3 janvier 44 : Halifax (ambassadeur britannique à Washington) demande à Cordell Hull (secrétaire d’État américain) des précisions sur la politique américaine au sujet de l’Indochine. Roosevelt informe Hull de son entretien avec Halifax dans une note où il écrit : « J’ai vu Halifax la semaine dernière et je lui ai dit très franchement qu’il était parfaitement exact que, depuis plus d’un an, j’avais exprimé l’opinion que l’Indochine ne doit pas revenir à la France, mais qu’elle devait être administrée par un régime de tutelle international. La France a possédé ce pays de trente millions d’habitants pendant presque cent ans, et la population est dans un état pire qu’il ne l’était auparavant. De surcroit, je suis soutenu de tout cœur dans cette opinion par le généralissime Tchang Kaï Check et par le maréchal Staline. Je ne vois aucune raison de m’accrocher avec le Foreign Office anglais sur cette affaire. Le seul argument qu’ils semblent m’imposer est la crainte de l’effet que cela aurait sur leurs propres possession et celles des Hollandais. Ils n’ont jamais aimé l’idée de tutelle, car elle a dans certains cas pour but l’indépendance future. C’est vrai pour le cas de l’Indochine. Chaque cas doit, bien sûr, avoir sa propre logique, mais le cas de l’Indochine est parfaitement clair. La France l’a exploitée pendant cent ans. Le peuple indochinois a droit à quelque chose de mieux que cela. » (cité in Isoart, 1982, p. 191 ; Fall, 1967, p. 70).
Tchang Kaï Chek, en mauvaise posture en 1944, fait à nouveau savoir qu’il n’est pas favorable à la proposition de Roosevelt de faire passer l’Indochine (Laos et le Cambodge compris) sous la coupe de la Chine nationaliste. Il déclare que les Indochinois « n’étaient pas des Chinois et qu’ils ne s’assimileraient pas au peuple chinois. »
24 janvier 44 : Dans un mémorandum adressé aux Britanniques, Roosevelt précise que « l’Indochine ne devait pas redevenir française, mais qu’elle devait être administrée par un conseil de tutelle » sous l’égide de l’O.N.U. (Gras, 1979, p. 30). S’adressant le même jour à son secrétaire d’État Cordell Hull dans un aide-mémoire, il ajoute : « L’affaire d’Indochine est parfaitement claire. La France l’a exploitée pendant cent ans. Les peuples d’Indochine ont droit à mieux que cela. » (cité in Cadeau, 2019, p. 120)
Le gouvernement japonais et l’état-major envisagent pour la première fois de faire un coup de force en Indochine Son principe sera adopté le 14 septembre (Isoart, 1982, p. 42).
30 janvier 44 : Au Cambodge, le comité issarak de Bangkok est très actif dans les régions de Battambang et Siem Reap occupées par la Thaïlande.
30 janvier – 8 février 44 : Conférence de Brazzaville (Congo). Les différents gouverneurs de l’Empire colonial français ont écarté jusqu’alors toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire, ou la constitution, même lointaine, de self-government dans les colonies. La conférence qui évoque donc l’avenir de l’Empire accorde cependant une relative autonomie à l’Indochine au sein de la future Union française (voir future déclaration du 24 mars 1945), avec maintien des 5 pays indochinois et entérine donc un refus de réunification du Vietnam (Isoart, 1982, p. 47). De Gaulle parle alors de « la route des temps nouveaux » (Cadeau, 2019, p. 132).