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par Jean-François Jagielski

Nguyen Huu Tho

Nguyen  Huu Tho : Né le 10 juillet 1910 dans le village de Long Phu, canton de Long Hung Ha, district de Trung, province de Cholon dans une famille de fonctionnaires. En 1921, ses parents l’envoie faire ses études en France au lycée Mignet d'Aix-en-Provence. En 1928, après sept années d'excellentes études, Tho est accepté par l'Université d'Aix-en-Provence pour y étudier le Droit. En 1932, il obtient son diplôme avec distinction. En mai 1933, Nguyen Huu Tho quitte Marseille et retourne à Saigon. Il retourne auprès de ses parents à My Tho et postule comme avocat stagiaire dans un cabinet à Tien Giang. En 1939, Nguyen Huu Tho passe l'examen du barreau pour devenir avocat indépendant. Il ouvre deux cabinets l’un à My Tho, puis un autre à Vinh Long. A 30 ans, sa réputation de nationaliste est faite dans toute la Cochinchine.

Au milieu de 1946, le gouvernement colonial l’a nommé juge principal du tribunal civil de la province de Vinh Long, mais, à cette époque, il a déjà secrètement mais timidement contacté la résistance. Fin 1946, il a pris contact avec le Comité administratif de la Résistance du Sud basé à Dong Thap Muoi qui lui demande de mettre ses talents au service de la cause. Début 1947, il part pour Saigon et y ouvre un nouveau cabinet. Il se lie au cercle des intellectuels de la ville qui publie une déclaration exigeant que le gouvernement français cesse la guerre d'agression, négocie avec le gouvernement Ho Chi Minh pour rétablir la paix sur la base de l'indépendance et de la liberté du Vietnam.

Un dimanche de 1948, alors qu’il fait une promenade en voiture dans la campagne saïgonnaise, il est arrêté par un barrage du VM. Il est reconnu et traité avec sympathie, emmené dans une base clandestine où des cadres lui expliquent le sens de leur lutte. Il est finalement libéré. Il évoquera cet épisode dans son discours lors du 1er Congrès du front en mars 1962 : « Ce séjour en zone libérée m’a fait réfléchir. Cadres, soldats et population me paraissaient unis autour d’un idéal commun. Tout le monde désirait une charge de responsabilité plus grande dans le combat. Et moi, j’étais reçu et traité comme un frère, alors que je n’avais rien fait pour ma patrie. » (cité in Chaffard, 1969, pp. 243-244)

Il s’engage alors plus : le 16 mars 1950, il participe à une manifestation contre la présence d’une escadre américaine dans le port de Saigon. Arrêté le 19 mais étant de nationalité française, il est envoyé pour deux ans non à Poulo Condore mais en résidence surveillée dans la région de Lai Chau en Haute-Région. Libéré en 1952, il reprend son activité d’avocat et se fait le défenseur des causes nationalistes.

Il devient membre du Comité de la paix Saigon-Cholon fondé le 1er août 1954 et est arrêté à ce titre une seconde fois le 7 novembre mais sera relaxé, ce qui n’empêche pas qu’il soit à nouveau placé en résidence surveillée à Tuy Hoa sur la cote d’Annam puis à Cung Son dans la province de Phu Yen. Gravement malade, il aurait pu être gracié par Diem sur intervention du bâtonnier Motais (Chaffard, 1969, p. 247, note 3).

En août 1954, il commence à s’opposer plus fermement au régime diémiste en devenant l’un des fondateurs du Mouvement pour la défense de la paix et des accords de Genève. Selon l’un de ses protecteurs, le bâtonnier Motais, « c’est avec Diem que changea le comportement de Tho. De sceptique et tolérant, il devint enragé ; enragé contre la dictature, contre l’oppression de ce régime policier et concussionnaire. » (cité in Chaffard, 1969, p. 246)

Le 9 février 1955, Diem l’exile à nouveau en l’envoyant avec 26 membres du Mouvement de la paix à Haïphong dans la zone encore occupée par les Français. Il est ramené à Saigon le 23 avril 1955. S’ensuit une longue période de 6 ans et demi de détention arbitraire avec d’autres membres du Mouvement en résidence surveillée à Hoa Thinh, Phu Yen et Tuy Hoa.

Le F.N.L. se constitue en 1959.  Les 19 et 20 décembre 1960 a lieu dans la région de Tay Ninh la formation du Front National de Libération du Sud-Vietnam (F.N.L.) (Truong Nhu Tang, 1985, pp. 84-98). Tho est pressenti pour en être le président. Mais il ne faudra pas moins de trois tentatives pour le libérer, ce qui ne sera fait qu’en octobre 1961. Tho prend la présidence du F.N.L. lors du premier Congrès du Front national de libération du Sud-Vietnam qui se déroule du 16 février au 3 mars 1962 à la base de Ka Tum près de Tay Ninh. Un poste qu’il occupera 15 ans durant jusqu’à la défaite des forces américaines puis s-v.

Après la prise de Saïgon, il ne jouera plus qu’un rôle secondaire dans le Vietnam réunifié.

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