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par Jean-François Jagielski

Juin 1952

Juin 52 : Congrès du Lien Viet. Giap adopte une stratégie d’usure à long terme : guérilla dans le delta du Fleuve Rouge, en essayant d’attirer les Français loin de leurs bases.


Début juin 52 : Au Cambodge, le gouvernement démocrate arrête des politiciens qui, avec l'appui de certains éléments de l'armée, ont demandé la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée. Parmi eux, Lon Nol et Yem Sambaur.


4 juin 52 : Au Cambodge, Sihanouk prononce un discours virulent lors de l’ouverture de la session du Parlement. Il dénonce l’attitude du gouvernement et du Parti démocrate : « Dans les bureaux, les écoles, partout on discute politique, on se soupçonne, on complote, on favorise certaines personnes, on coule certaines autres, aux dépens de tout travail constructif, cependant que, dans le pays, on tue, on pille, on assassine. Tout est en désordre, la hiérarchie n’existe plus, et il n’y a plus aucune utilisation rationnelle des compétences. Que le gouvernement définisse une politique claire et s’y tienne. Si le bon côté est la dissidence, que tous les bons patriotes gagnent la forêt. » Il va plus loin affirmant que « si la nation me demande de prendre en main la responsabilité gouvernementale et de l’orienter selon mes vues, afin d’essayer de rétablir une situation plus que compromise, je l’accepterais. » (cité in Cambacérès, 2013, pp. 83-84)


5 juin 52 : Au Cambodge, Sihanouk lance une campagne pour obtenir de la France le transfert des dernières compétences régaliennes qu’elle détient encore dans le royaume. C’est le début de la « Croisade royale pour l’indépendance » qui aboutira à la proclamation d’indépendance du 9 novembre 1953 (Sihanouk, 1979, p. 232).

6 juin 52 : Toujours une grande instabilité dans le gouvernement vietnamien. Tran Van Huu quitte le poste de troisième président du Conseil. Il sera remplacé le 25 par Nguyen Van Tam.


14 juin 52 : Au Cambodge, Sihanouk réunit secrètement son cabinet. Il rédige 3 messages, l’un au parlement, le second au gouvernement et le dernier à la nation. Le gouvernement est déclaré « démissionnaire ». Sihanouk demande à l’assemblée nationale les pleins pouvoirs. Elle est menacée de dissolution en cas de refus. Le message à la nation annonce que le roi va prendre le pouvoir pour 3 ans. Il s’engage à pacifier le pays, opérer des réformes sociales, assainir l’administration et les finances publiques. Il n’oublie pas d’évoquer la question de l’indépendance (Cambacérès, 2013, p. 84).


15 juin 52 : Au Cambodge, Sihanouk, refusant de jouer le rôle de simple monarque constitutionnel, dissout le gouvernement dirigé par Huy Kantoul, leader du parti démocrate (voir 4 juin). Il se dit prêt à prendre le pouvoir, s’engage à réaliser dans un délai maximum de 3 ans l’indépendance et s’en prend à l’opposition. Le pays est au bord de la guerre civile. Ce geste est considéré par les opposants au roi comme un coup d’État. Il pousse certains étudiants parisiens à adhérer au P.C.F., dont Saloth Sar, le futur Pol Pot, qui se verra retirer sa bourse d’étude en France pour agitation et manque d’assiduité. En août, il publiera dans le mensuel de l'Association des Étudiants khmers (A.E.K.) intitulé Khmer Nisut (L'étudiant khmer), un pamphlet signé d’un pseudonyme et intitulé : « Qu’est-ce que la monarchie ? » La réponse à cette question est cinglante : « L’ennemie du peuple exploité comme un troupeau d’esclaves pour nourrir le monarque et ses courtisans ; l’ennemie de la religion ; l’amie du colonialisme, enfin, l’ennemie de la connaissance. » L’auteur prône un retour à la démocratie, « le contraire de la monarchie [car] le pouvoir revient à une majorité du peuple. » (Richer, 2009, p. 21)


16 juin 52 : Au Cambodge, le parlement cède au coup de force de Sihanouk. Il décide cependant de demeurer en fonction. Il refusera de voter le budget en décembre (Cambacérès, 2013, pp. 84-85) Sihanouk, roi constitutionnel, forme un  cabinet qu’il dirige et qui demeurera en place jusqu’au 23 janvier 1953. Il demande les pleins pouvoirs que lui refuse le parlement d’où la dissolution du 13 janvier 1953 (Jennar, 1995, p. 146 ; Tong, 1972, p. 62).


16 - 17 juin 52 : A Washington, on discute de la question indochinoise.


24 juin 52 : A Saigon, ce qui n’était alors qu’une simple légation devient officiellement une ambassade américaine. Donald R. Heath occupe alors le poste d’ambassadeur.


25 juin 52 : Donald R. Heath est reconduit au poste d’ambassadeur des U.S.A. à Saigon avec le grade d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire. Il présentera ses lettres d’accréditation le 11 juillet. Les Français l’apprécient.

Le président du Conseil vietnamien, Tran Van Huu, est remplacé par Nguyen Van Tam, homme à poigne de nationalité française soutenu par De Lattre, ancien chef de la Sûreté générale indochinoise puis ministre de l'Intérieur qui s’est signalé par la brutalité de ses méthodes répressives. Il est le quatrième président du Conseil et demeurera en poste jusqu’au 11 janvier 1954. Nguyen Van Tam est foncièrement anticommuniste (deux de ses fils ont été assassinés par le VM en 1945). Le nouveau chef du gouvernement entend cependant donner une base populaire à son gouvernement en faisant élire une assemblée nationale. En attendant, un Conseil national représentatif est mis en place (voir 1er septembre) (De Folin, 1993, pp. 220-221).

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