Juillet 65 - décembre 65 : L’opération Rolling Thunder augmente graduellement en puissance, passant de 900 sorties par semaine en juillet à 1 500 en décembre. Mais ces attaques sont mesurées depuis l’engagement des troupes terrestres visant à la reconquête du Sud. Elles sont aussi de plus en plus ciblées et contrôlées. Les cibles sont groupées en lots par semaine et doivent « passer par une chaîne d’approbations successives comprenant les plus hauts échelons du secrétariat à la Défense, du département d’État et de la Maison Blanche. » Les zones d’infiltration sont ses cibles privilégiées. Hanoi-Haïphong et la frontière chinoise demeurent interdites. A la fin de l’année, les études montreront que Rolling Thunder a eu en fait peu d’effet sur le N-V (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 499).
Les services de renseignements américains estiment que les forces communistes sont passées d’un effectif de 48 550 hommes à 63 550. Le nombre de bataillons nordistes infiltrés au Sud est passé de 1 à 8. D’où de nouvelles demandes de Westmoreland qui réclame 154 000 hommes de plus (Francini 2, 1988, p. 308).
1er juillet 65 : Le Vietcong réussit à attaquer au mortier et au bazooka la base aérienne de Da Nang et ce, malgré sa protection par les forces terrestres. Il y pénètre, détruisant ou endommageant au sol 2 avions de transport et 3 appareils de chasse. La base a mal réagi malgré les alertes antérieures. De plus, elle ne dispose que de peu de défenses accessoires ou d’ouvrages camouflés pour la protéger (Caputo, 1979, pp. 185-192).
Arrivée de nouvelles troupes terrestres américaines au Vietnam (voir 1er avril). Suite des essais de guerre aéromobile menée depuis 1963 par la 11e division aérienne d'assaut (11th Air Assault Division) pour contrer la stratégie de guérilla en cours. Le 1er juillet 1965, elle est recréée en tant que 1st Cavalry Division (Airmobile) dotée de la nouvelle version de l’hélicoptère Huey et du CH-47 Chinook capable de transporter l’artillerie et les troupes sur les points d’intervention précis. Opérationnelle à partir de septembre, elle s’installe dans une immense base avec 3 brigades et 435 hélicoptères dans le centre du Vietnam, dans la vallée d’An Khe, près du port de Qui Nhon (Sheenhan, 1990, pp. 675-676).
Dans un mémorandum adressé à LBJ, McGeorge Bundy (Sécurité nationale) adopte une position intermédiaire entre l’engagement total (demande de 44 bataillons) et le retrait. Les 85 000 hommes prévus doivent suffire à endiguer la défaite et satisfaire au soutien du S-V (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 442).
Suite à la récente rupture des relations diplomatiques entre la France et le S-V (voir 24 juin), Mai Van Bo (consul général du N-V à Paris) confirme à Étienne Manac’h (directeur de l’Asie-Océanie aux Affaires étrangères françaises) que son gouvernement souhaiterait normaliser ses relations diplomatiques avec la France. Manac’h et le Quai d’Orsay n’y sont pas favorables afin ne pas froisser plus encore Saigon (Journoud, 2011, pp. 218-219).
