Janvier 41 : Signature d’un accord économique provisoire : l’Indochine s’engage à livrer un million de tonnes de riz au Japon sur une période de un an (Isoart, 1982, p. 217).
1er janvier 41 : Decoux espère toujours une intervention anglo-saxonne pour calmer les tensions avec le Siam. Elle n’aura pas lieu (Valette, 1993, p. 89).
5 janvier 41 : Les Thaïlandais ouvrent le feu et pénètrent dans la zone convoitée au Cambodge (secteur Poipet-Sisophon, à la frontière du Cambodge et du Siam). Les Français se replient sur la R.C.1 avant un mouvement de contre-attaque avorté (voir 16 janvier) (Toinet, 1998, p. 35 ; témoignage sur ces combats in Valette, 1993, pp. 110-121).
9 - 10 janvier 41 : Malgré l’accord signé avec Vichy le 12 juin 1940, la Thaïlande (de son seul plein gré) envahit une partie du Laos et du Cambodge avec des troupes formées et équipées par les Japonais. Les forces françaises sont sur la défensive face à une armée qui les surpasse. Leurs tentatives de contre-attaque échouent (Cadeau, 2019, p. 76).
16 janvier 41 : Défaite au Cambodge des troupes françaises (sous-équipées) contre une armée thaïlandaise numériquement supérieure (voir 17 septembre 1940) (De Folin, 1993, p. 28 ; Toinet, 1998, p. 35-38 ; Valette, 1993, pp. 114-119).
17 janvier 41 : Les Français opèrent un retournement de situation face à la Thaïlande. Avec leur croiseur léger, le Lamotte-Piquet et d’autres navires, ils mettent en déroute la flotte de guerre thaïe à Koh Chang qui était en partance pour aller bombarder Saigon (De Folin, 1993, p. 28). 5 bâtiments thaïlandais sont envoyés par le fond, aucune perte du côté français.
18 janvier 41 : Sous la pression des Japonais, signature d’un armistice franco-thaïlandais avec cessation des combats le 28 (Toinet, 1998, p. 37).
19 janvier 41 : Le ministère des Affaires étrangères japonais met en demeure l’ambassadeur français à Tokyo, Arsène-Henry, de demander officiellement sa médiation dans le conflit franco-thaïlandais sous peine d’une intervention armée japonaise sur toute l’Indochine. Après tractations, les Thaïlandais accepteront début mai une négociation directe avec les Français. Le Cambodge perd alors un tiers de son territoire (province de Battambang et une partie de celle de Siem Reap) et certains territoires au Laos sur la rive droite du Mékong (Toinet, 1998, p. 37 ; Valette, 1993, p. 97).
20 janvier 41 : Le conseil de défense de l’Empire (France libre) remet un mémorandum au gouvernement britannique : « Le conseil de défense de l’Empire français doit constater qu’il ne dispose pas actuellement des moyens militaires nécessaires pour prendre de l’extérieur la charge de défendre l’Indochine […] Le développement à l’intérieur de l’Indochine d’un mouvement tendant à remplacer les autorités nommées par Vichy par les autorités nommées par le conseil de défense de l’Empire français risquerait d’entraîner de la part du Japon une extension immédiate de l’invasion, extension à laquelle l’Indochine ne paraît pas, en ce moment, susceptible de s’opposer par ses propres forces. En conséquence, le conseil de défense de l’Empire français ne se propose pas de provoquer le déclenchement d’un mouvement. » (cité in Turpin, 2005, p. 29). Cette position sera maintenue jusqu’en 1943.
Un ultimatum japonais impose un armistice entre les troupes françaises et thaïlandaises. Il sera signé le 31.
22 janvier 41 : Decoux met en place un conseil fédéral qui remplace les anciennes assemblées d’Indochine élues. Ce conseil comporte une majorité d’Indochinois parmi ses membres : 35 sur 53. L’amiral se justifie ainsi dans ces mémoires : « Sans porter atteinte aux institutions, mœurs et coutumes propres à chacun, je me suis efforcé d’atténuer ou de faire disparaître particularismes et antagonismes raciaux. » (cité in Zeller, 2021, p. 31)
28 janvier 41 : Cessation des combats entre la France et la Thaïlande. Les Français déplorent 300 tués. Les pertes thaïes sont inconnues mais inférieures
Nguyen Ai Quoc (le futur Ho Chi Minh, « Ho à la volonté éclairée »), de retour de Chine, s’installe au Vietnam dans la région de Pac Bo près de Cao Bang (frontière chinoise) où il séjourne dans des grottes et des conditions particulièrement ascétiques et frugales. Il y restera environ un an (Brocheux, 2003, p. 112).
31 janvier 41 : L’armistice franco-siamois est signé.