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par Jean-François Jagielski

Mai 1947

Mai 47 : Au Sud, importants combats entre les caodaïstes profrançais et le VM. Des massacres ont lieu des deux côtés (Goscha, 2002, p. 50). Le Daï Viet et le V.N.Q.D.D. sont interdits par décret de la R.D.V.N. (Goscha, 2002, p. 52).

91 % des électeurs communistes français se prononcent pour une solution pacifique immédiate au Vietnam (65 % chez les électeurs socialistes, 45 % de ceux du Rassemblement des Gauches et 34 % de ceux du M.R.P.) (Ruscio, 1985, p. 165).


1er mai 47 : Les communistes français manifestent désormais ouvertement leur opposition à la politique de gouvernement au sujet du Vietnam. « Paix au Vietnam ! » est l’un des slogans les plus repris dans les défilés du jour.

Auriol invite Ramadier à poser la question de confiance au gouvernement lors de la séance du 4 mai (Gras, 1979, p. 175).

Les effectifs français au Tonkin atteignent à cette date les 26 600 hommes (Gras, 1979, p. 181).

Bollaert multiplie les gestes de bonne volonté envers le VM : levée de la censure militaire et politique ; suspension de l’état de siège à Hanoi et Haïphong (Devillers, 2010, p. 458).

Paul Mus (chargé de mission auprès de Bollaert) rencontre de son côté à nouveau Dang Phuc Thong (émissaire du VM) lors d’un déjeuner en tête à tête qui a lieu, cette fois, sans témoins. Selon le rapport qu’en fait l’émissaire du VM saisi par les autorités françaises (voir 14 mai), Mus est plus disert que lors de leur première rencontre (le document ne précise pas la date de cette rencontre). Il n’apprécie guère « les vérités officielles » et désapprouve l’attitude des militaires depuis l’affaire de Haïphong de la fin novembre 1946. Ancien résistant, Mus connaît le sentiment qu’éprouve son interlocuteur. Il exprime son admiration à l’égard d’HCM qui incarne « le mieux l’idéal patriotique vietnamien ». Il critique la déclaration du 25 mars 1945, chère au De Gaulle de l’époque, qui a été rédigée en partie par Pignon avec des arrière-pensées colonialistes. C’est lui qui est à l’origine des mots « Union française » qu’il a préférés à ceux de « Communauté française » car dans les premiers, selon lui, la France n’impose rien. Il y a, selon lui et au contraire, l’idée d’« une complète égalité et d’une libre adhésion ». Le concept d’« Union » suppose que le Vietnam et la France construisent la chose ensemble, avec le respect d’une autonomie diplomatique et militaire et l’existence d’une banque nationale « à majorité vietnamienne ». L’arrivée récente de Bollaert au poste de haut-commissaire ne peut que correspondre à une ouverture politique allant en ce sens (Bodinier, 1989, pp. 399-402).


3 mai 47 : Répondant à la demande de précision de Ramadier en date du 29, Bollaert les communique au gouvernement. Les exigences françaises ont été fortement renforcées par Valluy et Coste-Floret (présent au Vietnam), à tel point qu’elles sont devenues inacceptables pour le VM. Ce dernier doit livrer la moitié de son armement, le maintien de l’ordre et la sécurité ne sera assurée que par les Français, la libre circulation des troupes ne concernera que les Français. Tout est fait par le ministre de la Défense et le commandant en chef pour torpiller tout espoir d’armistice (Chaffard, 1969, p. 124-125 ; Devillers, 2010, p. 458).

Coste-Floret quitte Saigon pour Hué. Sur le chemin de l’aéroport il confie à Valluy : « Tout faire pour dissuader Bollaert de traiter avec Ho Chi Minh. » (Chaffard, 1969, pp. 123-124 ; Devillers, 2010, p. 459)


4 mai 47 : La question de confiance confirmant le gouvernement est posée. Les communistes, qui s’étaient abstenus au moment du vote des crédits de guerre pour l’Indochine (voir 19 mars), cette fois la refusent sur une question anodine de salaires et de contrôle des prix. Ramadier les congédie donc. Alors que jusque-là les communistes français avaient été conciliants en ne s’opposant pas directement au conflit indochinois, ils dénigrent cette attitude et entrent dans une opposition affirmée à la « sale guerre » désormais qualifiée de « guerre impérialiste ». Malgré le vote communiste, le gouvernement ne tombe pas. Désormais, les socialistes et le M.R.P. vont devoir s’appuyer sur des partis modérés pour obtenir une majorité. Or ces derniers sont peu favorables pour entamer des négociations avec le VM (Gras, 1979, p. 175).