2 juillet 65 : George Ball (sous-secrétaire d’État) continue à avoir une attitude de plus en plus critique envers l’engagement américain (voir 25 février) et donc envers les choix de Westmoreland. Il en fait part directement à LBJ par le biais d’une note. Selon lui, il n’existe aucune preuve que les U.S.A. puissent atteindre leurs objectifs politiques en amenant d’avantage de forces terrestres. Il précise plus loin : « La question à résoudre : devons-nous limiter nos responsabilités au Vietnam et essayer de trouver une porte de sortie aux moindres frais possible ? Sinon […] cela se traduirait à peu près certainement par un conflit interminable impliquant l’engagement de forces américaines toujours plus nombreuses et des pertes toujours croissantes, sans aucune certitude d’arriver à une solution satisfaisante et avec, pour finir, un réel danger d’escalade. » Il ajoute : « La décision que vous devez prendre maintenant est donc particulièrement critique. » Il évoque « une solution de compromis » qui permettrait d’éviter ce qu’il nomme « à long terme, une catastrophe ». Il préconise de poursuivre les déploiements annoncés (15 bataillons pour un total de 72 000 hommes), de « limiter l’activité combattante des forces américaines » en demandant au général Westmoreland de se limiter à la déclaration du 19 juin, de continuer à bombarder le Nord mais en évitant Hanoi, Haïphong et la frontière chinoise. Politiquement, il observe que « nous nous sommes trouvés prisonniers du gouvernement vietnamien, quel qu’il fût ». Diplomatiquement, il faut « prendre contact avec Hanoi plutôt qu’avec les autres parties prenantes, le F.N.L. ou Pékin. Hanoi est, jusqu’à présent, seul à avoir témoigné quelque intérêt à l’idée d’une discussion. » (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 442 et pp. 479-484 ; Bodard, 1971, doss. Pentagone, pp. 248-254).
LBJ consulte Eisenhower sur la question de l’engagement plus en avant des U.S.A. pour laquelle il est toujours aussi hésitant. L’ancien président lui conseille d’aller « de l’avant […] et aussi vite que possible. » (Prados, 2015, p. 239)
7 juillet 65 : LBJ fait appel au groupe des Sages. Il s’agit d’un comité privé de conseillers démocrates proches des présidents qui a, en fait, été constitué depuis 1945. Sous l’administration Johnson, ils ont tous exercé des hautes fonctions gouvernementales ou ont été conseillers présidentiels au cours des 20 dernières années. A cette réunion participent entre autres D. Acheson, le général O. Bradley, J. Cowles, R. Gilpatric, l’ancien sous-secrétaire d’État R Lovett. Tous sont adeptes de la théorie des dominos et préconisent un envoi massif de troupes afin de stopper l’invasion communiste.
8 - 13 juillet 65 : La Grande-Bretagne envoie un membre du Parlement comme médiateur pour convaincre les Nord-Vietnamiens de reconsidérer et d'accepter les propositions de négociation de paix américaines. Il est éconduit sèchement par les Nord-vietnamiens.
11 juillet 65 : Les États-Unis révèlent que l'US Air Force est prête à intervenir sur l'ensemble du territoire Nord-Vietnamien.
12 juillet 65 : Le lieutenant Frank Reasoner devient le premier soldat américain à être décoré de la Medal of Honor au combat, et ce, depuis la fin de la guerre de Corée.
15 juillet 65 : Un quotidien britannique cite une déclaration du premier ministre sud-vietnamien Nguyen Cao Ky selon laquelle « Hitler figurerait parmi ses modèles et ses héros ».
Mi-juillet 65 : La survie du régime s-v étant devenue très précaire, Johnson accepte, sur demande de Westmoreland, l’envoi de 200 000 soldats américains. McN se rend à Saigon pour déterminer combien d’hommes supplémentaires seront nécessaires pour la lutte contre la guérilla. Westmoreland en demande 100 000 de plus, ce que Johnson acceptera (Sheehan, 1990, p. 636).
16 juillet 65 : Sur demande d’un LBJ de plus en plus perplexe (voir 28 juin), McN entame une tournée au Vietnam. Thieu et Ky demandent une division américaine en plus des 44 bataillons déjà demandés, soit environ 200 000 hommes. Ils se chargent de faire accepter au peuple s-v la présence de ces troupes étrangères. C’est au cours de cette visite que McN commence à avoir des doutes sur la stratégie de Westmoreland. Il demande au général Earle G. Wheeler (président des chefs d’état-major de l’armée américaine) dans quelle mesure il pouvait lui assurer « que les États-Unis peuvent vaincre au Sud-Vietnam si nous faisons tout ce que nous pouvons. » (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 495).
17 juillet 65 : LBJ toujours hésitant consulte à Camp David ses conseillers et les principaux responsables politiques et militaires. Il est troublé par les réserves de Clifford (sous-secrétaire à la Défense) qui redoute une réplique des communistes et une escalade sans fin.
