Letourneau Jean : Démocrate-chrétien issu de la Résistance. Il fait partie avec Georges Bidault des fondateurs du M.R.P. Il occupe plusieurs postes ministériels avant d’occuper celui du ministre de la France d’Outre-Mer puis des États associés (à partir du 12 juillet 1950) presque sans interruption (à l’exception du bref gouvernement Queuille 2) du 29 octobre 1949 jusqu’au 28 juin 1953. Cette durabilité de sa fonction atténue quelque peu les fréquents reproches d’instabilité - par ailleurs légitimes - qui ont été adressés à la IVe République.
Le 29 juin 1950, il participe à la conférence de Pau, censée négocier les accords économiques et douaniers entre la France et les trois Ky suite à la reconnaissance de leur indépendance. En octobre 1950, après la débâcle de la R.C. 4, il se rend avec le général Juin au Tonkin. Il partage l’avis du général quant au regroupement des deux fonctions de haut-commissaire et de commandant en chef qui vont échoir à De Lattre jusqu’en janvier 1951.
Après la mort de ce dernier, il cumule à partir du 19 avril 1951 le poste de ministre des États associés et de haut-commissaire en Indochine. On parle alors du « ministre-résident », solution abandonnée en juin 1953 avec l’avènement du ministère Laniel. Dejean redevient alors « commissaire général de la République ». Avec De Lattre comme avec Salan l’entente est bonne. Il soutient notamment ce dernier dans ses demandes de renforts auprès des gouvernements, sans pour autant obtenir plus de succès que ses prédécesseurs. Comme la plupart des membres du M.R.P., il s’abstient lors de la ratification des accords de Genève. Il critique alors sévèrement la politique de Mendès France à qui il reproche de placer HCM et Bao Daï sur un pied d’égalité. Son bilan sur la durée est cependant mitigé : la solution Bao Daï fonctionne mal ; il est incapable d’infléchir les différents gouvernements auxquels il a appartenu dans le sens d’une politique cohérente en Indochine.