Dernière modification le il y a un mois
par Jean-François Jagielski

Février 1953

2 février 53 : Dans le contexte de la guerre de Corée, Eisenhower qui vient d’entrer en fonction laisse entendre que les U.S.A. pourraient avoir recours à l’arme atomique contre la Chine (Marangé, 2012, p. 196).

L’état-major vm se réunit et décide de poursuivre la campagne d’été et de printemps au Haut-Laos en combinaison avec les forces du Pathet Lao. Un premier projet d’attaque vise Sam Nua au nord-est du Laos. La ville est défendue par 1 700 hommes dont la plupart sont des Laotiens dirigés par le commandant Mallepate. Salan a décidé de faire de cette ville un nouveau « hérisson » en faisant fortifier et relier par des tranchées les 6 pitons qui entourent la ville qui dispose d’une piste d’atterrissage (Giap 2, 2004, pp. 290-291).


4 février 53 : Salan reçoit la visite du général Léchères, président du comité des chefs d’état-major, envoyé par René Mayer (président du Conseil) qui est lui aussi préoccupé par la situation au Laos. Salan lui réclame à nouveau un soutien au niveau de l’aviation. Léchères lui annonce la venue prochaine du maréchal Juin (voir 15 février). Et Salan de commenter : « Pendant 1952, Paris s’est fort peu soucié de l’Indochine. Voilà brutalement qu’il découvre son importance ! » (Salan 2, 1971, p. 379).


9 février 53 : Au Cambodge, début de la « Croisade royale pour l'indépendance ». Sihanouk confie la régence à son père et part pour la France. A Paris, à sa demande, le gouvernement français dissout l'Association des Étudiants khmers présidée, depuis 1951, par Hou Yuon. Sihanouk séjourne alors en France dans sa résidence de Mougins.


15 février 53 : Arrivée du maréchal Juin à Saigon pour une longue tournée d’inspection qui se transforme, selon les termes de Salan, en « course contre la montre ». A 13 heures, Bao Daï lui rend visite.


16 février 53 : Entretien Salan-Juin. Le premier sent son interlocuteur « nerveux ».


17 février : Juin visite le secteur de la Cochinchine puis part pour Tokyo d’où il sera de retour le 25.


24 février 53 : Un haut-comité militaire franco-vietnamien, réuni à Dalat sous la présidence de Bao Daï, décide le renforcement de l’armée vietnamienne par la mobilisation de classes supplémentaires.


25 février – 4 avril 53 : Au Sud où la situation est plutôt bonne, opération Jura qui a pour but  la réouverture et l’équipement de la route Long Thanh-Baria (R.C. 15) ainsi que la destruction d’ateliers de fabrication d’armes (Cadeau, 2019, p. 443 et p. 624, note 34).


26 février 53 : Prise de contact avec le VM à Rangoon sous couvert d’une mission culturelle commanditée par Antoine Pinay (ancien président du Conseil). Elle a été approuvée par Auriol, Pinay et Bao Daï mais n’aboutit à rien (Gras, 1979, p. 492 ; Fall, 1960, p. 139 ; De Folin, 1993, p. 261 ; récit détaillé in Chaffard, 1969, pp. 143-162). Le gouvernement français n’entend pas négocier pour l’instant et se trouve donc engagé dans une impasse évolutive (voir 13 juillet).

Le maréchal Juin visite l’Annam puis part le soir pour le delta tonkinois.


28 février 53 : Juin se rend à Na San.


Fin février 53 : Réunion durant 9 jours de l’état-major du VM pour contrer la nouvelle tactique française des « hérissons ». Giap observe : « Cependant Hoa Binh ne préfigurait pas Na San et nos troupes ne devaient pas seulement enlever chacun des points d’appui, mais encore les tenir pour progresser en profondeur. Ainsi il leur faudrait combattre de jour comme de nuit, attaquer l’infanterie mais aussi faire face à l’artillerie, aux blindés et à l’aviation. » Or pour l’instant, les troupes du VM ne disposent pas d’une artillerie suffisante et doit toujours faire face à des problèmes logistiques de ravitaillement des troupes comme l’ont montré les récentes campagnes : les régions du Nord-Ouest sont des régions de montagnes assez peu peuplées, peu propices à ravitailler d’importants corps de troupes et de porteurs (Giap 2, 2004, pp. 286-287).

💬 Commentaires

Chargement en cours...