Juin 41 : Les liaisons entre l’Indochine et la métropole sont de plus en plus difficiles. Les bâtiments de guerre anglais et néerlandais arraisonnent les navires français. Dès novembre, le trafic sera interrompu (Isoart, 1982, p. 97). L’Indochine est isolée.
6 juin 41 : HCM lance un appel à la résistance anticoloniale, contre les Japonais et les Français, réaffirmant ainsi une identité nationale et historique du Vietnam. A cette époque, il s’inspire directement du modèle de la révolution chinoise durant l’occupation japonaise mais dans un contexte qui demeurera difficile jusqu’en 1943. Par son discours nationaliste, il cherche à gagner la confiance des populations rurales en organisant des comités de villages élus dans les zones contrôlées.
12 juin 41 : Decoux fait savoir au ministre des Colonies que « la nécessité de la collaboration franco-allemande avait été franchement admise » en Indochine. Ce qui ne peut que contenter le vice-amiral qui, de 1940 à 1943, assume pleinement les idéaux du régime de Vichy. Ceux de la Révolution nationale : application stricto sensu des décrets (y compris ceux concernant les juifs et les francs-maçons), antigaullisme, mise en place de la Légion des Combattants, propagande anti-alliée de la presse locale, arrestation, emprisonnement ou exécution (voir 9 avril) des opposants au régime de Vichy (De Folin, 1993, p. 31). Dans ses mémoires, Decoux déclare « qu’entre l’anarchie démocratique et le despotisme hitlérien il y avait place pour un régime d’autorité saine, pondérée, normale. » Selon De Folin, « […] l’amiral était littéralement obsédé par ce qu’il croyait être sa mission suprême, garder l’Indochine à la France et ce, quel que soit son régime. » (De Folin, 1993, p. 33) Pour Decoux, le seul interlocuteur ne peut être que Vichy car il est le seul régime avec lequel les Japonais négocieront, selon lui, avec la plus grande modération.
28 juin 41 : Préoccupé par l’activité jugée trop pronippone de la secte caodaïste, l’amiral Decoux envoie son « pape » Pham Cong Tac en exil à Madagascar (île de Nosy Lava). Il fait occuper le « Saint Siège » de Tay Ninh par l’armée française. Pour autant, la secte demeurera pronippone et collaborera étroitement avec la toute puissante Kempeitaï (police politique nippone) (Isoart, 1982, p. 149).