Juin 70 : Saloth Sar se rend de Hanoi à Ratanakiri. Il installe son quartier général dans le district de Santuk (Est de la province de Kompong Thom, baptisée « zone 31 » dans la terminologie du futur Kampuchéa Démocratique) (Deron, 2009, p. 263).
Un rapport de la C.I.A. observe que les relations entre les N-V et les KR sont tendues. Elles l’ont toujours été. Des affrontements auraient eu lieu dans la région de Kratié (Shawcross, 1979, p. 253).
Fondation aux États-Unis du National Labor Committee to End the War in Indochina. Il regroupe 13 syndicats (Debouzy in collectif, 1992, p. 35).
Un sondage Gallup indique que seule 7 % de la population américaine est favorable au Students for a Democratic Society (S.D.S.) alors que 42 % du même échantillon se déclare très défavorable (Granjon in collectif, 1992, p. 51). L’Amérique profonde demeure globalement hostile aux idéaux minoritaires d’une certaine jeunesse.
1er juin 70 : Lon Lol décrète la loi martiale au Cambodge (Sihanouk, 1979, p. 255).
4 juin 70 : Après le récent rétablissement des relations diplomatiques entre le S-V et le Cambodge (voir 27 mai), Nguyen Cao Ky, vice-président sud-vietnamien, arrive à Phnom Penh pour une visite officielle de 4 jours (Sihanouk, 1979, p. 255).
17 juin 70 : Rentré à Phnom Penh, Son Ngoc Thanh est nommé conseiller du premier ministre.
24 juin 70 : Sihanouk qui a écrit au président de la République Georges Pompidou reçoit une réponse très administrative qui ménage la chèvre (gouvernement Lon Lol) et le chou (G.R.U.N.K.). Sihanouk, habitué au soutien de De Gaulle, comprend mal le sens de cette réponse et le fait que la France ait maintenu son ambassade à Phnom Penh après le coup de force qui l’a visé (Cambacérès, 2013, p. 176). Les relations entre Sihanouk et Pompidou demeureront toujours tièdes voire tendues.
25 juin 70 : Au Cambodge, la mobilisation générale est décrétée pour les personnes des deux sexes entre 18 et 60 ans.
29 juin 70 : Les forces terrestres américaines et s-v évacuent le Cambodge. Le bilan des pertes n-v s’établit à 11 000 morts et 2 000 prisonniers côté communiste. Les S-V ont eu 600 morts et 3 000 blessés. Les Américains ont perdu 338 hommes au combat. Le bilan est donc mitigé à l’aune des réactions qu’il a entraînées au niveau mondial (Portes, 2016, p. 65 ; Burns Siger, 1992, p. 118).
30 juin 70 : Nixon fait un compte rendu enthousiaste à la télévision des succès obtenus grâce à l’invasion du Cambodge. Il énumère les quantités considérables d’armes et de munitions dont les Américains se sont emparés : 22 892 armes individuelles, 2 509 canons, 15 millions de projectiles, 7 millions de kilos de riz, 143 000 roquettes et munitions pour canons sans recul, 199 552 obus antiaériens, 5 482 mines et 62 022 grenades. Selon lui, cette action sauvera des vies, confortera le calendrier de retrait, la vietnamisation du conflit et amènera « à une juste paix » (Nixon, 1985, pp. 131-132).
La réalité est beaucoup plus mitigée : le moral des troupes est au plus bas (on opère rapidement puis on se retire au plus vite) ; la piste HCM n’a pas été endommagée ; les opérations ont été élargies mais avec moins d’hommes ; les pertes s-v sont importantes car l’armée se bat toujours mal ; le Congrès et une partie de l’opinion américaine et étrangère ont réagi car le mouvement anti-guerre se mondialise ; on a dissimulé des décisions, ce qui veut dire que Nixon continue à mépriser autant la souveraineté nationale que ses représentants. Qui plus est, le but ultime de l’opération, la prise du C.O.S.V.N., n'a pas eu lieu puisqu’il avait été déménagé dès le 17 mars.
Après 6 mois de débat et une obstruction de 7 semaines, vote de l’amendement Church-Cooper au Sénat par 58 voix contre 37. Il vise à : mettre fin au financement visant à retenir les troupes terrestres américaines et les conseillers militaires au Cambodge et au Laos après le 30 juin 1970 ; interdire les opérations aériennes dans l'espace aérien cambodgien en soutien direct aux forces républicaines cambodgiennes sans l'approbation du Congrès ; mettre fin au soutien américain aux forces de la République du Vietnam en dehors du territoire du Sud-Vietnam.
Malgré le vote de cet amendement les bombardements se poursuivront au Cambodge à l’insu du Sénat. Selon les études de Malek Sliwinski, corroborées par les études des cours extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, la guerre civile aurait fait 240 000 morts, dont 17,1 % causées par les frappes aériennes américaines (Locard, 2013, p. 72).