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par Jean-François Jagielski

Décembre 1970

Décembre 70 : Les forces de Lon Lol échouent à reprendre le contrôle de la route nationale 6 reliant Phnom Penh à Siem Rap par la rive orientale du Tonle Sap (Deron, 2009, p. 168).

Sihanouk revient sur sa destitution du 18 mars devant le micro de la Suisse romande. Il revient sur son séjour en U.R.S.S. juste avant sa destitution (voir 17 mars) et incrimine le rôle des Soviétiques : « J’avais d’abord pensé que les Russes me soutiendraient mais quand ils ont vu que j’étais déposé, ils m’ont lâché. » (cité in Tong, 1972, p. 121)

Création aux U.S.A. d’une commission citoyenne intitulée The Citizens Commission of Inquiry on War Crimes in Vietnam (Gibault in collectif, 1992, p. 77).


8 décembre 70 : En réponse à une demande des chefs d'état-major interarmées, une réunion secrète a lieu au quartier général du M.A.C.V. de Saigon pour discuter de la possibilité d'une attaque transfrontalière de l'A.R.V.N. en vue de couper la piste HCM dans le sud-est du Laos et au Cambodge (future opération Lam Son 719). Selon Abrams, Kissinger et son adjoint Haig semblent en avoir été les initiateurs. Haig est chargé de se rendre à Saigon présenter le projet à Thieu qui est en bons termes avec lui.


23 décembre 70 : Haig, de retour du Vietnam où il a été missionné par Nixon pour tester les réactions au projet d’offensive en vue de la future opération Lam Son 719, fait son rapport en présence de Laird (Défense), Tom Moorer (chef d’état-major interarmes) et Kissinger. Ce dernier approuve son contenu. Nixon désire que Laird se rende au Vietnam en janvier. Ce dernier n’est pas opposé à l’idée de coupure de la piste HCM. Nixon est favorable au projet tout en attendant le retour de Laird pour le valider. Personne n’est mis au courant de ce projet ni au sein de l’administration ni au Pentagone (Kissinger 2, 1979, pp. 1 047-1 048).


31 Décembre 70 : Le Congrès américain abroge la résolution du Golfe de Tonkin. Les pouvoirs militaires du président sont donc désormais limités par la représentation nationale. Nixon n’aura plus qu’une arme à sa disposition, son pouvoir de véto présidentiel.

Il demeure 350 000 Américains en Indochine dont 25 400 Marines. 200 000 hommes ont déjà quitté le théâtre d’opération. Les pertes américaines de l’année s’élèvent à 4 204 morts au combat (44 228 hommes depuis 1959). Les effectifs s-v s’élèvent à plus de 968 000 hommes et les pertes de l’année à 20 914 hommes (soit 133 522 hommes depuis 1965) (Burns Siger, 1992, p. 123).

Selon le F.U.N.K., 70 % du territoire cambodgien échappent au contrôle du gouvernement républicain.


Fin 1970 : Le dilemme de Nixon tourne au cauchemar car il doit non seulement gérer la question du S-V mais aussi celle de toute l’Indochine, Cambodge et Laos compris. Nixon et Kissinger ont désormais une marge de manœuvre très réduite : opposition intérieure croissante (opinion publique et représentation parlementaire) ; opposition de Le Duc Tho qui a accepté un plan de retrait mutuel mais sous certaines conditions que les S-V ne pourront accepter. Le président et son secrétaire à la Sécurité nationale en sont donc réduits à l’idée d’un « cessez-le-feu sur place ».

Les services de renseignements américains observent une intense activité sur la piste HCM et la présence de trois divisions (20 000 hommes) laissant présager une offensive pour 1971.

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