Février 52 : 400 militants communistes ou cégétistes (dont une centaine de délégués syndicaux) sont menacés de licenciement dans l’usine Renault de Billancourt. 265 sont prononcés en février, suivis de 172 en mai. Parmi eux, un nombre difficilement appréciables de ces licenciements sont liés à des actes de sabotage liés au mouvement de lutte pour la paix au Vietnam (Ruscio, 1985, p. 225).
Au sud, le général Bondis (successeur du général Chanson) poursuit lentement et avec des moyens limités les zones « contaminées » par la présence du VM (Cadeau, 2019, p. 408)
3 février 52 : Le lieutenant-colonel Ducorneau prend le commandement du secteur de Hoa Binh (Cadeau, 2019, p. 400).
5 février 52 : Salan décide d’envisager l’évacuation de Hoa Binh en accord avec Letourneau. L’opération est confiée à De Linarès et l’exécution au colonel Gilles et au lieutenant-colonel Ducorneau (parachuté sur Hoa Binh) en remplacement du colonel Clément qui, selon Salan, donnait « des signes de fatigue et de pessimisme ». C’est lui qui a pris le commandement du secteur depuis le 3. La ville est dégagée, la R.C. 6 rouverte (opérations Speculum et Arc-en-ciel). Le corps des troupes vietminh étant usé par la perte d’un tiers de ses effectifs due principalement à la technique des vagues de submersion très coûteuses en vies humaines ainsi qu’aux bombardements (aviation et artillerie). Ses divisions d’élite, 304, 308 et 312 sont à bout de force.
6 février 52 : Le lieutenant-colonel Ducorneau reçoit l’ordre de Salan de préparer l’évacuation de la garnison de Hoa Binh et de sa population. C’est Gilles qui est chargé de mener l’opération (Arc-en-Ciel) qui démarrera le 22. Ce projet d’évacuation concernera 3 800 combattants franco-vietnamiens, 700 prisonniers et un millier de civils (dont des occupants des villages environnants) (Cadeau, 2019, pp. 400-401).
14 – 20 février 52 : Le colonel Gilles donne l’ordre de nettoyer et occuper le nord de la R.C. 6.
16 février 52 : Les services de renseignements français détectent qu’un agent de l’United States Information Agency (U.S.I.S., agence de propagande) verse d’importantes sommes d’argent à 2 journaux chinois de Hanoï et Haïphong pour diffuser de la propagande américaine. Ce qui agace profondément les Français (Bouilleaux, 2021, pp. 168-169).
16 - 27 février 52 : Opération Crachin contre les T.D. 48 et 52 au nord-est de Thaï Binh (est de Nam Dinh) (Gras, 1979, p. 456).
17 février 52 : Dans la nuit, le 141e régiment (312e division) ne parvient pas à déloger les Français des hauteurs qui leur permettent de protéger le passage de la rivière du Day de 5 de leurs bataillons.
19 février 52 : De Linarès lance l’opération Crachin avec les G.M. 4 et 7. Elle a pour but de rejeter les régiments 48 et 52 (division 320) de la région de Ninh Giang. Les unités de VM refusent le combat et se contentent de se déplacer (Cadeau, 2019, pp. 408-409).
22 février 52 : Après la disparition de De Lattre, le général Salan est confirmé dans ses fonctions de commandant en chef (voir 1er janvier). Il a décidé l’évacuation d’Hoa Binh et de la R.C. 6 par les opérations Arc en ciel et Amarante. Ces opérations, très bien menées par De Linarès et entraînant des pertes conséquentes côté vietminh, seront toutefois considérées à tort comme une défaite par Paris (Gras, 1979, pp. 451-455). A 17 heures, 5 bataillons franchissent en silence la rivière Day sous la protection d’intenses barrages d’artillerie (30 000 obus). Le VM ne parvient pas à bloquer l’évacuation du 2e B.E.P. et du 3e bataillon de la 13e demi-brigade de légionnaires étrangers. Selon Salan, les pertes françaises liées à la bataille d’Hoa Binh sont de 436 tués, 450 disparus et 2 300 blessés. Il estime celles du VM à 3 455 tués, 307 prisonniers et 7 000 blessés (Salan 2, 1971, p 289). En incluant le front secondaire, Giap parle quant à lui de 20 000 pertes côté français : 14 030 tués et 7 209 prisonniers. Concernant ses propres pertes, en parlant toujours les 2 fronts, il évoque 11 193 pertes dont 2 692 tués (Giap 2, 2004, p. 231). Ces chiffres issus les uns comme les autres de mémoires étant à prendre avec les précautions habituelles et sont probablement sous-estimés d’un côté comme de l’autre.
23 février 52 : Déclaration de De Gaulle : « Il faut soutenir la guerre en Indochine tant qu’on voudra nous la faire, cela entraîne de grandes dépenses. Bref, il faut payer pour être la France ! » (cité in Bodin, 1996, p. 249)
24 février 52 : Salan donne une conférence de presse sur la bataille d’Hoa Binh : « Les résultats sont probants. Ils sont à notre avantage. » (Salan 2, 1971, p. 290) Les résultats sont assurément plus mitigés qu’il ne le dit dans ses mémoires puisqu’il a fallu lâcher Hoa Binh et opérer une retraite…
25 février 52 : La colonne de replis sur la R.C. 6 comporte désormais 22 000 hommes du fait du repli des postes. Elle franchit la ligne De Lattre et se retrouve à l’abri dans le Delta. Ce repli a été bien organisé : décrochages méthodiques des unités et des postes, soutien de l’artillerie et de l’aviation qui ont protégé la colonne tout au long de sa progression. Le VM n’a pu s’y opposer et on est, au final, loin du fiasco de Cao Bang d’octobre 1950 (Cadeau, 2019, p. 401).
29 février 52 : Fin de l’opération Crachin (voir 19 février) qui aboutit à un nouvel échec.
Le Parlement français refuse au gouvernement Faure de majorer les impôts pour financer la guerre. Ce qui entraînera la démission du nouveau président du Conseil. La guerre d’Indochine empoisonne plus que jamais le climat politique français (De Folin, 1993, p. 219).