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par Jean-François Jagielski

Juillet 1989

1er juillet 89 : Suite au massacre de la place Tien Anmen et à la répression qui le suit, les Occidentaux demeurent indécis sur les sanctions à prendre à l’égard de la Chine. Elles sont plus morales (isolement politique) que commerciales et financières (Bui Xuan Quang, 2000, p. 750).


2 juillet 89 : Mort d’Andreï Gromyko, chef de la diplomatie soviétique depuis 25 ans (Bui Xuan Quang, 2000, p. 750).


4 – 6 juillet 89 : Visite officielle de Gorbatchev en France. Accord sur la tenue de la Conférence sur le Cambodge à Paris (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


5 juillet 89 : De Pékin, Sihanouk se dit « pessimiste » quant à l’avenir de la Conférence de Paris.

En Chine, violentes critiques contre Zhao Ziyang (secrétaire général du P.C.C. récemment destitué). Restriction des libertés publiques (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


6 juillet 89 : Conférence annuelle de l’A.S.E.A.N. à Brunei (Malaisie). Le secrétaire d’État américain James Becker (administration Bush) déclare que les États-Unis sont « favorables à un partage du pouvoir entre Sihanouk et Hun Sen » (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


9 – 10 juillet 89 : Arrivée de Sihanouk à Paris. Il est reçu par Roland Dumas (ministre des Relations extérieures) et François Mitterrand. Annonce de la conférence internationale sur le Cambodge qui doit se tenir à Paris du 30 juillet au 2 août. Elle sera coprésidée par la France et l’Indonésie (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


11 juillet 89 : Selon le général Tran Con Man, directeur du quotidien de l’armée vietnamienne Quan Doi Nhan Dan « les derniers soldats vietnamiens quitteront le Cambodge le 29 septembre »  (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


14 juillet 89 : Suite à la répression en Chine, le Sénat américain (après la Chambre des Représentants) vote des sanctions à l’égard du régime : suspensions de garanties gouvernementales aux investissements privés en Chine, arrêt de l’expansion du commerce bilatéral, de la coopération nucléaire civile, du lancement de satellites américains par des fusées chinoises, de la vente de matériel de détection policière.

En Chine, lancement d’une campagne de « purification ».

La Malaisie a rejeté à la mer plus de 800 boat-people vietnamiens et annonce son intention de fermer le camp de Pulau-Bidong (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


18 - 23 juillet 89 : A Phnom Penh, séminaire international sur le « génocide ». Parfait outil pour conforter la propagande provietnamienne.


20 juillet 89 : A Washington, le Congrès autorise la livraison d’armes aux factions non communistes du G.C.K.D. Cependant, dans les camps contrôlés par des Khmers rouges, des officiers américains et britanniques ont fourni et fournissent toujours une formation militaire.


21 juillet 89 : A Paris, Sihanouk propose la réduction de chaque armée cambodgienne à         10 000 hommes, le contrôle du retrait vietnamien par l’O.N.U. et l’organisation d’élections générales par un gouvernement et une administration où les 4 parties seront « égales en droits et en pouvoirs ». Selon lui, « faire des Khmers rouges des hors-la-loi est mortel pour le Cambodge. II n’y aurait jamais la paix », souligne-t-il.


22 juillet 89 : Arrivée à Paris du premier ministre cambodgien Hun Sen (faction provietnamienne) (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


24 juillet 89 : Sur une initiative de Roland Dumas (ministre français des Relations extérieures), rencontre entre Sihanouk et Hun Sen à la Celle-Saint-Cloud. L’entrevue se passe mal car Sihanouk ne veut pas se couper de ses alliés de la résistance antivietnamienne, d’autant plus qu’il pressent que les Chinois n’abandonneront jamais totalement les KR.

A l’issue de la rencontre, Sihanouk déclare à la presse : « On ne s’entend sur rien du tout, sauf sur la cuisine sino-cambodgienne dont M. Hun Sen a apprécié le menu, lequel menu a été composé par moi. » De son côté, Hun Sen déclare : « J’ai été trahi par Sihanouk. Je m’étais mis d’accord avec lui, et, aujourd’hui, il me dit qu’il parle au nom des trois factions de la résistance. Je ne peux accepter ces deux casquettes. Sihanouk veut être à la fois joueur et arbitre. Nous ne pensons pas que la conférence puisse être un succès. » (cité in Cambacérès, 2013, pp. 308-309). Hun Sen fustige par ailleurs la partialité de l’O.N.U. depuis 1979. Pour autant, on maintient le projet de conférence internationale sur le Cambodge.


