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par Jean-François Jagielski

Décembre 1962

Décembre 62 : Un retrait de 1 000 militaires américains est acté. Il est officiellement annoncé par la Maison Blanche. Dans les faits, il s’agit d’une manipulation comptable compensée par les rotations de troupes. Les annonces de désengagement devront être démenties par la suite (Les Dossiers du Pentagone, 1971, p. 140).

Le général Tran Van Don rejoint Saigon et prend le poste de commandant de l’armée de terre s-v. Le général Minh est écarté. On lui confie le poste de conseiller militaire du président. Selon Don : « Cela revenait à lui octroyer des vacances de longue durée : il ne conseillait personne et n’avait ni responsabilité ni autorité. » (Tran Van Don, 1985, p. 112)


1er décembre 62 : Conférence de presse de Kennedy durant laquelle il déclare : « Nous ne voyons pas le bout du tunnel, mais je dois dire que je ne le crois pas plus sombre qu’il y a un an, et, à certains points de vue, il est même plus clair. »


3 décembre 62 : Mémorandum de Roger Hilsman (directeur du Bureau de Renseignements et Recherches du département d’État) à Rusk (secrétaire d’État). Il constate que l’optimisme de Diem, « d’ailleurs partagé par bon nombre de responsables américains au Sud-Vietnam apparaît pour le moins prématuré. Il serait plus juste de dire que la situation s’est dégradée moins vite que prévu », grâce à l’aide américaine et à la mise en place des hameaux stratégiques.

Selon les observations américaines, l’armée s-v a repris des initiatives mais le Vietcong « n’est pas affaibli le moins du monde ». Il a même renforcé ses effectifs estimés à 23 000 combattants renforcés par 100 000 irréguliers et sympathisants. Il contrôle 20 % des villages et 9 % de la population rurale. Son influence a également augmenté dans les régions urbaines (subversion, terrorisme, propagande).

« L’évolution de la situation politique intérieure est beaucoup plus délicate. » Certes Diem est plus populaire « dans les cercles intellectuels et l’élite civile » et « est devenu de plus en plus conscient de l’importance de la paysannerie dans l’effort de contre-insurrection. » Mais des personnalités civiles et militaires envisagent toujours la mise en place d’un coup d’État. Les idées neutralistes, antiaméricaines et procommunistes sont toujours d’actualité. Le Vietcong « s’est manifestement préparé à un conflit de longue durée ». Le conflit sera donc long (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 185-187 ; Bodard, 1971, doss. Pentagone, pp. 139-142).


14 décembre 62 : Kennedy annonce à Diem l’envoi de deux escadrilles d’hélicoptères avec 400 hommes supplémentaires et 33 hélicoptères H-21.


24 décembre 62 : Le gouvernement de Saigon annonce la réalisation de 4 077 hameaux stratégiques sur les 11 182 prévus. Selon une habitude bien rôdée, ces chiffres ont été falsifiés.


26 décembre 62 : Après son séjour au S-V (voir novembre), le sénateur Mansfield remet à la Maison Blanche un rapport attendu de Kennedy qui y sera sensible. Ce rapport stigmatise le caractère impopulaire et dictatorial du régime diémiste. Il condamne également l’engagement américain qui vire à la guerre alors que, selon l’auteur du rapport, les intérêts de sécurité des U.S.A. n’y sont pas engagés. Mansfield propose au final une neutralisation de la région (Journoud, 2011, p. 107).


28 décembre 62 - 15 janvier 63 : Après le sénateur Mansfield, Kennedy, toujours dans le doute sur les décisions à prendre, dépêche au Vietnam deux collaborateurs d’Harriman, Roger Hilsman et Mickaël Forrestal pour y voir plus clair. Ils font escale à Honolulu pour rencontrer l'amiral Felt (commandant des forces américaines du Pacifique) puis poursuivent leur voyage au Laos, en Thaïlande et en Indonésie.


Fin 62 : Selon Burchett, « fin 1962, le Front était dans une situation critique. » Le F.N.L., toujours assez mal armé, a dû rétracter ses forces et abandonner la zone populeuse mais dégagée du delta du Mékong où interviennent facilement les troupes aéroportées américano-sud-vietnamiennes (Burchett, 1965, p. 97). Seule la victoire d’Ap Bac (voir 2 janvier 1963) leur redonnera confiance.


Fin 1962 - début 1963 : Les analystes du dossier du Pentagone produisent un optimisme démesuré par rapport à l’engagement des U.S.A. Celui-ci est dû à un certain nombre de rapports inadéquats émanant des services de renseignements qui, la plupart du temps, dont mal informés de la situation réelle.

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