McN apprend au Vietnam, juste avant son retour, que le président accorde le déploiement de 34 bataillons, soit un de plus par rapport à la demande Westmoreland. C’est le début des incessantes demandes du commandant en chef en hommes et matériel : il réclame 24 bataillons américains (100 000 hommes) pour passer à la « phase victorieuse » qui permettrait de terminer la guerre fin 1967 (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 443 et 495).
20 juillet 65 : McN, de retour du S-V, produit un rapport catastrophique adressé au président : la situation est pire qu’il y a un an qui était pire que celle de l’année d’avant ; il y a une forte poussée du VC que l’armée s-v ne parvient pas à endiguer ; villes et métropoles sont isolées par la coupure des axes de communication ; le programme de pacification n’avance guère ; la situation économique est déplorable ; il y a peu de chance pour que le gouvernement actuel puisse tenir jusqu’à la fin de l’année ; les communistes estiment le S-V aux abois et près de sa fin (Johnson, 1972, pp. 182-183).
Pour autant, il n’est pas désespéré lorsqu’il aborde le volet des solutions : « La ligne de conduite recommandée dans ce mémorandum a une bonne chance de conduire à un résultat acceptable dans un temps raisonnable au Vietnam ». Certes, il envisage que « les pertes américaines et sud-vietnamiennes augmenteront dans des proportions que nous ne pouvons pas prédire avec certitude, mais le nombre d’Américains tués dans les combats pourrait varier autour de 500 par mois vers la fin de l’année [les prévisions seront de 1 000 en novembre…] L’opinion publique des États-Unis soutiendra cette ligne de conduite parce que c’est un programme militaire et politique sensé et courageux, étudié en vue du succès. » Mais McN néglige les études et même ses propres déclarations (voir février et 26 avril) sur le fait que les forces vietcong et n-v se renforcent sans cesse par le biais des incessantes infiltrations : estimées à 48 550 hommes en juillet, elles passeront à 63 550 hommes en novembre. C’est ce que démontrera l’importance des effectifs n-v engagés lors de la bataille de la vallée de Ia Drang (voir 14 - 19 novembre).
McN soumet à LBJ 3 options au président :
- se retirer.
- maintenir les effectifs américains à 75 000 hommes.
- « augmenter rapidement et substantiellement la pression américaine contre le Vietcong dans le Sud et maintenir la pression contre les Nord-Vietnamiens […] » en renforçant la présence des États-Unis au S-V.
C’est bien sûr la troisième option qu’il privilégie. Il recommande à LBJ d’accorder à Westmoreland les 100 000 hommes que celui-ci a réclamés lors de son récent séjour au Vietnam et un rappel de 235 000 réservistes aux États-Unis (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 495). Selon McN, cette dernière solution était celle qui offrait les meilleures chances du meilleur résultat au prix le plus acceptable (Halberstam, 1974, p. 536). Il faut certes négocier avec le Nord, mais uniquement en position de force (Baulon, 2009, p. 435 ; Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 487-489 ; Johnson, 1972, pp. 182-184).
21 juillet 65 : Suite au retour de McN et face à ses préconisations, LBJ convoque ses conseillers pour une longue réunion qui se déroule en 2 parties. Il confie dans ses mémoires : « Je me rendais compte qu’il s’agissait d’une entreprise énorme [qui] exigerait beaucoup d’argent et un sacrifice énorme pour le peuple américain. » Il entend étudier toutes les propositions et ajoute : « Pas de jugement hâtif, il faut étudier toutes les options. »
George Ball (sous-secrétaire d’État) qui a déjà fait part au président de ses réserves (voir 2 juillet), entre ce jour-là en dissidence ouverte : « J’entrevois un périlleux voyage, j’ai de fortes craintes que nous ne puissions vaincre dans de telles conditions. » Pour autant, il ajoute : « […] si la décision est prise, j’en suis. » Il est invité à reprendre son argumentation après le déjeuner. Il ne pense pas que l’on puisse vaincre dans le contexte d’une guerre de guérilla. Il craint les réactions de la Chine et préconise de se retirer. Rusk donne son point de vue : si les États-Unis ne tiennent pas leurs engagements contre les communistes au Vietnam, ils perdront leur crédibilité ailleurs dans le monde. Un argument auquel le président est très sensible (Johnson, 1972, pp. 184-185).