5 mai 47 : Le J.O. publie un décret mettant fin aux fonctions des ministres communistes dans le gouvernement Ramadier. Ce qui donne plus de poids aux ministres M.R.P., peu favorables aux négociations avec le VM.


6 mai 47 : Au Cambodge, promulgation de la première constitution qui fait du pays une monarchie parlementaire. Le texte institue la liberté d’écrire, d’imprimer, de publier. Il reconnaît la liberté de conscience et de culte, de droit de libre association et de réunion, l’accès à tous les emplois publics, le droit de pétition. Il est calqué sur le modèle français de la IVe République : une assemblée nationale, un président du Conseil seul chef de l’exécutif (prince Youthevong qui décèdera en juillet). Le roi et le conseil du Royaume n’ont qu’un rôle honorifique. Le parti démocrate manifeste une attitude nationaliste modérée, critiquant la France de n’avoir pas accordé une autonomie jugée suffisante par lui. L’idée d’indépendance à plus ou moins long terme est présente dans les esprits mais sans un nécessaire recours au conflit. La France contrôle les décisions par le biais d’un commissaire de la République et fait arrêter une quinzaine de démocrates jugés trop virulents dont le vice-président de l’assemblée, Sim Var et Cham Roeum, directeur de cabinet du premier ministre Youthevong (Gras, 1979, pp. 230-231).

Bollaert  inaugure une conférence économique fédérale à Dalat qui, selon le VM, « lèse nettement les droits du Vietnam. » (Bodinier, 1989, p. 438)


9 mai 47 : Paul Mus, conseiller politique de Bollaert, traverse les lignes du VM au Pont des Rapides (60 km d’Hanoi) et a un premier entretien avec Hoang Minh Giam, ministre des Affaires étrangères de la R.D.V.N.  (Fall, 1960, p. 115). Il rencontrera HCM le 12.


10 mai 47 : Le général de brigade Pierre Boyer de la Tour est convoqué à Paris par le général Revers (chef d’État-major) pour rejoindre l’Indochine. Bien que ne connaissant rien de ce théâtre d’opération, il est choisi pour avoir commandé des troupes de montagnes pendant la SGM. Il serait potentiellement affecté dans les combats qui se déroulent à la frontière de la Chine, ce qui ne sera toutefois absolument pas le cas (Boyer de la Tour, 1962, p. 19).


11 mai 47 : A l’image du Cambodge, le roi du Laos promulgue une constitution qui fait du royaume une monarchie constitutionnelle (Gras, 1979, p. 233).


12 mai 47 : Paul Mus (conseiller politique de Bollaert) se rend au Q.G. d’HCM dans la province de Thai Nguyen. Il a déjà eu des contacts avec un émissaire du VM qui l’avait trouvé modéré (voir 1er mai). Sans « immunité diplomatique », sans même un écrit, il restitue oralement à HCM et Hoang Minh Giam (Affaires étrangères) les 4 conditions du gouvernement français en vue d’« une suspension d’hostilités » (voir 3 mai) : reddition des troupes vietnamiennes aux Français sans armes ; libre circulation des troupes françaises sur tout le territoire du Vietnam ; remise des prisonniers français ;  remise de tous les étrangers passés dans les rangs du VM (déserteurs). Sur ce dernier point, Mus précise : « aucune spécification n’était fournie sur ce que nous comptions en faire ». HCM considèrent les demandes françaises inacceptables et même franchement déshonorantes. Il dit à Mus : « Dans l’Union française dont vous me parlez, il ne saurait y avoir de place pour les lâches, si j’acceptais ces conditions, j’en serais un. » (Mus, 1952, pp. 315-316)  Mus, scientifique et fin connaisseur du Vietnam mais non initié à la diplomatie, s’en tient strictement au mandat qu’il a reçu et ne prend pas sur lui de rapporter des contre-propositions qui auraient pu ouvrir la voie à une négociation plus poussée. Émile Bollaert le regrettera ultérieurement mais sans avoir donné à son émissaire des instructions claires sur ses éventuelles marges de négociation. La situation est donc bloquée comme l’indique un compte rendu du VM (cité in Bodinier, 1989, pp. 415-416). Bollaert est prêt à faire quelques concessions de détail mais sans même les faire connaître. Paul Mus confiera ultérieurement à Philippe Devillers qu’à son sens, les autorités françaises considérant les avancées du VM comme un aveu de faiblesse, ont tout fait pour que cette rencontre échoue (voir 7 août). Selon Giap, « Paul Mus avait promis  de nous envoyer quelques jours après un texte officiel mais nous ne devions jamais le recevoir. » (Giap 1, 2003, p. 112).

