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par Jean-François Jagielski

Devillers Philippe

Devillers Philippe : De Son vrai nom Philippe Mullender. Né en 1920. Études de droit à Paris. Diplômé de l’École libre des sciences politiques de Paris en 1939. Rédacteur au ministère de la Production industrielle de 1942 à 1944 puis chef de cabinet du Commissaire de l’Approvisionnement de la région parisienne de 1944 à 1945.

Il débute sa carrière de journaliste au sein de l’État-major du général Leclerc à Saigon, dans ce qu’il appelait le « cinquième bureau ». Il n’est jamais allé au Vietnam jusqu’alors. Recruté par Hubert Beuve-Méry, il devient correspondant du Monde en Indochine le 14 septembre 1945.

Il arrive à Saigon le 3 novembre 1945 et se définit alors comme « nationaliste de droite, catholique, militariste, colonialiste et même raciste ». Il participe avec Jean Lacouture et d’autres à la rédaction d’une publication destinée aux membres du C.E.F.E.O., Caravelle, dont le premier numéro sort le 5 décembre 1945. En parallèle, il participe également aux émissions de Radio-Caravelle, destinées au même public. Son travail est apprécié par le général Leclerc, notamment lors de la publication le 20 d’un éditorial intitulé « Pourquoi ? » qui justifie le retour de la présence française en Indochine. Il fonde, avec de jeunes journalistes dont Jean Lacouture fait encore partie, le journal Paris-Saigon, « hebdomadaire de la pensée française en Asie ». Cette publication « civile » se donne pour but de renseigner les Saïgonnais sur ce qui se passe en France et dans le monde mais également de mieux faire connaître aux « nouveaux arrivés » les réalités indochinoises et ainsi « contribuer à une meilleure compréhension entre Français et Annamites ». Du 16 janvier 1946 jusqu’au 8 janvier 1947, 61 numéros seront publiés.

Le 27 mars 1946, Philippe Devillers se rend à Hué où il rencontre de nombreux interlocuteurs qui lui font découvrir la véritable situation vietnamienne. Il commence à réunir auprès d’eux une importante documentation. C’est à partir de ce moment précis qu’il commence à modifier son point de vue sur le retour des Français et, plus généralement, sur le colonialisme en Indochine. Il confie alors dans un courrier adressé à ses parents : « Mais je suis persuadé qu’il n’y aura pas d’autre solution que d’accorder dans x années l’indépendance complète. Nous ne pouvons rester dans un pays qui ne veut plus de nous. »  Il écrit pour Le Monde son premier article portant sur la première conférence de Dalat d’avril 1946 sous le pseudonyme de Devillers, un nom d’auteur qu’il conservera toute sa vie. Il quitte le Vietnam le 9 octobre 1946 ainsi que son affectation militaire pour se consacrer au journalisme en métropole.

Dès son retour, il travaille alors au quotidien Paris-Normandie dont il devient le spécialiste pour l’Asie du Sud-Est (157 articles) et ce, jusqu’en 1957. C’est dans ce journal qu’il publie son premier article le 20 décembre 1946 sous le titre « Sang-froid » qui porte sur la bataille de Hanoi du 19 décembre.

Le 1er novembre 1948, il est nommé chef de cabinet-adjoint contractuel du Secrétaire général du Gouvernement à Paris. Il se fait connaître en 1952 avec la parution de l’Histoire du Vietnam de 1940 à 1952 (cf. bibliographie) où il insiste sur les responsabilités de la jeune IVe République dans le déclenchement de la guerre et les incohérences de la politique française en Indochine. Il est favorable (comme Leclerc) à un processus de négociations avec le VM.

En décembre 1958, il est chargé avec Jean Lacouture d’écrire un ouvrage sur la fin de la guerre d’Indochine à l’aide des archives de Mendès France et de René Pleven qui donnera naissance au livre La fin d’une guerre : Indochine, 1954 paru au Seuil. À partir de 1959, il participe au Centre d’études des relations internationales (C.E.R.I.) où il est spécialiste des questions de l’Asie du Sud-Est et devient professeur invité à l’université de Cornell aux U.S.A. Membre de l’Académie des sciences d’outre-mer en 1972 dont il est à un moment président. Docteur en histoire en 1983. Responsable à Sciences Po Paris (Fondation nationale des sciences politiques) de la section « Asie du Sud-Est » au Centre d’étude des relations internationales entre 1960 et 1987.

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