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par Jean-François Jagielski

Décembre 1941

Décembre 41 : Les Chinois autorisent à la fois l’installation d’une Mission militaire française en Chine (M.M.F.) et d’un service de renseignements de la France libre, le Bureau de statistiques militaire (B.S.M.) qui n’est rien d’autre qu’un nom de couverture pour une officine de résistance à l’occupation japonaise installée clandestinement à Hanoi. Mais ils les considéreront toujours comme des seconds couteaux du renseignement. La rivalité à venir entre les Gaullistes et les Giraudistes n’arrangeant rien (voir mi-août 1943). Les Américains, huit mois plus tard, seront du même avis estimant que la M.M.F. gaulliste « n’a fait aucun travail et qu’il serait nécessaire d’infuser dans les organisations françaises un sang nouveau. » (Toinet, 1998, p. 52)

Début de la guerre du Pacifique entre Japonais, Britanniques et Américains qui entrent dans le conflit mondial suite à l’attaque de Pearl-Harbour. Les Japonais ne laissent alors et pour l’instant qu’une division et une brigade mixte en Indochine (Pedroncini, 1992, p. 38).

De Gaulle écrit : « En ce qui concerne l’Indochine, nous devons d’abord agir sur le moral de manière à y développer l’esprit de résistance et d’espérance. Cela doit se faire à partir de Singapour et à partir de Chunking. » (cité in Isoart, 1982, p. 9) A Singapour, De Gaulle peut s’appuyer sur François De Langlade, rallié à la France libre dès le 19 juin 1940 et qui a débuté des missions de renseignement depuis l’été. A Chunking se trouve le professeur Jean Escara qui est chargé de restaurer le prestige de la France en Indochine. Mais les deux hommes sont assez isolés car, à cette époque, l’Indochine n’est pas une priorité pour De Gaulle qui n’est qu’une composante de la Résistance devant faire face au Giraudisme. Dans ses mémoires, le Général qualifie alors l’Indochine de « grand navire désemparé ».


7 décembre 41 : Attaque japonaise de Pearl-Harbour. Début de la guerre du Pacifique.

Alors qu’elle se produit, les Japonais encerclent les garnisons françaises. Decoux ne peut que céder. L’Indochine est par la suite complètement coupée de la métropole et du reste du monde. Elle vivra pendant 4 ans en complète autarcie.

Les forces de la France libre déclarent la guerre au Japon.

Roosevelt adresse à Pétain une lettre dans laquelle il affirme que la conservation par la France de ses colonies était « essentielle […] aux intérêts vitaux des États-Unis ». Il ajoute toutefois une phrase restrictive : l’Empire doit demeurer « purement français » (Isoart, 1982, p. 188).


Nuit du 7 au 8 décembre 41 : Les Japonais s’emparent du consulat américain à Hanoi (Zeller, 2021, p. 38)


8 décembre 41 : Déclaration de De Gaulle : « La France a déclaré la guerre au Japon et libérera par le combat tous les territoires de l’Indochine. » (cité in De Folin, 1993, p. 34).

Les Japonais exigent de Decoux un engagement de neutralité. Ce dernier a beau protester et réaffirmer la neutralité de l’Indochine à l’égard des Alliés, il doit plier (Toinet, 1998, p. 47 ; Valette, 1993, p. 135-136). Decoux, dans un entretien avec l’ambassadeur japonais à Hanoi en poste depuis septembre, Kentichi Yoshizava, doit se contenter de réaffirmer que la France « est liée avec le Japon par des accords amicaux, mais [qu’] elle n’est pas en guerre avec l’Angleterre, les États-Unis, ni les Indes néerlandaises. » (Valette, 1993, p. 137). Decoux est alors contraint à signer un accord qui confie de facto la défense de l’Indochine du Sud aux Japonais (Zeller, 2021, p. 38).


9 décembre 41 : Le capitaine de Vaisseau Thierry D’Argenlieu qui occupe depuis juillet le poste de haut-commissaire dans la Pacifique est nommé « à titre fictif pour la durée de sa mission » au grade de contre-amiral (Isoart, 1982, p. 8, note 20).


10 décembre 41 : Des bombardiers-torpilleurs japonais décollent de Saigon pour aller attaquer un cuirassier et un croiseur britanniques au nord de Singapour. Le sud de l’Indochine sert de plus en plus de « porte-avions » japonais dans la guerre du Pacifique (Zeller, 2021, p. 45).


19 décembre 41 : Decoux est nommé par le gouvernement de Vichy haut-commissaire de la France dans le Pacifique (Isoart, 1982, pp. 21-22).


24 décembre 41 – 14 janvier 42 : Conférence Arcadia à Washington. Les Britanniques (Churchill) et les Américains (Roosevelt) décident de combiner leurs efforts pour abattre l’Allemagne et le Japon en créant un état-major combiné, le Combined Chiefs of Staff (C.C.S.) qui regroupent les chefs des forces terrestres, maritimes et aériennes des deux pays (Pedroncini, 1992, p. 29)


29 décembre 41 : Tchang Kaï Check est reconnu commandant suprême allié du théâtre chinois (Chine, Siam et parties éventuelles de l’Indochine qui pourraient être reconquises par les Alliés contre les Japonais). Il sera assisté par un état-major dépendant du J.C.S. américain (voir mars 1942) dont le Q.G. s’installe à Chungking et est dirigé par le général  J.W. Stiwell qui en est le chef et qui devient en même temps le chef d’état-major du généralissime chinois (Pedroncini, 1992, p. 30).

Au Cambodge, Jean de Lens est nommé Résident supérieur par intérim.


Fin 41 : Installation à  Chungking de la Mission militaire française (M.M.F.) gaulliste établie par Jean Escarra, émissaire personnel de De Gaulle, qui a su s’imposer face à des Chinois plus que réservés (Zeller, 2021, p. 48).

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