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par Jean-François Jagielski

Décembre 1967

Décembre 67 : Sondage analysant l’évolution de l’opinion publique américaine envers le conflit au Vietnam : pour 46 %, contre 45 %, sans opinion 9 % (Nouilhat in collectif, 1992, p. 60).

Un réseau d’aide aux déserteurs américains apparaît en France. Il est lié au Resistance inside the Army (R.I.T.A.) grâce au concours d’une Quaker américaine, Catherine Régnier et du géophysicien Thomas Schwaetzer (qui avaient eu tous deux des relations avec les réseaux algériens du F.N.L.). Le nombre de déserteurs américains n’excédera jamais quelques dizaines de réfractaires : une quarantaine début 1968, tout au plus une centaine en 1970 selon les Renseignements généraux (R.G.) (Journoud, 2020, p. 68).


14 – 19 décembre 67 : Nouveaux raids américains sur Hanoi. Ils visent une fois de plus l’ex- pont Paul Doumer et la centrale électrique qui en est proche. Ce sixième raid massif sur le pont le rend définitivement impraticable. 6 piles sont détruites et le tablier est atteint sur une longueur de 200 mètres. Suites aux multiples attaques de cet objectif, les travaux de réparation ne seront repris qu’en avril 1968 (De Quirielle, 1992, pp. 124-125).


18 décembre 67 : Johnson produit un mémorandum qui fait suite à celui de McN en date du 1er novembre. Contrairement à l’avis de son secrétaire à la Défense et allant dans le sens de ses proches coneillers, le président juge inopportun de cesser les bombardements ciblés sur le Nord : « Je suis parvenu à la conclusion que dans les circonstances actuelles, un arrêt unilatéral des bombardements, sans contrepartie, serait considéré tant à Hanoi qu’aux États-Unis comme l’indice d’un affaiblissement de notre volonté. » Il en vient aux opérations terrestres : « […] je ne pense pas qu’il faille annoncer une soi-disant politique de stabilisation. » Les effets seraient les mêmes que ceux provoqués par l’arrêt des bombardements. Il précise : « […] je ne vois pour l’instant aucune raison d’augmenter les forces américaines au-delà du niveau admis. » Pour lui, comme pour McN, les S-V doivent prendre les choses en main pour limiter les pertes américaines (Johnson, 1972, p. 456-457, cité in extenso pp. 715-716).

Face au blocage n-v au niveau des négociations, LBJ accorde une interview télévisée où il laisse entendre qu’il serait peut-être fructueux que le gouvernement s-v prenne des contacts officieux avec le F.N.L. Il déclare : « L’avenir politique du Sud-Vietnam doit s’élaborer dans ce pays grâce au peuple du Sud-Vietnam. » LBJ confie dans ses mémoires que Thieu n’était pas opposé à des rapprochements discrets. Ce qu’il confirmera le lendemain au président américain lors des obsèques à Canberra du premier ministre australien Harold Holt (Johnson, 1972, pp. 457-458).


19 décembre 67 : Présent aux obsèques du premier ministre australien Harold Holt, LBJ déclare aux membres du gouvernement présents : « L’ennemi accumule des forces dans le Sud. Nous devons nous efforcer d’être prêts. Des jours sombres s’annoncent. » LBJ prétend dans ses mémoires avoir pressenti ce jour-là chez les N-V « une  tactique de « kamikaze » dans les semaines à venir. » Rien de plus douteux : les Américains se laisseront totalement surprendre par l’offensive du Têt et ce, malgré les 2 rapports alarmistes de la C.I.A. de Saigon qui resteront lettre-morte parce que n’émanant pas directement de Langley mais d’une antenne locale.


20 décembre 67 : LBJ quitte l’Australie et rend « une brève visite » aux forces américaines stationnées au Vietnam avant de repartir pour Rome (Johnson, 1972, p. 458).


23 décembre 67 : LBJ arrive à Rome pour y rencontrer le pape Paul VI. Il lui a fait parvenir au préalable « un document de dix pages, résumant [ses] idées, surtout celles qui portaient sur le Vietnam et la quête de paix » dont le souverain pontife a pris connaissance. Il lui dresse un tableau identique de la situation à celui qu’il a brossé en Australie. Dans la situation actuelle, l’arrêt des bombardements n’aboutira à aucune ébauche de négociation. Il ne peut être envisagé qu’ultérieurement. Il évoque avec le pape l’idée de discussions entre le gouvernement s-v et le F.N.L. (voir 18 et 19 décembre) et « le programme de réconciliation nationale du Président Thieu ». Il évoque la question des prisonniers américains afin que le pape puisse intervenir en leur faveur puisqu’Hanoi a jusqu’alors toujours refusé l’intervention de la Croix-Rouge auprès d’eux (Johnson, 1972, pp. 458-460).


24 - 25 décembre 67 : Habituelle trêve de Noël. Arrêt total des bombardements pour une durée de 24 heures (Johnson, 1972, p. 693).


28 décembre 67 : HCM s’adresse « à tout le Vietnam, aux 31 millions de Vietnamiens qui doivent être des combattants résolus. »


31 décembre 67 : Les effectifs américains atteignent 480 000 hommes au S-V. 100 000 ont quitté les lieux au cours de l’année par le jeu des relèves. Les pertes ont été de 9 353 morts au combat et 62 024 prisonniers ont été pris. 328 avions ou hélicoptères ont été abattus (779 depuis le démarrage de Rolling Thunder). Les effectifs s-v sont de 800 000 hommes. 11 135 sont morts au combat. Les forces n-v sont estimées à 500 000 hommes. Parmi eux, 90 400 sont morts au combat (186 616 depuis 1965) (Burns Siger, 1992, p. 64).


31 décembre 67 – 2 janvier 68 : Deuxième arrêt total des bombardements américains pour une durée de 36 heures (Johnson, 1972, p. 693).


Fin 67 : Dans le cadre de sa Révolution culturelle, la Chine plonge dans une forme d’isolationnisme prolongé.

Sihanouk fait appel aux Américains et leur accorde le droit de poursuite du Vietcong au Cambodge.

Selon Portes, 485 000 Américains sont au Vietnam (Portes, 2008, p 115).

45 % des Américains considèrent que la poursuite de la guerre est une erreur mais seuls 10 % d’entre eux sont en faveur d’un retrait immédiat (Portes, 2008, p 168).

Mise en place des P.R.U.s. (Provincial Reconnaissance Units, Unité de reconnaissance provinciale). Ces unités s-v sont chargées de traquer les maquisards vietcong et ainsi aider les chefs de province sur le terrain. Elles sont armées par la C.I.A. Ces troupes mal contrôlées et mal encadrées commettent des atrocités (Colby, 1992, pp. 221-222).

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