Février 92 : Du fait de l’état déplorable de l’ancienne ambassade de France abandonnée depuis 17 ans, l’ambassadeur, sa famille et la délégation française s’installent dans une maison bourgeoise de Phnom Penh qui tient lieu d’ambassade provisoire (Coste, 2022, p. 47).
Son Sann suggère l’élection d’un chef d’État au Cambodge (Sihanouk) alors que cette question n’est pas prévue dans les accords de Paris. Pour éviter l’organisation d’une seconde élection, il propose que le prince soit élu président de l’assemblée nationale à venir. Or c’était oublier que c’est cette même assemblée qui l’avait destitué en 1970. 22 ans après l’événement, Sihanouk n’a rien oublié et demeure opposé à ce que l’assemblée nationale élise le président. Il demande donc une double élection simultanée, l’une pour l’assemblée nationale et l’autre pour la présidence.
3 février 92 : Le général Loridon (commandant les forces militaires de la MIPRENUC) signale la présence de 250 conseillers vietnamiens au sein de l’armée de l’EdC dans la région de Siem Reap. L’EdC continue à avoir une attitude ambigüe à l’égard de la MIPRENUC (Coste, 2022, p. 122).
A Hong-Kong, émeutes de réfugiés vietnamiens opposés à leur rapatriement au Vietnam (24 tués et 119 blessés) (Bui Xuan Quang, 2000, p. 772).
6 février 92 : Réunion près de Palïn de la direction kr. Pol Pot prononce un important discours qui prépare la décision secrète de ne pas appliquer les accords de Paris.
11 février 92 : Visite à Phnom Penh du ministre chinois des Affaires étrangères Qian Qichen.
12 février 92 : Khieu Samphan exprime les préoccupations des KR quant à l’application des grands objectifs du processus de paix.
19 février 92 : A l’issue d’une réunion tenue la veille, le général Loridon exprime sa « colère ». Les KR refusent de coopérer avec la MIPRENUC : refus de donner accès aux zones contrôlées par eux, refus de fournir les cartes des champs de mines, refus d’autoriser le survol des zones contrôlées par eux.
19 et 26 février 92 : Le secrétaire général de l’O.N.U., Boutros Boutros-Ghali, présente au Conseil de Sécurité la résolution fixant la mission de l’APRONUC (fixation de ses effectifs et de ses besoins financiers) (Coste, 2022, p. 117).
25 février 92 : Intensification des combats au nord de Kompong Thom.
26 février 92 : Alors qu’il survolait le village de O Kyang contrôlé par les KR, un hélicoptère de l’O.N.U. essuie des tirs. Le colonel australien Russel Stuart est blessé. C’est le premier acte d’une longue série à venir (Le Monde du 28 février 1992).
27 février 92 : Sihanouk qui visite Païlin déclare qu’il faut respecter totalement les accords de Paris. Son Sen (KR) souligne le fait que la MIPRENUC n’a qu’un mandat limité et qu’il faut attendre l’arrivée de l’APRONUC pour ouvrir l’accès des zones contrôlées par les KR. Une manœuvre dont personne n’est dupe.
27 – 29 février 92 : Congrès mondial du F.U.N.C.I.N.P.E.C. à Romchiang dans une zone sihanoukiste. Le mouvement se transforme en parti politique. Il adopte de nouveaux statuts, un manifeste et un programme politiques. Le fils de Sihanouk, Norodom Ranaddith, est élu président.
28 février 92 : Vote à l’O.N.U. de la résolution 745 du Conseil de sécurité mettant en place l’APRONUC (Cambacérès, 2013, p. 328). L’organisation onusienne possède à la fois une composante militaire et civile.
Le cessez-le-feu doit être total au 31 mai. La démobilisation de 70 % des forces armées doit être effective au 30 septembre. Les élections sont envisagées au plus tard pour mai 1993. L’opération onusienne ne pourra excéder 18 mois. Le budget, comprenant le rapatriement des réfugiés, est estimé à 2,8 milliards de dollars. Or l’O.N.U. éprouve le plus grand mal à réunir les 200 millions de dollars nécessaires pour débuter l’opération. Akashi ne peut pour l’instant retourner au Cambodge car il peine à rassembler les fonds.