Décembre 43 : Un « rapport mensuel sur la situation générale de la province de Cao Bang » mentionne pour l’une des toutes premières fois l’existence côté français du VM, soit pas moins de deux années et demie après la fondation du mouvement en mai 1941 : « […] e) à Hoa An et Ha Quang : activité nationaliste du Parti Viet-Minh. » (cité in Ruscio, 1985, pp. 54-55)
1er décembre 43 : Le texte du directeur des Affaires politiques au ministère des Colonies La Laurentie du 8 novembre est débattu lors d’un Comité du Pacifique. Il vise à élaborer des réformes politiques et administratives pour l’Indochine, une fois la métropole libérée. Il est approuvé par René Pleven (commissaire aux Colonies), René Massigli (commissaire aux Affaires étrangères) puis soumis pour approbation au C.F.L.N. qui le publiera le 8 décembre. Il n’y est absolument pas question d’indépendance mais d’un vague changement de « statut politique » qui doit assurer une plus grande liberté aux différents territoires et exprimer « un caractère libéral des institutions plus accentué. » Le tout devant obligatoirement s’inscrire « au sein de la communauté française ». Pleven en donnera le ton de ce texte sur Radio Alger le 24 décembre (Turpin, 2005, p. 74).
8 décembre 43 : Déclaration de De Gaulle dans laquelle il affirme des « relations d’amitié et de bon voisinage avec la Chine. » (De Folin, 1993, pp. 73-74)
Pour le second anniversaire de la déclaration de guerre de la France libre au Japon, le Comité d’Alger proclame son intention de restaurer les droits de la France en Indochine à la fin de la guerre. Pour prévenir toute critique des États-Unis, il est précisé que « la France entend donner un nouveau statut à l’Indochine à l’intérieur de la communauté française » (voir son prolongement dans la déclaration de De Gaulle du 24 mars 1945) (Franchini 1, 1988, p. 174 ; Isoart, 1982, p. 194).
De Gaulle prononce donc une déclaration à Brazzaville sur l’Indochine (à ne pas confondre avec son discours d’ouverture de la conférence de Brazzaville du 30 janvier 1944 ; Brazzaville en Afrique-Équatoriale française est, à cette époque, la capitale de la France libre depuis 1940). Il affirme alors la détermination de la France à lutter pour la libération de l’Indochine et déclare aux souverains et populations demeurées « fidèles et loyales » : « […] la France entend donner au sein de la communauté française, un statut politique nouveau, où, dans le cadre de l’organisation fédérale, les libertés des divers pays de l’Union seront étendues et consacrées ; où le caractère libéral des institutions sera, sans perdre la marque de la civilisation et des traditions indochinoises, accentué ; où les Indochinois, enfin auront accès à tous les emplois et fonctions de l’État. » (cité in D’Argenlieu, 1985, p. 411) Il ajoute : « Au demeurant, il appartient à la nation française et il n’appartient qu’à elle de procéder le moment venu aux réformes impériales de structure qu’elle décidera dans sa souveraineté. » (cité in Turpin, 2005, p. 76) Dans l’esprit du chef de la France libre, la décolonisation n’est donc pas à l’ordre du jour, ni même l’idée d’une forme de self government en Indochine.
12 décembre 43 : Hanoi subit un bombardement américain qui provoque 492 morts (Zeller, 2021, p. 46).
24 décembre 43 : Sur Radio Alger, René Pleven (commissaire aux Colonies) déclare : « Est-il possible, est-il même concevable que la France estimant sa mission terminée en Indochine remette le sort des peuples de la péninsule aux mains des autochtones ? Cette éventualité ne peut être envisagée car elle est irréalisable. La France a assumé en Indochine une triple mission qui n’est pas achevée. Elle doit aider chaque État à parcourir son destin, garantir la vie de la Fédération qui sans elle disparaîtrait, prendre le souci de ses propres nationaux. Or une telle tâche n’a pas de fin. Par l’effet de l’œuvre accomplie, les Français ont autant de titres que les indigènes à rester en Indochine. » (cité in Turpin, 2005, p. 74).
Fin 1943 : Churchill ne fait aucune opposition pour accueillir à Ceylan chez Mountbatten l’avant-garde du Corps expéditionnaire d’intervention (C.L.I.) qui sera épaulée par la Force aérienne 136, basée également à Ceylan, et créée pour participer à des opérations conjointes. C’est elle qui aidera la brigade Alessandri au moment de son repli après le coup de force japonais du 9 mars 1945. De Gaulle, de par son habituelle intransigeance, sera assez peu reconnaissant à l’égard du premier ministre britannique (De Folin, 1993, p. 74-75).