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par Jean-François Jagielski

Décembre 1961

7 décembre 61 : Washington envoie à l’ambassade de Saigon (Nolting) de nouvelles instructions adoucissant les exigences de réformes politiques demandées à Diem. C’est encore une manière de se plier aux volontés du président vietnamien et de traiter la guerre comme un problème purement militaire et non politique, tout en renonçant à utiliser la puissance américaine pour entamer une réforme politique et sociale du régime du S-V. C’est aussi une manière de ne pas se débarrasser une fois pour toutes de Nhu et son épouse. Nolting joue parfaitement ce jeu de la complaisance, ce qui fera dire à Nhu : « Votre ambassadeur est le premier qui nous ait jamais compris. » (Halberstam, 1974, p. 218)

Diem adresse une lettre à Kennedy pour recevoir encore plus d’aide. Il est entendu (voir 14 décembre) (Johnson, 1972, pp. 78-79).


8 décembre 61 : Publication d’un Livre blanc au S-V signalant les dangers d’une conquête communiste.


11 décembre 61 : Jusque-là les Américains amenaient des hommes et du matériel discrètement, s’étant engagés à faire semblant de respecter les accords de Genève. Ce jour-là, le porte-avions USCV s’amarre aux quais de Saigon pour y débarquer deux compagnies d’hélicoptères Shannee H-21 et 400 hommes. Personne n’ignore donc plus que l’engagement américain est effectif. Sauf à le feindre comme le fait à la même époque un attaché de presse de l’armée américaine attablé à la terrasse de l’hôtel Majestic de Saigon en présence de Stanley Karnow : « Le porte-avions Core passe sur le fleuve avec 47 hélicoptères alignés sur le pont. Étonné, je saisis le bras de l’officier en m’écriant : « Regardez ce porte-avions ! » Feignant d’écarquiller les yeux en direction de l’énorme bâtiment, il répondit : « Je ne vois rien. » » (cité in Pericone, 2014, p. 60)

Kennedy opte pour une demi-mesure et envoie de nouveaux « conseillers militaires » autorisés cette fois à pénétrer en zone de combat et à riposter si nécessaire. Leur effectif est d’environ un millier et sera multiplié par 10 un an plus tard, au mépris total des articles 4, 16 et 17 des accords de Genève qui limitaient strictement le nombre des troupes étrangères en présence au S-V et l’apport des quantités d’armement. Ils perdront dans leurs rangs 14 hommes en 1961 et 109 en 1962.


14 décembre 61 : Kennedy répond favorablement à la lettre de Diem en date du 7 : « Nous allons rapidement augmenter notre aide en faveur de votre effort de défense. » (cité in Johnson, 1972, p. 79).  400 nouveaux conseillers militaires américains et de 33 hélicoptères H-21 C vont prendre la route pour le Vietnam. Le nombre des conseillers militaires américains ne cessera alors de croître rapidement : de 700 début 1961, ils passeront à 3 400 mi-62.


18 décembre 61 : La laborieuse conférence des Quatorze nations pour le Laos (voir mai) adopte un projet de déclaration sur la neutralité du pays qui n’aboutira que le 23 juillet 1962 (Chaffard, 1969, p. 262).


18 - 20 décembre 61 : Une rencontre « quelque part »  en territoire rebelle fonde entre Nord et Sud-Vietnamiens le « parti populaire révolutionnaire » (P.P.R. ou Dang Nhan Dan Cach Mang). Selon ce qu’en dira Radio Hanoi le 18 janvier 1962, ce nouveau parti est créé au S-V lors d’une « rencontre marxiste-léniniste présidée par des chefs de la révolution vietnamienne ». Y participent tous les chefs du F.N.L. mais aussi d’importants membres du Lao Dong n-v : Pham Hung, Le Duc Tho, le général Nguyen Van Vinh (responsable du comité n-v pour la réunification). Ce parti d’obédience clairement communiste se déclare en accord avec les buts du F.N.L. Même si pour respecter son indépendance, le terme « communiste » est mis en sourdine par ses porte-paroles. Il s’agit dans les faits d’une forme de noyautage du F.N.L. par les instances communistes n-v. Ce que reconnaîtra Nguyen Huu Tho en parlant de l’élément « marxiste-léniniste » du Front. Tous les chefs du F.N.L. en font partie ou, si ce n’est le cas, adhèrent à des organisations communistes plus ou moins camouflées. Le président du Comité central de ce nouveau parti est Vo Chi Cong. Le premier secrétaire général est Huynh Van Tam et ce, jusqu’en 1964. Mais le rôle principal reviendra en fait à Le Duc Tho, secrétaire général du Lao Dong, qui séjournera très régulièrement au Sud de 1962 à 1965 pour diriger d’une main de fer la formation du parti et lui donner une assise locale (Knöbl, 1967, pp. 122-129).


Fin 1961 : L’armée de l’air s-v est en possession de 70 nouveaux appareils cédés par les Américains.

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