Lacouture Jean : Né en 1921 dans une famille de la bourgeoisie bordelaise. Études de lettres et de sciences politiques. Engagé dans la 2e D.B., il est volontaire pour le départ en Indochine en 1945 au moment de l’arrivée du C.E.F.E.O. en vue de la reconquête de la Cochinchine par Leclerc. Il arrive à Saigon le 2 novembre. Il sert au service de presse du 5e Bureau de l’état-major de la 2e D.B. et écrit dans Caravelle, un journal destiné aux troupes auquel participe également Philippe Devillers (voir sa notice). Il fonde avec le même Paris-Saigon.
En 1946, il rencontre le commandant Paul Mus qui progressivement va prendre position contre la guerre. Selon Lacouture, « ce grand savant était à ce moment l’un des hommes les mieux informé, les plus compétent, dans le sens le plus fort, le plus intense du mot, pour tout ce qui tourne autour du Boudhisme et de l’Asie en général. Il apportait à l’équipe Leclerc des avis et des conseils de qualité incomparable. Au surplus, il s’était fait parachuter en territoire vietminh pour recueillir des informations : il ne s’agissait donc pas là de l’intellectuel frileux des cabinets mais d’un homme qui avait pris des risques pour en savoir d’avantage. » (cité in Pedroncini, 1992, p. 263)
Il a plusieurs entretiens avec HCM et Giap. Ces conversations vont le porter vers un engagement anticolonialiste et l’inciter à quitter l’armée. La personnalité d’HCM le séduit. Il consacrera un chapitre dans son Cinq hommes et la France (1961) au leader communiste qu’il voit comme « une personnalité multiple, miroitante, un type de communiste romanesque et pittoresque ». Il lui consacre un portait plus complet en 1967 sous le titre Ho Chi Minh, quitte à le classer dans la catégorie des tyrans quelques années plus tard, en 1997.
Il poursuit en Indochine une carrière de journaliste. En 1947, il écrit pour la revue Esprit où il décrit une odyssée dans les maquis de Cochinchine et en y décrivant la forte implantation du VM. En 1950, il est reporter pour Combat. En 1951, il entre au journal Le Monde auquel il restera attaché jusqu’en 1975. Il est aussi correspondant pour France Soir en Égypte puis au Moyen-Orient, couvre le conflit algérien en 1957. Il mène en parallèle une carrière d’écrivain et publie sur l’Indochine plusieurs ouvrages, seul ou en collaboration avec Philippe Devillers aux éditions du Seuil : La fin de la guerre. Indochine 1954 (1960), Le Vietnam entre deux paix (1965), Viet Nam. De la guerre française à la guerre américaine (1969).
En 1975, il salue la chute de Saigon et ne se montre pas hostile au régime des Khmers rouges, reconnaissant par la suite qu’il a totalement manqué de discernement à leur égard.