22 juillet 65 : LBJ a un entretien sur les questions de la veille avec les militaires puis a un nouvel entretien l’après-midi avec Rusk, McN, Ball, le général Wheeler (président des chefs d’état-major), McGeorge Bundy (Sécurité nationale), Clifford (président du Comité consultatif de renseignements à l’étranger pour la présidence), John McCloy (conseiller présidentiel) et Arthur Dean (conseiller en politique étrangère, délégué aux Nations Unies). En fin d’après-midi, LBJ décide de partir « réfléchir » à Camp David (Johnson, 1972, p. 185).
24 juillet 65 : Selon un rapport du Pentagone, la guerre du Vietnam a fait depuis 1961 cinq fois plus de morts que de blessés.
25 juillet 65 : En résidence depuis le 22 à Camp David, LBJ est rejoint par McN, Arthur Goldberg (ambassadeur aux Nations Unies), Clark Clifford (président du Comité consultatif de renseignements à l’étranger pour la présidence). Le but de cette rencontre est de discuter de l’opportunité de discuter du Vietnam aux Nations Unies, sachant que le N-V a toujours repoussé cette instance dont il ne fait pas partie. C’est, après Ball (voir 21 juillet), au tour de Clifford de faire part de ses doutes. Il ne pense pas qu’une victoire soit possible : « Si nous envoyons 100 000 hommes de plus, les Nord-Vietnamiens en feront autant. » Et ils peuvent compter sur l’aide directe de la Chine et de l’U.R.S.S. Il ne voit donc qu’une issue, sortir du conflit. Une solution que le président rejette car s’il faut négocier et il estime qu’on ne peut le faire que dans un rapport de forces favorable (Johnson, 1972, pp. 185-186).
27 juillet 65 : Nouvelle réunion du C.N.S. jugée par LBJ comme « cruciale » (liste des membres in Johnson, 1972, p. 186). McN dresse un tableau de la situation au S-V. LBJ annonce 5 options mais ne retient que les 2 dernières : étendre la guerre sans se mettre sur un pied de guerre et donner aux chefs de guerre ce qu’ils demandent (Halberstam, 1974, pp. 536-538). Ce qui est approuvé à l’unanimité des participants même si Ball et Clifford ont exprimés antérieurement leurs réserves (voir 21 et 25 juillet). LBJ présente sa stratégie : demeurer modéré (« Je ne veux pas avoir l’air trop grave et risquer de créer des difficultés. Je pense que nous pouvons obtenir le soutien du peuple sans avoir à nous montrer trop agressifs ni trop belliqueux. » Donc pas de guerre totale, pas de provocation à l’égard de la Chine et de l’U.R.S.S.) ; une offensive diplomatique en vue d’un règlement pacifique. Ces choix sont approuvés par les membres du C.N.S. (Johnson, 1972, p. 187 ; Nouilhat in collectif, 1992, pp. 56-57).
Après ce C.N.S., le président veut prendre l’avis des membres du Congrès cherchant ainsi à obtenir une union nationale. Sont présents auprès des élus Rusk et Henry Cabot Lodge (nouvel ambassadeur à Saigon). LBJ évoque avec eux les 5 possibilités et présente les 2 qui ont été retenues. Il veut savoir si ces choix doivent être présentés immédiatement au Congrès ou plus tard afin de ne pas en informer les N-V, les Chinois et les Russes. Un consensus s’élabore autour des choix présidentiels, à l’exception du sénateur Mansfield qui évoque un mécontentement de l’opinion. Au final, ce dernier acquiesce quand même. LBJ peut donc compter sur un appui des parlementaires (Johnson, 1972, pp. 187-189).
