Dernière modification le il y a une semaine
par Jean-François Jagielski

Août 1970

Août 70 : Élections au S-V pour la Chambre haute de l’Assemblée nationale. Seize programmes politiques sont représentés. Les Bouddhistes l’emportent.

Le chef d’antenne de la C.I.A. fait un compte-rendu de la situation politique au Cambodge. Il constate l’incapacité du gouvernement à communiquer avec la population et estime qu’« on peut à plusieurs titres, se montrer pessimiste ». Lon Lol et son entourage sont perçus comme nettement insuffisants pour redresser la situation (Shawcross, 1979, pp. 182-183).


Août 70 – février 71 : Au Cambodge, les forces de Lon Lol lancent l’opération Chenla 1. Elle vise à reconquérir le contrôle de la route 6 reliant Phnom Penh à Kompong Thom et la route 7 allant de Skoun à Kompong Cham. Les deux villes sont situées sur la ligne de front dans des provinces contrôlées par les N-V et les KR. Ces deux provinces sont convoitées par les belligérants car possédant les meilleures terres agricoles. Après quelques succès initiaux, l’armée républicaine doit battre en retraite. Dès novembre, les communistes lancent une contre-offensive sur Kompong Cham (Coppolani, 2018, p. 72).


10 août 70 : Le F.U.N.K. annonce qu'il contrôle 50 % du territoire cambodgien.


17 août 70 : Après la condamnation à mort de son mari par contumace (voir 5 juillet), le tribunal militaire de Phnom Penh condamne à son tour Monique Sihanouk à la prison à vie pour trahison.


20 août 70 : Laird (Défense) signale à Kissinger : « Nous continuons à être étroitement muselés par le budget, de sorte que le général Adams, notre haut commandement dans le Pacifique et les chefs d’État-major recommandent de prévoir le rapatriement de 90 000 hommes avant la fin de 1970 et des 60 000 hommes restants pour le 1er mai 1971. »

La note sera transmise par Kissinger à Nixon le 27 août et fera ressortir ses « graves implications ». Ce redéploiement à la baisse des forces américaines est soutenu par Laird mais compromet, selon Kissinger, les bénéfices de l’opération au Cambodge : le maintien de l’ouverture des voies de communication au Sud et le risque d’une reconstitution des « sanctuaires » (Kissinger 2, 1979, p. 1 040). Les dissensions se creusent encore plus entre Laird d’un côté, Nixon et Kissinger de l’autre.

Nouveau remaniement du G.R.U.N.K. toujours au profit des communistes (Jennar, 1995, p. 169).


26 août 70 : Après l’amendement Church-Cooper du 30 juin, dépôt au Sénat de l’amendement McGovern-Hatfield qui exige le retrait des forces américaines pour le 31 décembre 1971. Cet amendement est notamment soutenu par le sénateur démocrate McGovern qui avait été le principal opposant à Nixon lors des présidentielles. Ces sénateurs sont soutenus par une partie de la presse, notamment le Washington Post (Kissinger 2, 1979, p. 1 025).

Un groupe bipartite de 14 sénateurs, mélange de « faucons » et « colombes »,  fait parvenir une lettre à Nixon pour encourager au niveau des négociations parisiennes la proclamation d’un « cessez-le-feu sur place [donc sans retrait ni regroupement des forces adverses], dans tout le Vietnam, sous un contrôle international. » Ce « contrôle » devrait prendre la forme d’une nouvelle conférence visant à rétablir la paix au Vietnam. L’idée fait son chemin, 16 autres sénateurs rejoindront les 14 premiers le 18 septembre. Même Thieu se range à cet avis, sachant qu’on le considère aux U.S.A. comme un sérieux obstacle à la paix. Il le fait à la manière d’un « pari acceptable », convaincu que les N-V le rejetteront (Kissinger 2, 1979, pp. 1 028-1 029).


28 août 70 : Brève visite à Phnom Penh du vice-président des États-Unis, Spiro Agnew. La solidarité entre le Cambodge et les U.S.A. est réaffirmée à cette occasion  (Sihanouk, 1979, p. 255).

💬 Commentaires

Chargement en cours...