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par Jean-François Jagielski

Juillet 1972

Juillet 72 : Au Cambodge, sauf dans la zone Est où le responsable du P.C.K., So Phim, n'applique pas la directive, les populations sous contrôle communiste sont peu à peu obligées de s'habiller en noir comme les paysans.


Juillet - août 72 : Poursuite des négociations secrètes Kissinger-Le Duc Tho. Le secrétaire d’État à la Sécurité nationale ne conteste que mollement certains problèmes fondamentaux comme l’existence au S-V de deux administrations, deux armées et trois segments politiques radicalement opposés : le gouvernement s-v, le gouvernement révolutionnaire provisoire et l’existence d’un groupement neutre dont la composition demeure floue. De la même manière, la composition d’un Conseil national de concorde chargé d’organiser les élections générales aura forcément l’apparence d’une structure gouvernementale s’apparentant à un gouvernement de coalition – comprenant Thieu et le F.N.L. – censé pacifier un pays totalement déchiré. Cet échafaudage bancal ressemble à une vaste illusion qui ne tiendra jamais la route.


3 juillet 72 : Haig a été envoyé à Saigon pour rencontrer Thieu. Ce dernier est plutôt optimiste puisque son armée a tenu. Il demeure cependant persuadé que les N-V ne lâcheront rien. Haig lui fait un compte rendu des discussions qui ont eu lieu à Moscou et Pékin en juin. Il expose la nouvelle position américaine : mise en place d’un cessez-le-feu, retour des prisonniers, retrait américain étalé sur quatre mois et démission de Thieu deux mois avant de nouvelles élections. Ce que Thieu rejette en bloc car il pense que les N-V ne lâcheront rien tant qu’ils n’auront pas obtenu la constitution d’un gouvernement de coalition. Quant au cessez-le-feu, il lui paraît incontrôlable. Il rejette donc les propositions américaines élaborées depuis le 7 octobre 1970 et réaffirmées par Nixon dans son discours du 8 mai. Il ne rejette pas le fait de démissionner (sans vouloir l’écrire…) mais manque totalement de confiance dans un éventuel processus électoral (Kissinger 2, 1979, p. 1366).

Au Cambodge, le maréchal Lon Lol, « président de la République », prête serment à la constitution (Sihanouk, 1979, p. 256).


4 juillet 72 : Aubrac se rend au Vatican pour y rencontrer le cardinal Villot qui a une grande influence sur Paul VI. Il évoque les réticences de Waldheim (secrétaire général de l’O.N.U.) à intervenir publiquement dans le conflit vietnamien. Le cardinal sait la menace qui plane sur les digues du Fleuve Rouge. Aubrac rencontre ensuite le cardinal Casaroli, diplomate du Vatican, qui lui promet une intervention du pape (voir 9 juillet) (Aubrac, 2000, p. 385).


7 juillet 72 : Après trois mois de siège (voir 5 avril - 12 juin), Thieu se rend à An Loc enfin totalement libérée. Les N-V y ont perdu 20 000 hommes et 60 chars (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 301).


9 juillet 72 : Déclaration publique de Paul VI en faveur « d’une nouvelle, réciproque et généreuse intention de trêve et de paix » au Vietnam. Les suggestions d’Aubrac quant à l’évocation de l’acte final de la conférence du Genève de 1954 sur l’unité et l’intégrité du territoire vietnamien (jamais validé par les Américains) sont évoquées dans son allocution (Aubrac, 2000, p. 386).


11 juillet 72 : Aubrac est reçu par René Brouillet, ambassadeur français auprès du Saint Siège. Il apprend que le pape a fait envoyer par le nonce apostolique un message  aux délégations qui doivent reprendre les négociations le 13. (Aubrac, 2000, p. 386-387)


12 juillet 72 : William Rogers (secrétaire d’État américain) rencontre Paul VI. Ce dernier évoque les bombardements en cours. La presse internationale réagit aux déclarations publiques du 9 faites par le pape. Selon Aubrac, cette intervention mettra fin au bombardement des digues du Fleuve Rouge, notamment en touchant l’opinion publique américaine catholique (Aubrac, 2000, p. 387).


13 juillet 72 : Reprise des négociations plénières à Paris après 10 semaines d’interruption (Burns Sigel, 1992, p. 131).


15 juillet 72 : Venant de Paris où elle a été reçue par la délégation n-v basée à Choisy-Le-Roi, l’actrice Jane Fonda se rend à Hanoi pour soutenir la cause du peuple n-v. Sa photographie sur une batterie anti-aérienne n-v provoque un scandale aux U.S.A. Elle accuse les pilotes américains d’être des tueurs et s’attire les foudres d’une certaine presse qui la surnomme        « Jane Hanoi »  (Portes, 2008, p. 259 ; Portes, 2016, p. 95).


19 juillet 72 : Reprise des négociations secrètes entre Kissinger et Le Duc Tho qui ne se sont entretenus depuis le 2 mai. Kissinger réaffirme l’intention des États-Unis de ne pas vouloir demeurer au Vietnam mais ne propose rien de plus que ce qu’il a déjà mis sur la table (voir 3 juillet). Le Duc Tho reproche à la vietnamisation de faire perdurer et même d’étendre la guerre à toute l’Indochine. La reprise des discussions est donc difficile (voir 17 juillet).

Les N-V, durement atteints par la riposte américaine, demandent l’arrêt des bombardements. Contrairement à la période LBJ, ceux-ci ne sont pas stoppés avec la reprise de ces négociations. La position et les exigences de Le Duc Tho n’ont quant à elles guère changées. Mais Kissinger est cependant optimiste (voir 27 juin). On décide de se revoir le 1er août. Il annonce qu’il fera désormais un compte rendu public succinct de ce qui s’est dit au cours des futures entrevues. Le Duc Tho « regimb[e] » face à cette proposition (Kissinger 2, 1979, pp.    1 367-1 369).


22 juillet 72 : Kurt Waldheim (secrétaire général de l’O.N.U.) évoque (enfin… après intervention de Paul VI sur le sujet, voir 9 juillet) les bombardements américains sur les digues du Fleuve Rouge devant la presse à Moscou (Aubrac, 2000, p. 387).


24 juillet 72 : Vote au Sénat de l’amendement Cooper-Brooke qui demande un retrait américain en échange du retour des prisonniers. C’est la position d’une quarantaine de sénateurs et donc celle d’une majorité. Kissinger y est opposé car, selon lui, « cela discréditerait la politique étrangère de notre nation. » Pour autant, il ne croit pas à « une victoire totale » et pense qu’il faut poursuivre les négociations au mieux jusqu’aux élections de novembre, avec un Nixon qui ne croit plus beaucoup à leur avancée avant son éventuelle réélection. Un avis que ne partage pas Kissinger qui pense que les choses seront encore plus difficiles après les élections du fait des entraves du Sénat (Kissinger 2, 1979, pp. 1 362-1 363).

De retour de Moscou, Waldheim évoque à nouveau à New York son appel à cesser les bombardements des digues au Tonkin. A la question d’un journaliste lui demandant s’il avait des contacts avec Hanoi, il évoque une « diplomatie discrète pour pouvoir être utile » et ne souhaite pas entrer dans les détails sur ce point précis. Cette intervention tardive mais publique du secrétaire général de l’O.N.U. débloque alors l’opposition des N-V à toute intervention de l’O.N.U. dans les négociations, au grand dam de Kissinger et des Américains (Aubrac, 2000, pp. 387-388).

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