Août 68 : Sondage analysant l’évolution de l’opinion publique américaine envers le conflit au Vietnam : pour 35 %, contre 53 %, sans opinion 12 % (Nouilhat in collectif, 1992, p. 60).
A Paris, Harriman commence à ébaucher le changement radical de la position américaine (voir 19 juillet) concernant le règlement politique de la question s-v : « Je ne peux m’empêcher de penser qu’à une certaine phase des pourparlers se développera l’aspect politique qui servira de base à un règlement. » Dans une interview donnée à une chaîne de télévision australienne, il déclare que « les États-Unis ne s’opposeraient ni à un Vietnam neutre ni à la réunification des deux Vietnam si c’est le choix des populations du Nord-Vietnam et du Sud-Vietnam. » On est là aux antipodes de la position de LBJ défendue jusqu’ici et condamnant toute idée de « neutralisation » (voir 20 mars 1964) (Nguyen Phu Duc, 1996, p. 199).
1er août 68 : En France, des mesures d’expulsion sont prononcées contre le journaliste américain Coryell et les 2 déserteurs, Stephan Krauss et Warren Hamerman qui s’étaient compromis avec les étudiants français lors des événements de Mai 68. Hamerman ayant rejoint Baltimore fera publier dans Le Monde et la revue Esprit une lettre d’indignation sur les « tracasseries croissantes » subies : « Il nous est aussitôt apparu clairement qu’alors que le gouvernement nous acceptait et déclarait sa sympathie à notre cause, il n’avait aucune intention d’honorer ses engagements et refusait de reconnaître notre droit à protester contre la politique impérialiste du gouvernement américain dans le Sud-Est asiatique. » (cité in Journoud, 2016, p. 76 ; Le Monde du 12 septembre 1968).
5 - 8 août 68 : La Convention nationale républicaine se tient à Miami Beach (Floride). Richard Nixon et Spiro T. Agnew sont désignés comme candidats du parti républicain à l'élection présidentielle. Nixon s'engage à « mettre un terme honorable à la guerre au Vietnam » et à restaurer « la force de l'Amérique afin que nous puissions toujours négocier par la force et jamais par la faiblesse ».
11 août 68 : Marie-Joséphine Leibowtiz (voir 7 avril 1967) écrit en tant que membre du P.A.C.S. (voir juin 1966) au journal Le Monde pour solliciter des familles françaises à soutenir matériellement les déserteurs de l’armée américaine (Journoud, 2016, p. 70 ; Le Monde du 11 août 1968).
17 août 68 : Un rapport du département de la Défense indique que depuis février 1965 l’aviation américaine a effectué 117 000 missions et déversé 2 581 876 tonnes de bombes sur le N-V. Pour autant, du fait des trêves voulues par Johnson et de l’intransigeance des N-V sur l’arrêt des bombardements, les infiltrations se poursuivent inexorablement (Burns Siger, 1992, p. 79).
19 août 68 : Cyrus Vance (négociateur américain à la conférence de Paris) propose que Saigon soit tenu au courant et associé aux négociations secrètes. Son homologue n-v, Ha Van Lau, ne rejette pas cette proposition mais demande à pouvoir consulter Hanoi sur la question (Portes, 2016, p. 31). La demande de Vance demeurera un vœu pieu.
Johnson participe à la convention annuelle des Anciens Combattants des Guerres d’Outre-mer à Détroit (Michigan). Il y aborde la question du Vietnam en dénonçant le manque de réciprocité dont font preuve les N-V dans les négociations parisiennes : « […] La règle la plus fondamentale des accords humains est qu’il faut être deux pour remplir un marché ou un traité de paix. Nous avons fait une proposition raisonnable, nous avons fait un premier pas important. Cette offre n’a pas été acceptée. Notre gouvernement n’a pas l’intention d’aller plus loin tant qu’il n’aura pas de bonnes raisons de croire que de l’autre côté entend se joindre sérieusement à nous pour réaliser une désescalade et avancer vers une paix positive […] » (Johnson, 1972, p. 616)
En France, le P.A.C.S. (voir juin 1966) est dissous par arrêté ministériel. Il renaîtra en 1969 sous la forme d’un Comité de langue anglaise rattaché au Mouvement pour le désarmement, la paix et la liberté (Journoud, 2016, p. 76).
26 août 68 : Ouverture de la convention démocrate à Chicago (Illinois) dans une ambiance chaotique. La désignation du candidat mobilise de nombreux opposants à la guerre et inquiète les autorités fédérales et municipales. Elle devient rapidement un événement moins politique que médiatique. Les protestataires du Youth International Party entourent les locaux et font une véritable démonstration de contre-culture visant à discréditer l’appareil politique classique (Portes, 2008, p. 213-214). Au final, le vice-président Humphrey est désigné comme candidat démocrate.