25 juillet 89 : Nouvelle rencontre à la Celle-Saint-Cloud toujours sous la présidence de Rolland Dumas. Sont présentes les 4 factions : Khieu Samphan (KR), Son Sann (F.N.L.K.P.), Sihanouk (F.U.N.C.I.N.P.E.C.) et Hun Sen (EdC, provietnamien). L’ambiance est glaciale, les délégations ne se saluent pas. On n’accepte de se parler que par l’intermédiaire de Dumas. Ce dernier espère obtenir un accord avant la conférence du 30. Or il n’y a aucune avancée, chacun restant sur ses positions. A la sortie, Sihanouk est « pessimiste, très pessimiste » (Cambacérès, 2013, pp. 309-310).

Reprise des activités militaires sur la frontière khméro-thaïlandaise (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


25 - 27 juillet 89 : Réunion des quatre factions cambodgiennes à La Celle-Saint-Cloud : après plusieurs rebondissements, accord sur la composition de la délégation « unique et quadripartite » du Cambodge à la conférence internationale.


26 juillet 89 : Le premier ministre cambodgien Hun Sen est reçu par le premier ministre français Michel Rocard (Bui Xuan Quang, 2000, p. 751).


27 juillet 89 : Entretiens Rocard-Hun Sen. Pour la première fois, Hun Sen est reçu par un premier ministre d’un pays occidental.


30 juillet 89 : A l’initiative de la France et de l’A.S.E.A.N. sollicitées par Sihanouk, ouverture à Paris d’une Conférence internationale pour le Cambodge (C.I.P.C.) à laquelle participent les 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (U.S.A., James Baker ; U.R.S.S. : Edouard Chevardnadze, G.B. : Goeffrey Howe ; Chine : Qian Qichen ; France : Rolland Dumas), son secrétaire général (Javier Pérez de Cuéllar), 6 pays de l’A.S.E.A.N., le Japon, l’Australie, le Canada, l’Inde et la Yougoslavie, le représentant des Pays non alignés. En tout, 19 pays sont présents. Les travaux de cette première session s’étendront jusqu’au 30 août.  

Survient d’entrée un point de blocage : Sihanouk estime qu’il n’y a de solution qu’au travers d’un gouvernement quadripartite mais Hun Sen refuse catégoriquement de donner le moindre rôle aux KR. Ces derniers s’opposent dans un premier temps l’envoi d’une commission exploratoire des Nations unies au Cambodge que réclame le secrétaire général. La pression de la Chine, désirant ainsi atténuer les récents événements de la place Tienanmen (voir 4 mai), les fera céder. Moscou et les U.S.A., en pleine détente, encouragent les initiatives. Il y a donc échec sur la question du rôle des KR mais avec certaines avancées. On prévoit de se revoir dans 4 semaines (Richer, 2009, p. 89).

La prochaine session doit mettre en  place 5 commissions. La première est confiée à l’Inde et au Canada chargés de rédiger le mandat d’un organisme international capable de superviser et contrôler l’application d’un accord. La seconde  est coprésidée par le Laos et la Malaisie qui sont chargés d’assurer le non-retour des ingérences étrangères, des livraisons d’armes et de toute forme de « génocide ». La troisième est coprésidée par l’Australie et le Japon qui ont en charge les questions du retour des réfugiés et de la reconstruction. Une quatrième commission ad hoc composée de représentants des deux coprésidents et des 4 factions cambodgiennes examinera les questions de réconciliation nationale et la mise en place d’une autorité quadripartite sous la direction de Sihanouk. Elle est responsable de l’organisation des élections. Enfin, une cinquième commission composée de la France et l’Indonésie est chargée de « donner l’impulsion nécessaire » et de présenter un document final aux participants de la prochaine session qui doit avoir lieu le 28 août (Richer, 2009, pp. 89-90). Les commissions disposent de quatre semaines pour élaborer les termes d’un traité. Une mission d’exploration et d’information, sous la responsabilité du Secrétaire général de l’O.N.U., est envoyée au Cambodge.

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