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par Jean-François Jagielski

Avril 1964

Avril 64 : Le général Khanh réclame une offensive contre le N-V et des bombardements. Il entend pratiquer la même stratégie secrète que le Vietcong, mais vers le Nord.

Depuis 1962, la diplomatie française a pris progressivement ses distances à l’égard de l’O.T.A.S.E. De sérieuses divergences apparaissent entre la France et les U.S.A. lors du 10e sommet des ministres de Manille. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères français, estime que toute solution politique (et donc militaire) est vouée à l’échec au S-V faute d’un soutien de la population au régime. Il en revient donc à la solution neutraliste gaullienne. Répondant à Rusk, il affirme : « J’ajoute qu’en France, personne ne comprendrait que nous soutenions une politique de guerre, qu’en quelque sorte nous recommencions ce que nous avons fait, au cours des sept années de lutte que nous avons menée avec notre propre armée. » La France ne se joint pas à la déclaration finale du sommet (Journoud, 2011, pp. 230-232). Les divergences avec les Américains n’iront par la suite qu’en empirant (voir 23 avril 1965).


4 avril 64 : Khanh revoit Tran Van Don et le général Kim qui résidaient depuis peu au domicile de Don à Saigon depuis leur retour de résidence surveillée. Prétextant un défaut de sécurité, Khanh les fait retransférer à Dalat dans l’ex-palais de Diem. Déception des intéressés qui ne sont toujours pas blanchis par le pouvoir en place (Tran Van Don, 1985, p. 194).

Lors de l’attaque aérienne du pont de Than Hoa (Centre Vietnam), les Américains perdent deux avions détruits par 4 avions de la chasse n-v qui interviennent pour la première fois (Francini 2, 1988, p. 303).


8 avril 64 : Le VC attaque un camp d'entraînement de l'A.R.V.N. situé à Phuoc Loi à 24 km au sud de Saigon, tuant 26 soldats s-v et deux civils.


17 avril 64 : L’état-major de l’amiral Felt (commandant le C.I.N.P.A.C.) calcule le nombre d’appareils et le tonnage de bombes nécessaires pour chaque raid sur le N-V. Un plan nommé « 32–34 » évalue les réactions possibles de la Chine et du N-V. On estime à 12 jours de bombardement la destruction des infrastructures (ponts, dépôts de carburant) en utilisant toutes les forces aériennes du C.I.N.P.A.C. (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 277).


19 avril 64 : Au Laos, un putsch militaire fait tomber le gouvernement d’union nationale. C’est la rupture entre le Pathet Lao communiste et le Front patriotique de Phoumi Nosavan soutenu par les Américains. Souvanna Phouma qui joue la carte neutraliste forme un nouveau gouvernement dans un pays complètement déchiré (Francini 2, 1988, p. 276).


24 avril 64 : Le sénateur Morse, opposé à l’engagement des États-Unis dans le conflit, attaque la politique de McN au Vietnam en la qualifiant de « McNamara War’s ». McN lui répond en déclarant dans une conférence de presse : « J'ai une haute estime pour le sénateur Morse, mais pas à cet égard. C'est une guerre du gouvernement des États-Unis. Je suis la politique du président et évidemment en étroite coopération avec le secrétaire d'État. Je dois dire que je ne m'oppose pas à ce qu'on l'appelle « guerre de McNamara ». Je pense que c'est une guerre très importante et je suis heureux de m'y identifier et de faire tout ce que je peux pour la gagner. » (New York Times du 25 avril 1964, p. 2 ; Baulon, 2009, p. 425)

Jean-Philippe Baulon, citant en bibliographie de son article nombre des ouvrages que nous avons consultés ici, remet en cause l’idée d’une « MacNamara war’s » : « Ces ouvrages montrent qu’il n’y eut pas une seule stratégie de McNamara au Vietnam, mais plusieurs. Le secrétaire à la Défense s’engagea avec énergie dans leur mise en œuvre mais sans toujours participer de manière déterminante à leur conception. Il joua néanmoins un rôle de manière constante : il s’obstina à développer une approche rationnelle de la guerre, à dissiper le « brouillard » qui l’entourait afin d’éviter une remontée aux extrêmes sans toutefois renoncer à agir. La succession des stratégies retenues témoignait, en fait, des hésitations et des revirements d’un dirigeant décontenancé face à un conflit qui échappait à ses tentatives de rationalisation. McNamara mena donc trois guerres au Vietnam : il mit en œuvre la contre-insurrection (1961-1963), puis tenta de maîtriser l’escalade (1964-1965), avant de chercher des alternatives (1966-1968). » (Baulon, 2009, p. 427)


25 avril 64 : Le général Westmoreland est nommé à la tête du M.A.C.V. en remplacement du général Harkins.


30 avril 64 : En accord avec Lodge, Rusk rencontre le représentant canadien de la C.I.C., Blair Seaborn, pour lui soumettre des propositions économiques que celui-ci sera chargé de soumettre au premier ministre Pham Van Dong lors de son prochain voyage à Hanoi (voir 18 juin et 2 août).

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