5 juin 68 : Assassinat de Robert Kennedy à Los Angeles, le soir même de sa victoire aux élections primaires de Californie contre le sénateur républicain Mc Carthy (Johnson, 1972, p. 646). Ce sera donc le vice-président Humphrey qui obtiendra l’investiture démocrate aux prochaines élections.
9 juin 68 : Les Américains ont reçu début juin une lettre du président de l’Union soviétique Kossyguine. Les Russes exhortent les Américains à stopper totalement les bombardements sur le N-V. Il laisse entendre que cette décision ouvrirait des « perspectives » de paix. LBJ réunit ses principaux conseillers pour débattre du sens de cette intervention soviétique : une réelle volonté de débloquer la situation ou un piège ? Et quoi répondre ? Au vu de ce qui s’était passé en 1965, intervention des Soviétiques en vue d’une trêve de 37 jours mais qui n’avait abouti à rien, les conseillers de Johnson sont dubitatifs. Rusk estime que le message manque de clarté et qu’il faut demander des précisions. LBJ répond donc à Kossyguine qu’il a besoin d’assurances et de précisions. Il n’obtiendra, selon Johnson, aucune réponse ni des Russes ni des N-V (Johnson, 1972, p. 613).
10 juin 68 : Le général Westmoreland (promu chef d’état-major de l’armée de Terre) est remplacé par le général Creighton W. Abrams à la tête du M.A.C.V. (Colby, 1992, pp. 219-220 ; Spencer, Tucker, 2000, p. 1). Ce départ est aussi celui de l’optimisme à tout-va. Les missions search and destroy sont écartées, tout comme le body count. Abrams n’est pas nommé pour gagner la guerre mais pour préparer le désengagement des troupes américaines et préparer la « vietnamisation » du conflit (Burns Siger, 1992, p. 78). Avec lui, on se recentre sur des opérations de faible ampleur visant à protéger les populations par le biais des C.O.R.D.S. de Robert Komer et Jean Paul Vann qui avait dû quitter ses fonctions militaires de par son attitude critique à l’égard du commandement américain. Elles remportent un certain succès. Mais leurs activités vont être contrariées par la mise en place du radical programme Phoenix (voir juillet). Malgré l’affaiblissement des opérations militaires, les demandes de renforts du nouveau commandant en chef ne vont pas cesser.
12 juin 68 : A Paris, Harriman, chef de la délégation américaine, après avoir rappelé les propos du discours de LBJ du 31 mars, demande à Hanoi « quelques mesures de réciprocité ou modération ». Celles-ci permettraient de restreindre les bombardements sur le N-V qui sont appliqués pour le moment à 80 % et d’aller plus loin dans leur décroissance (voir 30 juillet) (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 197). La position des N-V demeurera durant tout l’été aussi invariable qu’intransigeante : stoppez totalement les bombardements et nous pourrons discuter des autres questions.
De Gaulle décrète l’interdiction de tout cortège et manifestation sur la voie publique liés à la crise vietnamienne et susceptibles de dégénérer en trouble de l’ordre public. Le nouveau ministre de l’Intérieur à poigne, Raymond Marcellin, estime que les organisations « gauchistes, maoïstes et trotskistes » envoient leurs manifestants armés pour transformer les manifestations pacifistes en émeutes visant à déstabiliser le régime et s’en prendre aux ambassades, banques et journaux. Le décret vise toute la mouvance d’extrême gauche : les Jeunesses communistes révolutionnaires, l’Union de la jeunesse marxiste-léniniste, la Fédération des étudiants révolutionnaires, le Parti communiste-léniniste de France. Les réfractaires américains qui ont pris part au mouvement étudiant sont également visés (Stephan Krauss, Warren Hamerman). Les journalistes américains qui leur sont favorables sont inquiétés (Journoud, 2016, pp. 74-75).
14 juin 68 : A l’occasion de la remise de produits pharmaceutiques à l’ambassadeur de la R.D.V.N. au Cambodge et au représentant du F.N.L., Sihanouk déclare : « Nous souhaitons que les discussions de Paris soient couronnées de succès et engagement le processus de paix et l’indépendance complète au peuple martyr du Vietnam et la sécurité à tous les peuples indochinois également victimes du bellicisme américain. » (Sihanouk, 1979, p. 245)
26 juin 68 : Poursuite des négociations secrètes (voir 22 mai) entre Cyrus Vance et Ha Van Lau à Choisy-Le-Roi. Une autre séance aura lieu en juillet et deux autres vers la mi-août. Aucune avancée notable. Les bombardements américains se poursuivent donc sur le N-V dans les limites imparties par le discours de Johnson du 31 mars.
George Ball est nommé ambassadeur des États-Unis à l’O.N.U. en remplacement d’Arthur Goldberg. Il occupe le poste du 26 juin au 25 septembre 1968.
27 juin 68 : La base de Khe Sanh est finalement abandonnée pour des raisons obscures, malgré les moyens récemment mis en œuvre pour sa libération. Ce qui provoquera une exaspération des militaires (Burns Siger, 1992, p. 78). Elle sera réoccupée partiellement le 4 octobre.