Bao Daï : Empereur. Succède à son père le 8 janvier 1926 et prend le nom de Bao Daï (« gardien de la Grandeur ») à l’âge de 13 ans. Il sera mis sous tutelle d’un régent favorable aux Français jusqu’à ses 19 ans. Il fait ses études à Paris au lycée Condorcet, au lycée Lakanal puis l'École libre des sciences politiques. Il est toutefois peu motivé à jouer le rôle qu’on attend de lui au Vietnam et n’y revient qu'en septembre 1932, pressé par le gouvernement français. Durant son règne, il fait figure de réformateur qui supprime certaines parties d’un protocole jugé désuet (prosternations traditionnelles, suppression du gynécée, réforme du corps mandarinal très impopulaire). Il manifeste également une forme d’attachement à son peuple. Mais il préfère aussi s’adonner plutôt à ses passions pour la chasse et les sports qu’à ses fonctions impériales.
Après le coup de force des Japonais du 9 mars 1945 et sous leur pression, il proclame le 14 le rattachement de la Cochinchine (colonie française) à son royaume. Or dès le 15, le Japon capitule. En août, le VM lance sa révolution. Le 25, Bao Daï est contraint d’abdiquer en faveur du gouvernement provisoire d’une république dont le président est HCM. L’ex-empereur devient alors le simple citoyen Vinh Thuy qui accepte le rôle bien théorique de conseiller suprême du gouvernement.
Avec le retour des Français en Indochine et leur guerre contre le VM, on voit progressivement se dessiner dès 1947 ce qu’on appellera « la solution Bao Daï », la mise en place d’une monarchie constitutionnelle dans laquelle l’ex-empereur doit jouer le rôle de chef d’État mais aussi de chef militaire à partir de 1949, après un long exil durant lequel il s’est fait attendre et désirer. Or les relations entre les Français et Bao Daï demeureront particulièrement difficiles car celui-ci n’entend pas jouer le rôle de « marionnette des Français » qu’on lui prête. Il est un véritable nationaliste qui a des exigences d’indépendance pour son pays. Et il n’entend jouer son rôle de chef d’État que lorsque les Français lui auront accordé ce qu’il demande, à leur grand dam. Ses relations avec les différents hauts-commissaires (D’Argenlieu, Bollaert, Pignon, De Lattre, Letourneau) demeureront toujours orageuses. L’entrée dans la Guerre froide n’y changera rien. Ses gouvernements, muselés par les Français et honnis par le VM, demeureront aussi impopulaires qu’inefficaces. Bao Daï traîne durant toute la période de son action politique une réputation de chef d’État dilettante, trop souvent absent des affaires voire corrompu.
Après la défaite de Dien Bien Phu et les accords de Genève de 1954, son pouvoir est directement menacé par son premier ministre Ngo Dinh Diem qui le destitue en octobre 1955. Il repart en France pour un long exil dont il ne reviendra jamais.