Hilsman Roger : Né en 1919. Formé à Westpoint. Participe activement aux combats durant la SGM en Asie du Sud-Est, essentiellement en Birmanie. Blessé. Après avoir récupéré, il rejoint le Bureau des services stratégiques avec le grade de lieutenant. Il sert d'officier de liaison avec l'armée britannique. Il s'est ensuite porté volontaire pour commander un bataillon de guérilla constitué de mercenaires et irréguliers d'ethnies diverses, opérant derrière les lignes japonaises toujours en Birmanie. S’intéresse aux techniques de guérilla. Après la capitulation japonaise en 1945, Hilsman fait partie d'un groupe de l'O.S.S. qui organise une mission aéroportée en Mandchourie pour libérer les prisonniers américains détenus dans un camp japonais. Au lendemain de la guerre, il sert toujours dans l'O.S.S. au poste de chef adjoint des opérations de renseignement en Extrême-Orient de 1945 à 1946. Après la création de la C.I.A., il y occupe le rôle d'assistant spécial au directeur général de 1946 à 1947.
Parrainé par l'armée, Hilsman a fréquenté l'Université de Yale. Il y obtient une maîtrise en 1950 et un doctorat en sciences politiques en 1951. Spécialiste des relations internationales.
Dans l’administration Kennedy, il est recruté par le sous-secrétaire d'État Chester Bowles. Sa progression est rapide. Hilsman est choisi pour être le directeur du Bureau du renseignement et de la recherche du Département d'État américain, poste qu'il occupe de février 1961 jusqu’en mars 1963. Au vu de son passé durant la SGM, il n’hésite pas à s’opposer aux militaires, ce qui n’est pas pour déplaire à Kennedy mais beaucoup moins à Rusk et McN.
Hilsman devient l'un des principaux architectes de la politique américaine au Vietnam au début des années 1960. Le 12 janvier 1962, il présente le plan intitulé « A strategic concept for South-Vietnam » adressé à Taylor, dans lequel il déclare que la guerre était avant tout une lutte politique. Il propose des orientations qui mettent l'accent sur le fait que la conquête des zones rurales est la clé de la victoire Il recommande à l'armée de la R.D.V.N. de commencer à utiliser des tactiques de guérilla. Ce rapport favorise l’approbation par Kennedy de la participation américaine au programme des futurs « hameaux stratégiques ». Leur mise en œuvre par le gouvernement sud-vietnamien confiée à Nhu est cependant laborieuse, et Hilsman constate rapidement que le fond de sa pensée est en train d’être complètement dévoyé.
Au vu des divergences entre ce que dit l’armée et de ce rapportent les journalistes, Kennedy envoie en décembre 1962 Hislman et Forrestal en mission d'enquête au Sud-Vietnam. Le rapport Hilsman-Forrestal qui en résulte est remis au président le 25 janvier 1963. Ses conclusions sont cinglantes pour le régime de Diem. Mais ses conclusions demeurent optimistes : « Notre jugement global, en somme, est que nous sommes probablement en train de gagner, mais certainement plus lentement que nous l'avions espéré. Au rythme actuel, la guerre durera plus longtemps que nous le souhaiterions, coûtera plus cher que prévu en termes de vies humaines et d'argent. » C’est ce type d’optimisme mesuré qui contribue à l’escalade américaine tout en masquant les profondes carences du régime diémiste.
En mars 1963, Hilsman devient secrétaire d'État adjoint pour les affaires d'Extrême-Orient, remplaçant d'Averell Harriman devenu quant à lui sous-secrétaire d’État. Hilsman progresse dans la bureaucratie gouvernementale, en partie parce que Kennedy aime sa volonté de défier l'armée. Cette année-là, le New York Times le décrit comme « un homme agité, rebondissant, agressif mais profondément réfléchi. » Hilsman prend ses fonctions en mai 1963, juste au moment où éclate la crise bouddhiste. Le 24 août 1963, Hilsman, Forrestal et Harriman, rédigent et envoient un samedi le « câble 243 » suggérant à Lodge de se débarrasser de Nhu voire même de Diem. Ses auteurs court-circuitent l’ensemble des vrais décideurs (Rusk, Taylor, McN, Colby, McGeorge Bundy), y compris un Kennedy aussi embarrassé par cette initiative qu’indécis. Au final, cette manœuvre aboutira au coup d’État qui renversera Diem en novembre.
Après la mort de Kennedy, Hilsman reste à son poste mais connaît rapidement une disgrâce due au fait, selon Halberstam, qu’il « s’était fait probablement plus d’ennemis que personne d’autre dans les hautes sphères gouvernementales » (Halbertsam, 1974, p. 406). Ce qui avait fait sa force sous Kennedy devient une faiblesse. La brutalité de ses points de vue et sa constante tendance à contester les militaires exaspèrent McN, Rusk, Colby et même LBJ qui avait déjà été irrité par le rôle qu’il s’était donné au moment de la chute de Diem. De Plus, Hilsman n'est pas en phase avec l'approche de Johnson concernant la guerre du Vietnam, considérant que le nouveau président cherchait avant tout une solution militaire plutôt que politique. On lui propose un poste d'ambassadeur aux Philippines qu’il refuse. Là où Hilsman dira plus tard qu'il avait pris l'initiative de sa démission, Rusk dira : « Je l'ai viré ».
Le 25 février 1964, la Maison Blanche annonce sa démission. Cette déclaration a fait la une du New York Times, Hilsman affirmant toutefois qu'il n'était pas en froid avec l'administration Johnson. À la fin de son mandat, il s’était prononcé en faveur du maintien de l’engagement des U.S.A. mais en privilégiant une stratégie anti-insurrectionnelle de pacification au Sud. De ce fait, il était opposé à une action militaire contre le Nord-Vietnam par la voie aérienne. Il est remplacé au Bureau des affaires d'Extrême-Orient par William Bundy.