Été 62 : Rompant avec leurs engagements sur la neutralisation en cours du Laos, les Américains réintroduisent sous des couvertures variées des observateurs et des conseillers militaires du fait des infiltrations vers le S-V (Chaffard, 1969, p. 289).
Juin 62 : Le conseiller politique de l’ambassade américaine à Saigon, Joseph Medenhall, a un entretien avec le vice-président vietnamien Tho. Il déplore que « la plupart des morts dans cette guerre ne sont pas des combattants vietcong mais bien des civils tués par des forces gouvernementales. » Il ajoute : « Si tous ces morts étaient des Vietcongs, alors la guerre serait déjà finie… » (cité in Pericone, 2014, p. 60)
10 juin 62 : Au Cambodge, élections législatives. Comme en 1958, les candidats du Sangkum (qui ne sont pas plus nombreux que le nombre de sièges à pourvoir) ont été choisis par Sihanouk. Ce choix a été le résultat d'une sélection parmi 314 candidats. Il n'y a plus aucun autre parti en compétition. Le Sangkum remporte donc tous les sièges. Khieu Samphan (futur KR) est élu parmi les représentants de la province de Kandal.
12 juin 62 : Accord définitif pour la constitution d’un gouvernement de coalition au Laos. Souvanna Phouma est premier ministre et obtient le portefeuille de la Défense. Souvanouvong du Pathet Lao devient vice-premier ministre et ministre de l’Économie et du Plan. Phoumi Nosavan fait partie de l’équipe gouvernementale où il obtient le ministère des Finances. Un neutraliste pro-Pathet Lao, Quinim Pholsena, dirige les Affaires étrangères. Comme l’affirme Burchett, « sur la papier, les accords semblaient satisfaisants. Restait à savoir comment cela marcherait. » Les Soviétiques et les N-V auraient aimé que cette réunion des Quatorze nations puisse examiner le cas du S-V mais les Américains s’y opposent fermement (Chaffard, 1969, pp. 262-263 ; Burchett, 1970, pp. 168-169).
15 juin 62 : Au Cambodge, le secteur frontalier du temple de Preah Vihear est demeuré sous occupation thaïlandaise malgré la restitution des territoires occupés depuis 1941 par le traité de Washington du 17 novembre 1946. En octobre 1961, le Cambodge avait décidé de porter l’affaire devant la Cour internationale de La Haye. Elle rend son verdict ce jour-même en déclarant que cette zone se trouve en territoire khmer. Malgré cette décision qui exaspère les Thaïlandais, la zone frontière demeurera en permanence une zone de friction, attisée par des agents de la C.I.A. qui coordonnent les actions. La Thaïlande, avec le soutien les Américains, demeurera sourde aux propositions de Sihanouk de 1964 et 1966 en vue d’établir un pacte de non-agression, de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays et de régler une fois pour toutes la reconnaissance des frontières (Cambacérès, 2013, pp. 139-140).
24 juin 62 : Création d’un gouvernement d’union nationale au Laos sous la direction du prince Souvanna Phouma avec affirmation d’une totale neutralité du pays. Il est désormais soutenu financièrement (ainsi que les forces irrégulières méo dirigées par le général Van Pao) par les Américains qui veulent y maintenir un gouvernement neutre, capable de mettre fin aux infiltrations n-v par la piste HCM (Kissinger 1, 1979, p. 467). C’est une nouvelle illusion des Américains.