté n’est pas révélée à la presse (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 364).


4 octobre 64 : Reprise des raids côtiers 34-A et des actions aéroportées de sabotage portant sur des installations n-v. Ces actions sont supervisées par Cyrus R. Vance (secrétaire adjoint à la Défense), Llewellyn A. Thompson (adjoint au sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques), Rusk (secrétaire d’État) et McGeorge Bundy (Sécurité nationale) (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 344).


5 octobre 64 : Procès des auteurs du putsch manqué de septembre. Acquittement général (Toinet, 1998, p. 213).


5 – 10 octobre 64 : Conférence des non-alignés au  Caire (Égypte). Le Cambodge réaffirme sa conception de la neutralité (Sihanouk, 1979, p. 239).


6 octobre 64 : L’ambassadeur américain au Laos, Unger, demande l’approbation de Souvahna Phouma pour autoriser des raids de T-28. Pour autant, ils sont différés par Washington, tout comme les incursions terrestres. Taylor et Unger interviennent à nouveau en leur faveur (voir 14 octobre et mi-octobre) (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 346).


8 octobre 64 : De retour de Pékin, oubliant un temps sa doxa neutraliste, Sihanouk annonce comme une victoire le gain d’une nouvelle aide chinoise (Tong, 1972, pp. 104-105).


9 octobre 64 : LBJ estime que l’intervention s-v au Laos est impossible car l’armée est trop engagée dans les combats contre la guérilla au S-V (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 347).


13 octobre 64 : Khanh (premier ministre) convoque le général Tran Van Don (réhabilité mais aussi visé par la demande…)  et lui demande de traiter la question de la mise à la retraite des généraux ayant plus de 25 ans de service. C’est à nouveau un moyen des « Jeunes Turcs » pour se débarrasser des généraux profrançais potentiellement neutralistes (voir 28 - 29 mai) (Tran Van Don, 1985, p. 203-204). Phan Khac Suu, chef de l’État sur le départ, se voit contraint de signer un décret allant en ce sens.


14 octobre 64 : Nouveaux raids de T-28 au Laos pour relever le moral des troupes gouvernementales. Souvanna Phouma les a approuvés (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 346). L’opération a pris du retard du fait de négociations entre les factions neutralistes et procommunistes en vue d’établir un cessez-le-feu et une nouvelle conférence à Genève entre les 14 nations signataires pour mettre fin à la guerre civile. L’administration américaine n’y est pas favorable, craignant des pressions internationales du bloc communiste qui pourraient nuire à la situation vacillante du S-V (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 344-345).


15 octobre 64 : Destitution de Khroutchev en U.R.S.S. qui est remplacé par un triumvirat Leonid Brejnev, Alexis Kossyguine et Anastase Mikoyan, plus favorable que son prédécesseur aux Vietnamiens. Ce changement à la tête de l’U.R.S.S. va permettre aux dirigeants vietnamiens d’améliorer leurs rapports avec le pouvoir soviétique et surtout d’obtenir des armes anti-aériennes que seuls les Russes peuvent leur fournir au moment où vont se déclencher les bombardements américains (Marangé, 2012, p. 322).


16 octobre 64 : La Chine fait exploser sa première bombe nucléaire par fission (« opération 596 ») (Deron, 2009, p. 160).


18 octobre 64 : Khanh, de retour à Dalat, donne des attributions aux 4 généraux jusqu’alors en quarantaine : Don est chargé de l’instruction militaire ; Dinh devient conseiller pour les opérations ; Xuan se voit confier le renseignement (Tran Van Don, 1985, p. 204).


20 octobre 64 : Les généraux s-v bannis (voir 28 - 29 mai), à l’exception de Kim resté à Dalat, ont l’autorisation de rentrer à Saigon. Selon Tran Van Don, leur disgrâce et leur exil sont dus à la visite de McN du 20 décembre 1963 qui s’était montré froid à leur égard et qui avait déploré le manque de coordination entre Lodge et la junte au pouvoir. Ce dernier leur reprochait leur apathie et leurs silences (Tran Van Don, 1985, pp. 204-205).

Au Cambodge, bombardement du village d'Anlong Krès (province de Kompong Cham) par l'aviation américaine occasionnant 8 morts et de nombreux blessés.


24 octobre 64 : Au Cambodge, le poste frontière de Dak Dam (province de Mondolkiri) est mitraillé par des hélicoptères américains. Un appareil C-123 est abattu par l’armée cambodgienne et ramené en trophée à Phnom Penh (Sihanouk, 1979, p. 239).


25 octobre 64 : Élections à titre provisoire d’un chef d’État civil au S-V, Pham Khac Sun (Toinet, 1998, p. 213).


27 octobre 64 : Au Cambodge, menaces du gouvernement, du Conseil du royaume et de l'assemblée nationale de rompre les relations diplomatiques avec les U.S.A. si des avions américains continuent de survoler et bombarder le territoire cambodgien. D’autres mesures de rétorsion sont envisagées : reconnaissance de la R.D.V. et du F.N.L. (Sihanouk, 1979, p. 239).


28 octobre 64 : Le gouvernement américain suggère officiellement une offre de négociation avec le Cambodge (Sihanouk, 1979, p. 239).


29 octobre 64 : Suite à l’annonce de la veille, Sihanouk estime que l’offre américaine est recevable. Il parle de « négociation de la dernière chance » et désigne Son Sann pour aller négocier à New Delhi. Les forces américano-sud-vietnamiennes ne doivent plus considérer le Cambodge ni comme un lieu de passage des troupes n-v ni comme celui d’un « transit d’armes pour le Vietcong ». La C.I.C. doit exercer un contrôle. Des dédommagements pour les pertes humaines et matérielles sont exigibles. Les émissions radiophoniques des Khmers serei doivent cesser. La libération de citoyens cambodgiens arrêtés arbitrairement par les S-V fait également partie des exigences. Les négociations se poursuivront jusqu’au 16 décembre mais se solderont par un échec (Sihanouk, 1979, pp. 239-240).


30 octobre 64 : Désignation d’un premier ministre civil au S-V, Tran Van Huong. Khanh annonce alors qu’il regagne les rangs de l’armée « l’âme tranquille et le cœur joyeux » (Toinet, 1998, p. 213).


Fin octobre 64 : Le Cambodge dépose une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’O.N.U. Elle stipule qu’en cas de nouvelles agressions, le pays se verrait dans l’obligation de rompre ses relations diplomatiques avec les États-Unis. Malgré cet avertissement, les attaques frontalières américano-sud-vietnamiennes se poursuivent. La menace cambodgienne se réalisera le 3 mai 1965 (Cambacérès, 2013, p. 138).

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