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par Jean-François Jagielski

Août 1965

Août 65 : Sondage analysant l’évolution de l’opinion publique américaine envers le conflit au Vietnam : pour 61 %, contre 24 %, sans opinion 15 % (Nouilhat in collectif, 1992, p. 60).

3 août 65 : La chaîne de télévision américaine C.B.S. tourne un reportage sur des hommes du 1er Bataillon du 9e Régiment de Marines, incendiant avec leurs Zippo ou lance-flammes les huttes du village de Cam Ne, à 10 km à l'ouest de Da Nang. Ils interviennent malgré un rapport qui leur a signalé que le Vietcong avait depuis longtemps quitté le village. Ce dernier a assurément été tenu par le VC : il est piégé, on y a retrouvé des caches d’armes et des unités américaines y ont essuyé des tirs (Mantoux, 2012, pp. 6-7). Mais la violence gratuite de ces images font le tour du monde et suscitent une vive indignation de l'opinion publique tant américaine qu’internationale.

5 août 65 : Le Vietcong attaque les dépôts Esso situés près de Da Nang, détruisant 9 millions de litres d'essence, soit 40 % du stock américain sur place.

La chaîne américaine C.B.S. diffuse un sujet de Morley Safer montrant des Marines qui embrasent un village dans lequel se lamentent de vieilles femmes et des enfants dans le cadre d’un « Zippo raid » dans le hameau de Cam Ne (analyse du contexte in Mantoux, 2012, p. 1-10). Le document a été visionné par Fred Friendly, le président ce C.B.S. News et Walter Cronkite, son présentateur vedette.

Friendly demande à Safer si les faits sont avérés. Anxieux de la réaction des autorités gouvernementales, il en réfère au président de la chaîne Franck Stanton et à Arthur Sylvester, le chargé de relations avec le Pentagone. C.B.S. décide cependant de la diffusion du reportage. L’image du Marine enflammant le toit d’une hutte sera reprise par la presse mondiale. Le public américain est choqué par de telles images mais également par les commentaires des Marines qui participent à l’action et estiment faire du bon travail.

Le lendemain de la diffusion, le président de la chaîne est violemment pris à partie au téléphone par LBJ : « Êtes-vous en train de me baiser ? Franck, je suis votre président et, hier soir, vos gars ont chié sur le drapeau américain. » (cité in Portes, 2007, p 216) LBJ fera enquêter par le F.B.I. sur Safer pour le discréditer mais cette tentative n’aboutira à rien.

7 août 65 : Le gouvernement chinois menace d'intervenir directement au Vietnam si ses frontières sont menacées.

8 août 65 : Des chasseurs-bombardiers américains lancent un raid important sur des positions du Vietcong au Sud-Vietnam.

12 août 65 : Le président Johnson explique que les États-Unis ne continueraient pas à se battre « si leur appui et leur aide n'était pas souhaités et réclamés ». Pure rhétorique à ce stade de l’engagement américain.

18 - 23 août 65 : Les Marines déclenchent l'opération Starlite au nord de Quang Ngai, sur la presqu’île de Batangan où se trouve une base du F.N.L. D’importants moyens sont déployés : artillerie, aviation (napalm), hélicoptères et véhicules amphibies. Il s’agit de la première opération terrestre d'envergure de la guerre durant laquelle pas moins de 6 000 marines sont engagés.

Avec l'appui aérien et naval, ils viennent à bout d'un bastion vietcong non loin de Van Tuong : le 1er Régiment vietcong, qui menaçait un terrain d’aviation que les Marines avait implanté au bord de la plage, est anéanti (614 morts). Les Américains perdent de leur côté 200 hommes (Sheehan, 1990, pp. 637-638). C’est le genre d’opération qui va se répéter par la suite à l’infini : des moyens américains surpuissants mais, au final, rien de décisif car l’ennemi parvient toujours à se dérober.


25 août  65 : L’ambassadeur à Saigon Henry Cabot Lodge présente ses lettres d’accréditation et demeurera en poste jusqu’au 25 avril 1967.


29 août 65 : De Gaulle évoque un Vietnam libéré de toute ingérence étrangère et neutre par rapport aux grandes puissances (Portes, 2007, p. 237). C’est le début de ce que l’on va nommer par la suite le « neutralisme », une position condamnée par les Américains (voir 20 mars 64).

31 août 65 : Aux États-Unis, aux termes d'une nouvelle loi, la destruction ou la détérioration d'un ordre d'incorporation constitue désormais un délit pouvant entraîner une peine de prison de 5 ans et une amende de 10 000 dollars. Durant toute la durée de la guerre, on recensera environ 5 000 destructions ou renvois publics de livrets militaires (Granjon in collectif, 1992, p. 47).

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