1er novembre 91 : l’United Nations Border Relief Operation (U.N.B.R.O.) crée en 1982 est désormais placée sous la tutelle de l’U.N.H.C.R.
5 – 9 novembre 91 : Amélioration des relations diplomatiques entre la Vietnam et la Chine. Le secrétaire général du P.C.V. Do Muoi et le premier ministre Vo Van Kiet sont accueillis à Pékin : amélioration des relations bilatérales, accords commerciaux et négociations sur la question des frontières (Bui Xuan Quang, 2000, p. 772).
8 novembre 91 : Arrivée du colonel australien Russel Stewart, premier officier de la MIPRENUC.
De Bangkok, la Thaïlande réclame 60 % des commandes de tous les travaux qui vont être réalisés pour la reconstruction du Cambodge « pour compenser les efforts consentis pendant 13 ans en faveur des réfugiés ».
9 novembre 91 : La MIPRENUC devient opérationnelle. Sa direction civile est assurée par un diplomate du Bangladesh, Ataul Karim. Le commandement militaire est confié au général français Loridon. Malgré ses effectifs très réduits (268 personnes) en attendant l’arrivée de l’APRONUC, elle a pour mission de faire respecter les accords de Paris concernant la pacification du pays. Il lui incombe de commencer à vérifier et à superviser le cessez-le-feu, y compris le retrait des forces étrangères et l’arrêt de l’assistance militaire extérieure.
10 novembre 91 : Arrivée des 40 premiers Casques bleus, un groupe de soldats australiens spécialisés en transmissions.
Arrivée d’un représentant américain et britannique, Charles Twining et David Burns.
11 novembre 91 : Hun Sen part à Pékin pour tirer Sihanouk de son exil chinois.
13 novembre 91 : Départ de l’ambassadeur du Vietnam au Cambodge Ngo Dien présent depuis le début des années 1980.
14 novembre 91 : Retour au Cambodge de Sihanouk après près de 12 ans d’exil itinérant. Il avait dû quitter Phnom Penh le 6 janvier 1979 dans le dernier avion en partance pour la Chine à l’arrivée des Vietnamiens (Cambacérès, 2013, p. 319). Il occupe désormais le poste de président du Conseil national suprême (C.N.S.).
Hun Sen lui a réservé « un accueil triomphal ». Toutefois, selon l’ambassadeur français Coste, Sihanouk découvre assez rapidement « le naturel revenant au galop, [que] l’État du Cambodge n’avait pu cacher longtemps ses vraies manières de faire. Dans les semaines suivantes, une grande manifestation contre la corruption était réprimée dans un bain de sang et deux opposants politiques étaient assassinés. » (Coste, 2022, p. 120)
15 novembre 91 : Arrivée de Philippe Coste, ambassadeur de la France au Cambodge. Selon l’intéressé, « et c’est le soir même de mon arrivée que j’allais remettre mes lettres de créance. On avait décidé de faire très vite car Paris tenait à ce que je fusse le premier ambassadeur accrédité auprès du prince, à la fois pour des raisons symboliques, en reconnaissance du rôle joué par la France dans cette affaire, mais aussi pour permettre au représentant français d’être le Doyen du corps diplomatique. Or l’Australie s’était elle aussi lancée dans la course. » (Coste, 2022, p. 41) Une trentaine de pays vont suivre à leur tour cet exemple. L’ambassadeur français s’installe jusqu’en février 1992 à l’hôtel Cambodiana, situé boulevard Norodom, près du monument de l’Indépendance. L’ambassade de France, complètement saccagée durant la période des KR, abandonnée depuis plus de 17 ans, est toujours inhabitable et le demeurera longtemps encore.
Installation à Phnom Penh de l’ambassadeur bangladais Ataul Karim, chef de la MIPRENUC et du général français Michel Loridon, commandant de sa composante militaire (Coste, 2022, p. 113).