Dans un télégramme du ministère de la Défense nationale du gouvernement intercepté par les Français, le VM en conclut : « […] En conséquence, ne soyons pas subjectifs, quant aux négociations et préparons-nous à outrance, en vue de la résistance. Il convient de porter cette nouvelle à la connaissance de la population civile et de la troupe, sans toutefois la proclamer en public (?). Il faut faire haïr les colonialistes réactionnaires français par la population civile et les troupes et « stimuler l’esprit de résistance à outrance ». » (cité in Bodinier, 1989, pp. 391-392) L’« offensive de paix » d’HCM a fait long feu. L’« hypothèque » des négociations avec lui étant définitivement levée, plus rien ne s’oppose à la future « solution Bao Daï ».

De son côté, Valluy informe Bollaert du contenu d’un autre télégramme intercepté du VM : « Expliquez à l’avance et portez à la connaissance des compatriotes que l’armistice est le maximum de résultat obtenu par cette offensive de paix. Nous devons profiter de cette période pour nous renforcer. Après celle-ci, les combats recommenceront. Préparez-vous toujours et tenez-vous prêts sans être dupes de l’ennemi comme cela s’est passé au Nam Bo après le 6-03-46. » (cité in Bodinier, 1989, p. 393)


13 mai 47 : Le VM analyse les propositions de « l’offensive de paix » lancées par HCM de la manière suivante : « […] Le résultat positif ou négatif de nos propositions de négociations dépend de l’attitude de l’ennemi. Il ne faut surtout pas perdre de vue que la diplomatie (textuellement : les relations extérieures) est une chose, et la résistance une autre chose. Nous sommes dans l’obligation de combattre pour nous défendre, aussi devons-nous continuer les travaux de résistance comme auparavant, et nous devons même pousser ces travaux plus activement que jamais pour que notre « diplomatie » obtienne des résultats. Il ne faut pas que la nouvelle des propositions du gouvernement ralentisse les travaux de résistance […] Il faut faire comprendre à la population que cette « offensive de paix » (en français dans le texte) ne peut tout au plus qu’arrêter les hostilités pendant un certain temps, que nous devons mettre à profit pour nous préparer, mais la guerre reprendra. Il faut toujours être prêt, pour ne pas être trompé par l’ennemi comme en Cochinchine après le 6 mars dernier. » (cité in Bodinier, 1989, p. 393)


14 mai 47 : Un bulletin de renseignement de l’armée française daté de ce jour mentionne 2  entrevues entre Dang Phuc Thong (émissaire du VM), Léon Pignon et Paul Mus. Un compte-rendu de ce document, pris sur un agent de liaison du VM a été saisi. Les propos des deux entretiens sont donc rapportés par l’émissaire. Celui-ci a rencontré dans le courant des mois de mars-avril et début mai successivement Léon Pignon (ancien directeur des affaires politiques sous D’Argenlieu) et Paul Mus (actuel chargé de mission auprès de Bollaert). Le ton des entretiens diffère totalement d’un interlocuteur à l’autre (voir 1er mai).

Dans le premier entretien, Pignon a évoqué en mars dernier les accords du 6 mars 1946 qui, selon lui, manquent de précision. La faute en incombe au ministère des Colonies. Lui-même était favorable à la réunion des trois Ky dans le cadre de l’Union française. Les choses avaient bien démarrées à Dalat en août 1946 mais ont capoté à Fontainebleau. Le modus vivendi du 14 septembre est un acte de faiblesse. Pignon a évoqué ce point de vue avec Moutet qui lui a répondu : « Je le sais bien, mais je compte sur l’amitié du président Ho pour aplanir les difficultés qui pourraient surgir au moment de sa mise en application. » La discussion entre lui et l’émissaire n’a abouti à rien : Pignon demeure sur ses anciennes positions. Il veut bien traiter, mais avec une autre formation gouvernementale que celle qui est en place depuis le 19 décembre 1946 tout en n’écartant pas foncièrement HCM.

Selon le même document, le délégué du VM a fait un long compte-rendu de sa rencontre avec Paul Mus Mus (conseiller de Bollaert, voir 1er mai) qui paraît quant à lui plus à l’écoute des souhaits du VM que Pignon (Bodinier, 1989, pp. 397-402).

