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par Jean-François Jagielski

Mai 1962

Mai 62 : Kennedy fait envoyer 5 000 Marines en Thaïlande pour faire face à la menace n-v au Laos. Les U.S.A., suite aux accords de Genève de 1954 concernant le Laos, établissent le retrait de leur personnel, soit 666 hommes. Selon Kissinger, les N-V n’entendent pas respecter pas l’accord et n’évacuent que 40 hommes sur les 6 000 présents sur le territoire laotien. Avec l’intensification de l’utilisation de la piste HCM, ils concentrent leur troupe au sud du pays (Kissinger 1, 1979, p. 467). A cette époque, la moitié de la superficie du Laos est occupée par les forces communistes du Pathet Lao (Rignac, 2018, pp. 160-161).

McN se rend pour la première fois au Vietnam (Baulon, 2009, p. 430). A la fin de son voyage, il déclare aux journalistes : « Je n’ai vu que des progrès et des signes d’espoir de progrès encore plus grands dans l’avenir. » En bon technocrate, il se réfugie derrière les rapports falsifiés d’Harkins : « Chaque mesure quantitative dont nous disposons indique que nous allons gagner la guerre. » (cité in Pericone, 2014, p. 63)

Au Cambodge, arrestation de presque tous les dirigeants du Pracheachon dont Non Suon (qui restera en prison jusqu'en 1970) et Keo Meas. Chou Chet, le rédacteur en chef du journal Pracheachon est également arrêté de même que son confrère de Pancha Shila accusé d'avoir imprimé un poème du XVIIIe siècle invitant les fonctionnaires de la cour à ne pas maltraiter les gens.


1er mai 62 : Nomination de John Mecklin à la tête l’United States Information Agency (U.S.I.A.) à Saigon. Cette agence a la charge de relayer l’information officielle et de gérer les relations avec les journalistes. Elle est entièrement placée sous l’autorité de l’ambassadeur américain au S-V, Nolting.


6 mai 62 : Au Laos, rompant un cessez-le-feu qui n’a jamais été appliqué, le Pathet Lao attaque les troupes repliées de Phoumi Nasaran qui avaient été repoussées en janvier après avoir elles-mêmes attaqué vers le Nord. Les troupes de Nosavan (7 000 hommes) se réfugient dans une vallée située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Nam Tha « dans une situation du type de celle de Dien Bien Phu » (Burchett, 1970, p. 164). Selon Schlesinger, le VM  a appuyé la contre-offensive du Pathet. Kennedy hésite et fait finalement appel à des renforts thaïlandais le 15. La progression du Pathet Lao vers la frontière thaïlandaise est donc stoppée mais les troupes de Nasaran, durablement bloquées et bien que ravitaillées et renforcées par un pont aérien américain, demeurent cernées (Schlesinger, 1966, pp. 466-467). La tentative de sauvetage par une colonne de secours prise elle-même dans une embuscade échouera.


Mi-mai 62 : Fortes dissensions entre les militaires s-v (soutenus par Diem et Nhu) et l’administration Kennedy. Elle porte sur 4 points : l’utilisation du napalm et des défoliants, les free-zones (zones où l’aviation américaine bombarde au jugé et dans lesquelles les troupes tirent à vue) et l’utilisation d’appareils à réaction. Selon des rapports de l’armée s-v, la débauche de moyens de destruction heurte la population et la pousse dans les bras du Vietcong (Halberstam, 1974, p. 247).


24 mai 62 : Un article d’un correspondant du journal britannique Times à Washington intitulé « La C.I.A. responsable de la crise au Laos » accuse l’agence d’être à l’origine de la défaite de Nam Tha (voir 6 mai) : « L’administration est maintenant convaincue que la C.I.A. s’est encore amusée à ses petits jeux favoris et porte une lourde responsabilité dans la situation créée au Laos […] Il semble que les agents de la C.I.A. qui pullulent au Laos se sont délibérément opposés à l’objectif officiel américain de mettre sur pied un gouvernement neutre. On croit savoir qu’ils ont poussé le général Phoumi Nosavan à la concentration de ses troupes et que c’est cela qui amena la riposte immédiate et brutale du Pathet Lao. » (cité in Burchett, 1970, pp. 167-168)

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