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par Jean-François Jagielski

Janvier 1970

Janvier 70 : Sondage analysant l’évolution de l’opinion publique américaine sur le conflit au Vietnam : pour 33 %, contre 57 %, sans opinion 10 % (Nouilhat in collectif, 1992, p. 60).

Dans l’éditorial du Sangkum de ce mois, Sihanouk s’en prend à l’attitude de l’U.R.S.S. envers son pays quant à la question de son occupation par les Vietnamiens : « […] L’attitude modérée de l’U.R.S.S. fait d’elle, consciemment ou non, le complice objectif de l’impérialisme américain. Les deux colosses blancs [et donc racistes…], qu’ils soient capitaliste ou communiste, sont d’accord pour ne pas trop gêner la vietnaminisation du Cambodge. Pour les rouges et leurs satellites européens, c’est le cadeau minimum qu’ils doivent faire à leurs camarades vietnamiens après que ceux-ci se soient saignés à blanc pour abattre le colosse américain, et apaiser les mânes d’Ho Chi Minh, qui avait toujours rêvé de faire régner Hanoi sur toute l’Indochine ex-française [...] » (cité in Tong, 1972, pp. 171-172)

Le Cambodge fait paraître une « livre blanc » diffusé par le ministère des Affaires étrangères. Il dresse le bilan des violations des frontières par les forces américano-sud-vietnamiennes et thaïlandaises : 1 864 par voie terrestre, 165 par voie maritime, 5 149 par voie aérienne causant 293 tués et 690 blessés civils et militaires de 1962 à fin mai 1969 (Sihanouk, 1979, p. 252).


6 janvier 70 : Départ de Norodom Sihanouk pour la France. Il entend poursuivre son voyage en multipliant les étapes : Prague, Berlin-Est, Varsovie, Washington, Moscou et Pékin. Il souhaite défendre dans ces capitales étrangères la  neutralité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays. Lors de son passage à Paris, il déclare : « Nous sommes, hélas, à la veille de la curée dont on veut que nous soyons la victime. » (Sihanouk, 1979, pp. 251-252)


7 janvier 70 : Sihanouk présent en France pour raisons médicales (voir fin 1969) se rend à Grasse où il a l’habitude de faire une cure. Il a dû confier le pouvoir au président de l’Assemblée nationale, Cheng Hen et à son premier ministre Lon Nol nommé le 12 août 1969 ainsi qu’à Sirik Matak, premier adjoint au premier ministre. La situation au Cambodge est loin d’être sereine : politique économique décriée ; incapacité à débarrasser le pays de l’occupation n-v ; les dirigeants des Khmers Rouges ont quelques années auparavant déjà condamné Sihanouk à mort par contumace (Kissinger 1, 1979, p. 474).

Rapport pessimiste de Kissinger au président : Hanoi cherche à gagner du temps jusqu’au moment où le nombre des troupes américaines aura suffisamment diminué pour permettre aux N-V d’affronter les forces armées s-v avec des moyens plus équilibrés. Kissinger pense de ce fait que les N-V vont attaquer plutôt que de négocier. L’A.R.V.N. demeure aux yeux du Conseiller à la Sécurité nationale un maillon particulièrement faible (Kissinger 1, 1979, p. 453).


14 janvier 70 : Nixon autorise à nouveau Kissinger à avoir une nouvelle réunion secrète avec Xuan Thuy, après le 8 février, et à condition que les pourparlers à la conférence de Paris progressent. Les N-V, peu pressés de répondre, ne fixeront un rendez-vous que pour le 21 février (Kissinger 1, 1979, p. 45).


22 janvier 70 : Résultats du Groupe d’études spéciales sur le Vietnam issu des investigations demandées par un Kissinger soucieux de vérité sur la réelle situation dans les campagnes s-v (voir 20 octobre 1969).

Le Groupe en est arrivé aux conclusions suivantes : 38 % de la population du S-V vit en ville et y est en sécurité sous l’autorité du gouvernement. Mais le but principal de l’ennemi est de gagner le contrôle de 62 % de la population rurale puis d’encercler les villes pour qu’elles tombent les unes après les autres comme des fruits mûrs. L’emprise du gouvernement vietnamien sur les campagnes est passée de 20 à 55 % depuis septembre 1968. Inversement celle des communistes est passée de 35 à 7 %. Mais 4 millions de paysans s-v vivent toujours dans des zones disputées, sous l’emprise du gouvernement le jour mais de celle du VC la nuit. Le retrait progressif des troupes américaines risque de compliquer encore un peu plus les choses (Kissinger 1, 1979, p. 453).


23 janvier 70 : L’ambassadeur américain au Laos demande une intervention des B-52. Les Américains hésitent (Kissinger 1, 1979, p. 468-469).

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