Déclaration de Paul Coste-Floret (ministre de la Guerre présent au Vietnam) au Figaro : « J’estime qu’il n’y a plus désormais de problème militaire en Indochine. Le succès de nos armes est complet. » (cité in De Folin, 1993, p. 195). Certes Valluy a remporté quelques succès mais il n’a pu les exploiter, faute de moyens suffisants en hommes. Paris lui a refusé des renforts car Bollaert, trop confiant en sa politique de négociations avec HCM, a accepté au préalable des réductions d’effectifs. Le commandant en chef songe alors au départ (voir 25 mai).


15 mai 47 : Discours de Bollaert à Hanoï : « La France restera en Indochine et l’Indochine au sein de l’Union française. C’est le premier axiome de notre politique ». Il redéfinit « la formule d’Union française [qui] entend accorder aux États toute indépendance compatible avec l’existence de l’Union ». Il ne reconnaît en aucun cas au seul VM la capacité à représenter à lui seul le peuple vietnamien (texte de l’allocution cité in Devillers, 1952, pp. 388-389). Bollaert déclare que la France accueillera les propositions de tous les partis vietnamiens : « Que les représentants de tous les partis vietnamiens viennent à nous. Je dis : de tous les partis, car nous ne reconnaissons à aucun groupe le monopole de la représentation du peuple  vietnamien. » (cité in Devillers, 2010, p. 460) Pour Bollaert, HCM n’est donc plus le président mais le simple porte-parole d’un parti parmi d’autres.

Ramadier trouve excessives les conditions posées par le général Valluy et Coste Floret (Défense) pour la mise en place d’un cessez-le-feu. Il demande bien tardivement à Bollaert de lui soumettre un texte moins sévère.

Le gouvernement vietnamien décrète la circulation d’une monnaie nationale dans l’ensemble du Vietnam (Giap 1, 2003, p. 109).

Discours de De Gaulle à Bordeaux devant un auditoire R.P.F. : « Pour nous, dans le monde tel qu’il est et tel qu’il va, perdre l’Union française, ce serait un abaissement qui pourrait nous coûter jusqu’à notre indépendance. La garder et la faire vivre c’est rester grands et, par conséquent, rester libres. Voilà bien l’une des tâches de salut national pour lesquelles le peuple français doit maintenant, se rassembler ! » (cité in Turpin, 2005, p. 335)


16 mai 47 : Départ de Salan pour l’Indochine. Il arrivera à Saigon le 19 où il prend le commandement du Nord (Salan 2, 1971, pp. 57-58).


18 mai 47 : Les Hoa Hao rompent avec la R.D.V.N. Nguyen Binh a soupçonné leur chef, Huynh Phu So, d’être en connivence avec les Français et l’a fait exécuter « pour crime de trahison  envers la patrie », avec l’approbation du Comité exécutif de la résistance du Nam Bo (voir 17 mars) (Goscha, 2002, p. 51 ; Bodard, 1997, pp. 95-98). Son successeur, Nam Lua (futur général Tran Van Soï), signe une convention militaire avec les Français qui forment et arment 2 500 Hoa Hao dans la région de Cantho pour combattre le VM (Gras, 1979, p. 180 ; convention entre les parties citée in Bodinier, 1989, pp. 463-467).


19 mai 47 : Arrivée de Salan à Saigon. Il a été désigné pour prendre le commandement des T.F.I.N. (voir 25 mai).

Un conseil de défense auquel participe Valluy décide d’abandonner faute de moyens suffisants les opérations de débarquement prévues en Annam et le projet d’occupation de Quang Ngai et Quinhon. Les raids de remplacement à partir de bases terrestres ne seront même pas accomplis, là encore faute d’effectifs suffisants (Chaffard, 1969, p. 127).

Préparation de la « campagne d’automne au Tonkin » : Au cours du conseil de défense du 19 mai 1947, le haut-commissaire de France pour l’Indochine décide que l’effort militaire sera fait au Tonkin en automne (description du projet in Bodinier, 1989, pp. 328-341).


20 mai 47 : Léon Pignon, ancien conseiller politique de D’Argenlieu, est nommé provisoirement Commissaire de la République au Cambodge. Cette nomination est aussi une manière de l’écarter du Vietnam car il n’a pas la confiance du nouveau haut-commissaire.