Les KR appellent à la poursuite de la coalition avec le F.U.N.C.I.N.P.E.C. et le F.N.L.K.P. pour les élections, y compris sous la forme de listes communes.
Les U.S.A. et le Laos reprennent leurs relations diplomatiques (Bui Xuan Quang, 2000, p. 772).
16 novembre 91 : Au matin, discours de Sihanouk à la population rassemblée devant le palais royal. Conférence de presse l’après-midi. Il parle de Ranariddh et de Hun Sen comme des « ses deux fils ». Il dénonce l’intervention vietnamienne mais reconnaît « devant le monde entier que sans le Vietnam, nous serions tous morts. » Il précise qu’il ne voit aucune objection à ce que les KR soient jugés.
17 novembre 91 : Arrivée d’une délégation de KR conduite par Son Sen. Ce dernier est le premier KR à revenir à Phnom Penh après 16 ans d’absence.
Conférence de presse de Hun Sen qui ne voit aucune objection au rétablissement de la monarchie. Il considère que le P.P.C. et le F.U.N.C.I.N.P.E.C. ont les mêmes objectifs.
De Bangkok, le ministre des Affaires étrangères thaïlandais annonce que Pol Pot a quitté la province de Trat pour une base du P.K.D. au Cambodge.
20 novembre 91 : Le gouvernement de l’EdC et le P.P.C. (Hun Sen) publient un communiqué qui dénonce le coup d’État du 18 mars 1970 et reconnaissent Sihanouk de ce fait comme chef de l’État. Première réunion du C.N.S. à Phnom Penh en présence de Sihanouk. Toutefois, Khieu Samphan et Son Sann sont absents.
20 - 22 novembre 91 : Visite du ministre des Affaires étrangères français, Rolland Dumas, au Cambodge.
23 novembre 91 : Sihanouk annonce la formation prochaine d’un gouvernement de coalition F.U.N.C.I.N.P.E.C.-P.P.C. Son Sann estime quant à lui qu’il n’y a qu’un seul gouvernement : le C.N.S.
Le ministre des Affaires étrangères français, Rolland Dumas, s’interroge et confie au journal Le Monde : « Il vaut mieux englober des forces vives que de les tenir à l’écart et les laisser en proie à la tentation de revenir au passé. » (cité in Richer, 2009, p. 94)
26 novembre 91 : Sihanouk, après avoir évoqué dans un discours la mort de ses enfants sous la dictature kr, considère Hun Sen comme son « fils ». Il estime alors que 80 % du Cambodge est sous son contrôle et estime que « ce gouvernement [Conseil national suprême, quadripartite] est le moins mauvais possible ». Sihanouk confie la gestion du pays à une équipe formée de membres du P.P.C. et du F.U.N.C.I.P.E.C. de son fils le prince Ranariddh (Richer, 2009, p. 95).
Le bureau du président du C.N.S. (Sihanouk) publie un communiqué annonçant que les 4 factions « officiellement et solennellement déclarent que Samdech Preah Norodom Sihanouk a été le chef de l’État légitime et de plein droit du Cambodge depuis 1960 ». On gomme donc d’un trait de plume la longue éviction de Sihanouk à partir de 1970.
27 novembre 91 : Kieu Samphan, ex-KR membre du Conseil national suprême (C.N.S.), échappe de peu à une foule de 10 000 personnes prête à le lyncher à Phnom Penh. La manifestation a été organisée par les autorités locales (avec la probable bénédiction de Hun Sen) et les deux ex-KR ne doivent leur vie sauve qu’à Hun Sen qui les fait évacuer par hélicoptère vers la Thaïlande (Richer, 2009, p. 95). Le Cambodge est et demeure un pays déchiré et vindicatif où l’idée d’un retour à la paix est loin d’être la mieux partagée. Hun Sen demeure quant à lui un dictateur qui manipule les foules et la répression des manifestations pour intimider ses adversaires et ainsi en arriver à ses fins.