Juillet 41 : Les positions de la France libre se durcissent en Indochine et se manifestent par une propagande anti-vichyste. L’Indochine est à cette époque l’une des rares colonies françaises à n’avoir pas rejoint les F.F.L. De Gaulle adresse un courrier à Tchang Kaï Chek et lui propose « de chasser les Japonais du continent asiatique, comme le seront en Europe les Allemands et les Italiens. » (Toinet, 1998, p. 51).
Suite à une agitation en Nouvelle-Calédonie, De Gaulle nomme un fidèle, le capitaine de Vaisseau Thierry D’Argenlieu, au poste de haut-commissaire de France dans la Pacifique (Isoart, 1982, p. 7). Fonction de haut-commissaire qu’il assurera par la suite en Indochine.
14 juillet 41 : Nouvel ultimatum japonais qui imposera les futurs accords Darlan-Kato (voir 29 juillet). L’ambassadeur japonais Sotomatsu Kato (ambassadeur du Japon à Vichy) reconnaît « la souveraineté française et le maintien de l’intégrité territoriale en Indochine » mais Vichy se voit contraint d’autoriser l’accès à toute l’Indochine aux troupes nippones, y compris au Sud (De Folin, 1993, p. 28). L’armée japonaise obtient 8 nouvelles bases aériennes en Cochinchine et au Cambodge et la possibilité d’y faire stationner jusqu’à 40 000 hommes. En échange du maintien de l’administration française et de ses services (armée, police), celle-ci doit pourvoir au logement et à l’approvisionnement en riz des troupes nippones (Cadeau, 2019, p. 78).
19 juillet 41 : L’amiral américain Leahy rencontre Pétain. Il rapporte dans ses mémoires : « Il fallait dire franchement [aux Français] que si la Japon était vainqueur, les Japonais s’emparerait de l’Indochine, mais si les Alliés gagnaient la guerre, nous en prendrions possession. » (cité in Wainstock, Miller, 2019, p. 37)
22 juillet 41 : Le Japon lance un nouvel ultimatum à la France, l’obligeant à être neutre en cas de conflit. Decoux est, une fois de plus, mis devant un fait accompli et n’a aucune marge de manœuvre (Toinet, 1998, pp. 46-47).
24 juillet 41 : Le sous-secrétaire d’État américain Summer Welles admet que Vichy ne peut faire autre chose que de céder aux Japonais (De Folin, 1993, pp. 63-64).
25 juillet 41 : Roosevelt décide de geler les biens japonais aux U.S.A. pour contrer leur volonté de s’implanter en Indochine avec la demande de nouvelles bases aériennes et le droit d’y implanter 50 000 hommes (Wainstock, Miller, 2019, p. 40).
26 juillet 41 : Le gros de l’armée japonaise débarque à Cam Ranh et Saigon. Elle occupe progressivement toute l’Indochine (Isoart, 1982, p. 144).
29 juillet 41 : Accords Darlan-Kato (ambassadeur du Japon à Vichy) qui intègre l’Indochine dans le système militaire japonais sous prétexte de « défense en commun de l’Indochine française ». C’est un accord de dupes pour les Français pour lequel Decoux n’a d’ailleurs pas été consulté par Vichy. Ces accords donnent la possibilité aux Japonais d’utiliser 8 aérodromes (Siem Reap, Phnom Penh, Kompong Trach, Tourane, Nha Trang, Bien Hoa, Saigon, Soctrang) et deux bases navales au Vietnam et Cambodge. Le gouvernement français doit fournir aux forces nippones 4 500 000 piastres pour ces nouvelles implantations. L’occupation japonaise s’étend donc au Sud-Annam, à la Cochinchine mais aussi au Cambodge (Toinet, 1998, p. 46-47 ; Valette, 1993, p. 126-131).
L’occupation japonaise est jusque-là demeurée faible (environ 35 000 hommes). On occupe les voies et les points stratégiques mais l’administration française demeure en place car les Japonais ne veulent assurer ni les missions de police ni les tâches administratives. Les Américains qui ont laissé faire considèrent cependant l’occupation de ces voies comme un acte d’hostilité de la France à leur égard. Ce marché de dupes ne leur plaît gère estimant que ces accords laissent une importante partie de l’Empire français aux Japonais (voir 24 juillet) (Toinet, 1998, p. 47). En juillet, la situation change encore et les Japonais débarquent 40 000 hommes dans le Sud de l’Indochine (Pedroncini, 1992, p. 37).