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par Jean-François Jagielski

Décembre 1956

Décembre 56 : Le Duan, le plus important haut-responsable au Sud et ardent partisan d’un abandon de la « ligne Genève », préconise une escalade limitée et graduelle de la lutte militaire basée essentiellement sur une campagne d’assassinats sélectifs.

De leur côté, Diem et Nhu répriment de façon impitoyable l’infiltration communiste. Tra Van Don parle d’« arrestations arbitraires », d’« incarcération en camps de concentration, pour des durées de temps indéterminées et sans garanties judiciaires, et ils n’hésitaient pas à faire assassiner les gens suspects de sympathiser avec les communistes. » Don ajoute : « Tout le monde connaissait et réprouvait l’emploi de la torture et de méthodes policières semblables à celle de la Gestapo. » (Tra Van Don, 1985, p. 92)

Lors de l’une des rares session de l’assemblée nationale n-v, la 6e, qui ne compte plus que 241 députés sur 444 membres théoriques, on décide de créer une commission de réforme constitutionnelle sous la présidence de Tran Huy Lieu (HCM étant président d’honneur) qui doit soumettre un nouveau projet réformant la constitution pseudo « libérale » promulguée le 8 novembre 1946 (voir cette date). Son président expose dans un journal de Hanoi (Thoi Moi) le sens de ce projet de réforme. La R.D.V. a comme forme de gouvernement une « dictature démocratique populaire » et précise : « Il est nécessaire que l’on comprenne clairement à quelles classes appartient le pouvoir et par quelles classes il [L’État] doit être dirigé, afin que le peuple reconnaisse sans hésitation la nature de notre régime […] Il se fonde sur l’union entre ouvriers et paysans et est dirigé par la classe ouvrière. Notre Constitution ne stipule pas explicitement ces points essentiels. Aussi, notre Constitution de 1946 ne contient-elle pas de règlements sur l’organisation de la structure économique de l’État. Il est nécessaire d’inclure ce point afin que le caractère économique – sur la voie du socialisme – de notre régime démocratique populaire devienne clairement reconnaissable. » (cité in Fall, 1960, p. 55) Ce projet restera cependant lettre-morte, du moins jusqu’au 20 juin 1958 (voir cette date).

Navarre fait paraître son livre, Agonie de l’Indochine. Selon Navarre, « en haut lieu, on fit savoir au général Cogny qu’on verrait avec faveur qu’il me fît un procès à ce sujet. Aussi, peu de jours après la sortie du livre, reçûmes-nous, mon éditeur et moi, une notification d’huissier nous faisant défense de publication. » Cogny attaque en effet l’auteur et l’éditeur pour diffamation. Puis, toujours selon Navarre, « il se rabattit au civil (Art. 1382) : il était plus facile de plaider le simple « préjudice moral » à lui causé par les passages incriminés, que de faire dire au tribunal qu’ils étaient diffamatoires. » (voir mars 1957) (Navarre, 1979, p. 417)


7 décembre 56 : La nouvelle constitution du Laos promulguée ce jour ne mentionne plus  l’appartenance du pays à l’Union française.


14 décembre 56 : Au N-V, décret n° 282/SL qui garantit la liberté de la presse. Celle-ci est toute relative. Une note interprétative de cette loi stipule que cette liberté n’inclut pas celle « de faire de la propagande contre les lois du Gouvernement » ou « d’exhorter le peuple […] à s’opposer aux lois ou à la ligne politique du Gouvernement » (Fall, 1960, p. 104).


24 décembre 56 : Suite aux dérives de la réforme agraire récemment dénoncées par HCM et Giap, le Nam Dam, journal officiel du Lao Dong, en appelle à une ouverture vers plus de démocratie : «  […] Nos missions immédiates consistent à renforcer nos codes de loi, à élargir correctement notre démocratie […] Le renforcement de nos codes comprend tout d’abord le respect des pouvoirs législatifs suprêmes de l’Assemblée nationale, et l’observation stricte du processus législatif. Deuxièmement, il est nécessaire de construire un nouveau système légal  à commencer par les droits [civiques] fondamentaux. Troisièmement, il est nécessaire d’agir conformément à la loi. » (cité in Fall, 1960, p. 104)


31 décembre 56 : Suite à une dégradation des relations entre la France et la R.D.V.N. observable depuis juillet, l’accord provisoire entre les 2 pays au sujet de l’Institut Pasteur d’Hanoi est rompu. Son ancien directeur, le professeur Huard, avait été au préalable malmené par un cam bo et avait quitté le N-V pour la France (Fall, 1960, p. 141).

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