Un mois après sa nomination au poste de haut-commissaire, Bollaert diffuse auprès des commissaires de la République une circulaire visant à expliquer à ses subordonnés son mode de fonctionnement. Il leur rappelle que « tous les partis politiques sont d’accord sur ce but : il convient de maintenir la présence française en Indochine. » Mais cette présence ne peut être à l’identique de ce qui existait avant la SGM : « L’Empire impliquait la notion d’autorité. La France ne prétend plus désormais imposer sa loi [...] L’ère de l’impérium est révolue. Celle de l’amitié commence. » Et de faire l’éloge du l’Union visant à réaliser « l’interdépendance [des États lui appartenant], car seuls les groupes puissants ont le moyen de faire entendre leur voix dans le concert des nations. » Il exige de son administration une « intégrité morale » absolument irréprochable. Il n’ignore pas les frictions qui existent avec les autorités militaires. Il reconnaît que « l’instruction qu’ont reçue les officiers, les sous-officiers et les soldats du Corps expéditionnaire ne les a pas toujours préparés à l’école de la pacification. Ce sont les fonctionnaires civils qui sont les mieux placés pour les informer de la ligne politique générale et pour leur inculquer l’état d’esprit qui doit inspirer leur action. » (cité in Bodinier, 1989, pp. 245-248)

Lors d’une réunion, Nguyen Binh insiste sur l’importance des coups à porter sur le centre névralgique français de Saigon-Cholon : « Détruire Saigon, c’est détruire l’unique machine d’exploitation des colonialistes français et indochinois, c’est étouffer le colonialiste français. Détruire Saigon, c’est mettre fin aux hostilités, c’est cesser de verser du sang. Détruire Saigon, est une action très légitime et humaine. » Il préconise la création d’un commandement militaire sur place (Bodinier 1989, pp. 363-364).

Exécution par le VM pour « rébellion » du « bonze fou » Huynh Phu So qui dirigeait la secte Hoa Hao. Selon Fall, « le Vietminh fit une véritable Saint-Barthélemy des fidèles Hoa-Hao qui se tournèrent contre le Vietminh. » (Fall, 1960, p. 164).


23 mai 47 : Bollaert annonce qu’il remet « à la nation vietnamienne » le palais du Commissaire de la République à Saigon (Devillers, 2010, p. 191).


24 mai 47 : Suite aux remarques de Ramadier du 15, Bollaert adresse « un projet de convention d’armistice entre les représentants du gouvernement français et le gouvernement de fait présidé de fait par M. Ho Chi-Minh », compromis envoyé le jour même et que le président du Conseil approuvera le 6 juin. Il y est toujours question d’un « projet de convention d’armistice » (voir Bodinier, 1989, p. 260-264), formule totalement inacceptable pour le gouvernement vietnamien. Bollaert propose de lancer le 10 un appel par radio au VM l’invitant à désigner des plénipotentiaires à qui on remettra un texte de projet de convention. Le haut-commissaire sera rappelé à Paris le 14 juillet pour le présenter au gouvernement (Chaffard, 1969, p. 128).


25 mai 47 : Le général de division Salan est nommé officiellement commandant des forces d’Indochine du Nord (T.F.I.N.) en remplacement du général Valluy (qui ne quittera cependant définitivement ses fonctions que le 10 février 1948) (Bodinier, 1987, p. 130).

HCM, malgré l’échec de la rencontre avec Paul Mus (voir 12 mai) n’a pas tout à fait renoncé à traiter avec la France. Mais, en même temps, il lance un appel à la lutte, faisant valoir que les Français n’avaient répondu que par des conditions injurieuses et inacceptables à sa proposition de négociation (Gras, 1979, p. 183). Il déclare : « […] Je donne l’ordre à tous les combattants de l’armée, de la milice populaire et des forces d’autodéfense de lutter résolument, de prendre d’assaut l’ennemi. Que chaque citoyen devienne un combattant de l’armée, de la milice populaire, que chaque village soit une ligne de combat. Nous devons être déterminés à combattre et à accepter des sacrifices pour mettre en pièce les militaristes colonialistes et arracher l’unité et l’indépendance nationale. » (cité in Giap 1, 2003, p. 101)


26 mai 47 : Nguyen Binh ordonne une attaque contre les caodaïstes profrançais dans leur fief même, la région de Tay Ninh (Goscha, 2002, pp. 50-51).


31 mai 47 : Une « convention militaire pour la cessation du feu sur tout le territoire indochinois » est mise à jour côté français (citée in extenso in Bodinier, 1989, pp. 262-264).

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