Dernière modification le il y a un mois
par Jean-François Jagielski

Janvier 1957

Janvier 57 : Au N-V, après la campagne de mobilisation générale du 4 novembre 1949 (voir cette date) qui ne concernait alors que les zones occupées par le VM, début d’une campagne de propagande en faveur du service militaire obligatoire dans tout le N-V. Celui-ci, comme la réforme agraire, ne sera introduit que progressivement, province par province. Il concerne les hommes de 18 à 45 ans. Sont exemptés les prêtres et les bonzes et les soutiens de famille. Des sursis sont prévus pour les étudiants, les professeurs, les présidents d’U.B.K.C. et certains cadres techniques. Le N-V est divisé en régions militaires (Fall, 1960, p. 189 ; carte des régions militaires in ibid., p. 188).

Toujours au N-V, 2 lois sont promulguées. L’une sur « l’inviolabilité de la personne, du lieu de résidence et de la correspondance » et l’autre sur « la liberté d’assemblée ». Elles sont toutes deux restrictives. La première interdit, comme dans la constitution de 1946, la pratique de la torture. Mais l’article 8 autorise une détention préventive d’une durée de 4 mois. La seconde  prévoit de sanctionner les « meneurs » qui abuseraient de la liberté d’assemblée pour « travailler contre le Gouvernement de démocratie populaire ». Selon Fall, ces 2 lois n’empêcheront nullement la mise au pas des intellectuels durant la période 1958-1959  (Fall, 1960, p. 104).

Au Cambodge, Ieng Sary et Khieu Tirith, son épouse, rentrent de Paris où ils ont fait leurs études et obtenus des diplômes. Le cercle marxiste parisien est alors confié à la direction de Khieu Samphan. Ce cercle ne comprend guère plus de 250 membres. Ce retour au pays n’est pas un signe d’apaisement pour les intéressés car Sihanouk sait que ce mouvement déteste et conteste la monarchie. Il poursuit donc durement le mouvement communiste (Pracheachon), d’abord par l’intimidation puis par des méthodes beaucoup plus expéditives (Cambacérès, 2013, p. 144).


3 janvier 57 : Au Cambodge, septième gouvernement du Sangkum : gouvernement San Yun. Il demeurera en place jusqu’au 9 avril  (Jennar, 1995, p. 152). La C.I.C. signale que ni les N-V ni le Sud n’ont respecté les conditions d’armistice de 1954. Véritable constat d’impuissance de sa part.


7 janvier 57 : Évoquant le N-V, Georges Chaffard écrit dans Le Monde un article intitulé « Le Nord-Vietnam à l’heure de l’autocritique ». Il observe : « La population est mal nourrie, mal vêtue. Pourtant elle travaille dur. Il n’est pas niable que, dans les premiers mois de l’indépendance […] le peuple tonkinois s’est mis à l’œuvre avec un certain enthousiasme pour reconstruire un pays au point mort mais désormais « libéré » [...] Il n’est plus question de faire venir du Sud le riz qui arrivait naguère par dizaines de milliers de tonnes ; Saigon n’entend pas  contribuer à renforcer le régime communiste en le nourrissant. Un peu de riz chinois ou birman parvient par Haïphong : il en faudrait cinq fois plus. Les denrées de première nécessité font cruellement défaut […] Aujourd’hui, plus rien n’arrive des pays occidentaux. Les médicaments étaient français […] » (cité in Férier, 1993, p. 84 ; Le Monde du 7 janvier 1957) Il faudra attendre 1960 pour que les choses s’améliorent.


12 janvier 57 : Le quatrième congrès du Sangkum adopte une résolution proclamant la neutralité du Cambodge : « Le royaume du Cambodge est un pays neutre. Il s’abstient de toute alliance militaire ou idéologique avec des pays étrangers. Il n’entreprendra aucune agression contre aucun pays étranger ». La politique neutraliste est donc réaffirmée par une loi constitutionnelle : neutralité, pas d’alliance militaire ou idéologique ni aucune agression envers un pays étranger. Cette loi constitutionnelle signe un retrait du pays de la protection de l’O.T.A.S.E. dont le Cambodge ne faisait pas partie du fait de son non-alignement et de la teneur des accords de Genève. Mais derrière cette neutralité institutionnalisée par la loi, le pays amorce en fait un rapprochement vers le camp communiste (Tong, 1972, pp. 77-78).


24 janvier 57 : L’U.R.S.S. propose que l’on admette aux Nations-Unies le Vietnam du Nord et du Sud (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 103).

💬 Commentaires

Chargement en cours...