LBJ décide de n’annoncer que l’envoi de 50 000 hommes (dont la 101e division des forces aériennes) alors que le chiffre des demandes des militaires et de McN est nettement plus élevé. Selon ses annonces, seuls 125 000 seraient donc présents au Vietnam. Dans les faits, ils seraient plutôt autour de 175 000. Le président en fait l’annonce au C.N.S. pour informer la bureaucratie de son administration et les leaders du Congrès.
28 juillet 65 : Johnson annonce publiquement lors d’une conférence de presse télévisée – en mentant sur la teneur des chiffres (voir 30 juillet) - que les troupes américaines présentes au Sud-Vietnam vont passer à 125 000 hommes, et, pour les seuls engagés, de 17 000 à 35 000 par mois. Il justifie son choix par « la leçon de l’Histoire [qui] oblige les États-Unis à augmenter leur potentiel pour résister à l’agression au Sud-Vietnam » et déclare : « Nous n’avons pas choisi d’être les gardiens qui veillent à la porte, mais il n’y a personne d’autre. » Il affirme ne pas vouloir pour l’instant engager les unités de réserve de la Garde nationale (Halberstam, 1974, p. 538). Il déclare : « Nous ne voulons pas que le conflit s’élargisse, avec des conséquences que personne ne peut prévoir. Nous ne jouerons pas aux durs, nous n’allons intimider personne ni afficher notre puissance, mais nous n’abandonnerons pas et nous ne nous retirons pas. » (cité in Wainstock, Miller, 2019, p. 210). Il termine son intervention sur « une note personnelle », affirmant connaître « un à un » les hommes qu’il envoie au Vietnam : « C’est la tâche la plus pénible et le plus douloureuse que votre président ait eue à remplir. » (Johnson, 1972, p. 192). Or, contrairement au contenu de cette déclaration, en confirmant vouloir satisfaire les demandes de Westmoreland en effectifs voire plus encore, il ouvre sciemment la voie à un long conflit.
Johnson nomme Abe Fortas, juge associé de la Cour suprême des États-Unis, pour succéder à Arthur Goldberg au poste d’ambassadeur à l’O.N.U. Il devient rapidement un conseiller proche de Johnson. Selon LBJ, Fortas avait dans un premier temps décliné l’offre (Johnson, 1972, p. 652-653). Selon Halberstam, « Fortas était un solide appui, un vrai faucon, un homme qui allait de l’avant, et Fortas devait rappeler à Johnson qu’aucun Président n’avait jamais perdu une guerre, que les conséquences politiques d’un retrait serait terrible. » (Halberstam, 1974, pp. 531-532)
30 juillet 65 : L’ambassadeur à Saigon Maxwell Taylor quitte ses fonctions. Il devient alors conseiller de Johnson. Il sera remplacé par Henry Cabot Lodge le 25 août.
Contrairement aux fausses déclarations publiques présidentielles (voir 28 juillet), les chefs d’état-major approuvent le déploiement de 44 bataillons, soit 193 887 hommes. Dans les faits, à la fin de l’année, les effectifs américains atteindront 184 314 hommes (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 444).
31 juillet 65 : Nomination d’Henry Cabot Lodge au poste d’ambassadeur des U.S.A. au S-V en remplacement de Maxwell D. Taylor (qui devient conseiller spécial du président). Il présentera ses lettres d’accréditation le 25 août. Lodge appelle auprès de lui le général Edward Lansdale (spécialiste de la guerre politico-psychologique lors de la première guerre d’Indochine, voir 1er juillet 1954) pour lui servir de conseiller personnel. Il incite l’administration américaine à entreprendre une série d’études et de conférences sur les problèmes en cours, alors même que les nombreuses agences du gouvernement américain travaillent seules, « avec un minimum de coordination ».
L’administration américaine (Walt Rostow, conseiller de Johnson), éloignée des réalités du terrain, est alors obnubilée par la campagne de bombardement en cours, censée faire plier le N-V. Selon Colby, elle néglige de ce fait les programmes de pacification à « l’endroit où il faut faire la guerre » (Colby, 1992, pp. 201-202).